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Exposition de photos d’élèves dans un collège d’une ZEP d’Aubervilliers

25 octobre 2006

Extrait de « L’Humanité » du 24.10.06 : Un gars, une fille, une image...par les collégiens d’Aubervilliers

Exposition. Une galerie de portraits réalisés par les élèves du collège Rosa-Luxemburg raconte leur rapport à l’autre .

Chaque jour, l’Humanité publie une de ces photos (voir page 14).

L’idée était de mixer les genres, le résultat révèle un mélange bien plus vaste. L’an dernier, des élèves du collège Rosa-Luxemburg d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, se sont prêtés au jeu que leur proposait Anthony Rougier, prof d’histoire et d’éducation civique. Techniquement, les règles n’étaient pas compliquées : poser, sous l’oeil d’un photographe, avec une personne du sexe opposé et expliquer, en quelques lignes, ce qui plait chez cet autre.

Intimement, le principe était plus délicat, quand il implique de livrer une part de soi, à un âge où la pudeur n’a d’égal que le zèle parfois tonitruant avec lequel on tâche de masquer ses émotions. Mais « l’image est un jeu de miroirs qui permet de dire beaucoup de choses », estime Anthony Rougier. Alors, en mai 2006, avec ses 4èmes et 3èmes, il se lance dans l’aventure. Deux jours consacrés aux prises de vues, quatre semaines aux textes (travaillés avec un prof de français), aux tirages et aux retouches.
« On a choisi le format carré parce que c’est une figure que l’on retrouve dans l’architecture du collège », explique Andréa Florentino, graphiste, complice de l’affaire. Quant aux couleurs de fond - rouge, noir, jaune, blanc - « elles symbolisent toutes les couleurs de peau ». De façon évidente, l’expo s’appellera « Mixités ».

Nicolas Rougier, frère d’Anthony et photographe professionnel, se colle à la réalisation. La ville est mise à contribution pour financer le matériel.

Le vernissage s’est fait en juin. Aujourd’hui encore, les quarante tirages grands formats et les textes qui les accompagnent sont visibles dans le hall du collège (1). Où les ados se racontent avec sincérité. La liberté de choisir leur partenaire était entière. Apparaissent ainsi meilleurs copains et bonnes copines. Quelques amoureux, admis ou présumés. Des profs et des éducateurs. Et la famille, surtout. Cousins-cousines, frères et soeurs, grands-pères et mères. « On voulait travailler sur le rapport filles-garçons, mais c’est toute la mixité qui a déboulé en avalanche », constate Anthony Rougier.

Toutes les couleurs, tous les visages, des jeunes, des vieux, intimes ou figures admirées. Avec, revendiquée, l’envie de dire ce qui ne se dit pas d’habitude, même dans l’intimité. L’amour, le respect, l’admiration ou la reconnaissance. Le besoin de l’autre, aussi, et tant pis si cela nous accroche à cette part d’enfance que l’on est pressé de quitter. Les images brisent celles dont on affuble souvent le collégien de banlieue.

Ni communautarisme, ni sexisme, ni rébellion outrée vis-à-vis de la famille ou de l’école. « Ces photos concernent toute la société, explique Anthony Rougier, qui cherche de nouveaux financements pour qu’elles puissent circuler. « Elles racontent ce que sont ces gamins : des mômes bien d’ici. »

(1) Renseignements

Marie-Noëlle Bertrand

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