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Les notes de vie scolaire sont-elles néfastes en ZEP ? (réactions à la Loi de 2005)

7 décembre 2006

Extrait de « 20 minutes », le 06.12.06 : La note de vie scolaire, « une sanction du milieu socio-culturel »

Les professeurs de collège ne décolèrent pas. Dans un communiqué publié le 1er décembre sur son site la Fédération des conseils de parents d’élèves d’écoles publiques (FCPE) invite le ministre de l’Education nationale à renoncer tout bonnement à la note de vie scolaire.

Car depuis l’adoption de cette note, qui fait partie de la loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école (dite loi Fillon) du 23 avril 2005, les professeurs sont furieux. « Cette note nous semble inutile, voire contreproductive par rapport à son objectif de départ. Ce n’est pas une mesure éducative mais une sanction du milieu socio-culturel de l’élève », objecte Pascale Arine, professeur d’anglais et professeur principal d’une classe de 6è en Loire-Atlantique (44).

La note de vie scolaire, attribuée à tous les élèves de collège, est sensée apprécier son comportement selon quatre critères : l’assiduité en cours ; le respect du règlement intérieur ; la participation à la vie de l’établissement (activités) ; enfin l’obtention de l’attestation de sécurité routière et de la formation aux premiers secours. Des critères de notation peu clairs selon Frédéric Eleuche, prof d’histoire et secrétaire national à la vie scolaire du Syndicat national des lycées et collèges (snalc) : « Selon cette note, dix points sont accordés à l’assiduité et dix autres au respect du règlement intérieur. Or, il y a quatre critères d’appréciation... On note sur combien au juste ? »

Double peine ou premier pas ?

Et si la liste des griefs contre cette mesure est longue, son application pose également problème. Les consignes de notation varient en effet d’un établissement à l’autre : certains, comme en Seine Saint-Denis, demandent à leurs enseignants de mettre 20/20 à tous les élèves, d’autres préconisent des notes minimales à respecter voire refusent de donner cette note.

« Nous avons organisé une réunion plénière à ce sujet durant laquelle nous avons décidé de ne pas attribuer de note, explique Pascale Arine. Nous ne sommes pas contre les critères retenus mais sur la logique, qui s’apparent pour nous à une double peine : l’élève est puni pour une faute et sanctionné en plus par une note. Pour les trimestres à venir, le professeur principal devrait être chargé de la notation. »

Car cette note compte dans la moyenne pour l’obtention du brevet des collèges, à l’issue de la 3è. « Nous sommes là pour évaluer des connaissances, or cette note sanctionne un comportement, » fustige Frédéric Eleuche. Une opinion largement partagée par le corps professoral même si quelques voix s’élèvent pour saluer la démarche.

« Cette note est un premier pas vers une responsabilisation de l’élève, même si ce n’est pas la solution, tempère Marie-Claude Philippe, documentaliste dans un établissement classé ZEP de l’académie de Lyon. Aujourd’hui, l’autorité des adultes est bafouée : les heures de colle ne sont pas faites et l’exclusion du collège ne fait plus peur... Je crois que seule la note peut encore impressionner, même si elle ne doit pas devenir un handicap en fin d’année. »

Un équilibre difficile à trouver.

Sandrine Cochard

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Extrait de « Libération » du 06.12.06 : Tohu-bahut contre la « note de vie scolaire »

Depuis la rentrée, les professeurs sont censés évaluer le comportement des collégiens.

« Faudrait-il enlever un point pour une heure de colle, un demi-point pour l’oubli du matériel de cours, rajouter deux points si l’élève est élu délégué de sa classe ? Je sais pourquoi j’ai mis 14,5 en histoire à un élève et non 14, mais pour la note de vie scolaire, les critères ne sont vraiment pas clairs. Et puis quelle efficacité ? On sait déjà que les sanctions n’ont guère d’effet sur les perturbateurs. » Professeur d’histoire-géo au collège, Guillaume Delmas est contre la « note de vie scolaire ». Comme d’autres établissements alentours, les enseignants de son collège, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), ont décidé de la boycotter. Lors des conseils de classe, ils lisent une brève motion rappelant leur hostilité. Au principal ensuite de décider de donner ou non des notes de vie scolaire.

L’une des nouveautés de la rentrée se met en place dans la cacophonie. Officiellement tout se passe bien. « J’attends avec impatience les résultats d’un rapport de l’inspection générale début 2007 mais je peux vous dire dès à présent que les retours sont très positifs », assurait mardi le ministre de l’Education, Gilles de Robien. En réalité, cette note pose problème, notamment dans les quartiers défavorisés où l’on se refuse à instaurer ce qui ressemble à une « double peine », en sanctionnant des élèves difficiles déjà punis par des avertissements ou des heures de colle.

« Certaines équipes enseignantes sont contre et le principal pour ; d’autres sont pour et le chef d’établissement contre ; certains ont décidé de mettre la mention "non appréciée" sur le bulletin scolaire, d’autres ont opté pour des lettres (A, B, C, D, E), résume le principal-adjoint d’un collège ZEP de la banlieue parisienne. Dans les établissements sans problème, il semble que la note n’ait guère provoqué de remous. » Selon lui, il n’est pas exclu que les collèges ayant des mauvais résultats soient tentés, pour rehausser leur image, de distribuer des 20 sur 20 en « vie scolaire ».

« Mauvaise solution »

Dès le début, le projet a suscité des réserves : précipité, trop flou sur les critères de notation, davantage un affichage qu’une réforme de fond. Consulté en mars, le Conseil supérieur de l’éducation (représentant les acteurs de l’enseignement) a rendu un avis négatif. Le principal syndicat enseignant du secondaire, le Snes, ainsi que la première fédération de parents d’élèves, la FCPE, réclament son abandon. « Le ministère apporte une mauvaise solution à de vrais problèmes (absentéisme, incivilités...), alors qu’existe déjà toute une palette de sanctions disciplinaires », estiment-ils.

Brevet « dévoyé »

La contestation touche même des acteurs modérés. Ainsi, la fédération des parents d’élèves PEEP, qui réclame un bilan dans un an, se demande comment noter l’engagement civique : « L’assiduité et le respect du règlement intérieur vont de soi et ne sont pas négociables. »

La Société des agrégés est outrée que cette note compte pour le brevet, diplôme qui sanctionne des connaissances. Même reproche du syndicat de l’enseignement privé CFE-CGC, qui juge le brevet « dévoyé » et lance : « A quand la prime de bonne bouille ? » « Je ne suis ni pour ni contre, poursuit le principal adjoint, le problème est le barème. Nous avons des élèves qui s’absentent pour aider leurs parents dans des démarches : faut-il leur retirer des points ? Nous avons eu une réunion avec l’inspecteur. Il nous a dit que l’on pouvait mettre 20 sur 20. Pour le reste, il était flou. »

Les contestataires comptent sur 2007 et sur un nouveau ministre pour annuler la note de vie scolaire, entre autres initiatives incongrues de Gilles de Robien.

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