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Des partenaires des ZEP : les agents de développement local

13 décembre 2006

Extrait du site des Chambres de commerce et d’industrie, le 12.12.06 : Dialogue entre jeunes et anciens du métier

« La lettre du développement local » - Hors série - 2006 • 33

Ils ont 25 ans, 35 ou 60. Agents de développement dans le milieu rural ou urbain, ce sont tous des professionnels de terrain. Face à des jeunes diplômés débarquant dans le monde du développement local, les « anciens » au parcours d’autodidactes font figure d’espèce en voie de disparition.

Réunis le temps d’un instant, ils nous livrent leur parcours et visions du métier.

Comment êtes-vous « tombés » dans le développement local ?

Mathilde Lenain. Encore aujourd’hui, on ne peut pas dire que la profession d’agent de développement soit connue et j’ai découvert ce métier en cherchant ma voie. Après avoir été touchée par l’urbanisation de la côte atlantique, où j’ai des attaches familiales, je souhaitais associer à ma formation les domaines de la géographie et des sciences sociales. Mon Dess en développement territorial m’a ensuite permis de découvrir le terrain suite à un stage à la Région Bretagne puis au pays de Fougères, où j’ai été embauchée en CDD en tant que chargée de mission « Services ».

Samuel Gautier. Mon entrée dans le développement territorial s’est opérée de manière progressive car j’étais plutôt parti pour me lancer dans le domaine de la cartographie. Probablement en raison de l’histoire de mon territoire, les Mauges , et à la façon dont il s’est construit, j’étais également attiré par le caractère social des projets. Suite à un Dess de « Prospective », j’ai effectué sur un an deux missions de courte durée en effectuant, sous le statut de télétravailleur, des travaux de recherche et un stage au sein d’un bureau d’études. Employé en CDD en tant que chargé de mission « Démocratie de proximité » depuis deux mois à la mairie de Couëron (Bretagne), j’espère poser mes valises et découvrir mon métier au quotidien.

Vous êtes quant à vous des « anciens » du métier. Qu’estce qui vous a attiré ?

Sylvia Pena. Avec une maîtrise de langues étrangères appliquées aux affaires extérieures, j’étais loin de me destiner à une carrière d’animateur territorial. Je suis « tombée » dans le développement local par hasard, après avoir participé aux travaux de constitution du pays Pyrénées-Méditerranée. Lorsque le président m’a proposé le poste de chef de projet, j’ai tout de suite choisi de partir dans cette aventure pleine de sens et de philosophie. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir l’impression, au bout de sept ans, d’être comme Samuel à la recherche de ma mission au quotidien !

José Dhers. Un point commun ressort des différents parcours, c’est cet engagement social et personnel. Sans parler de vocation, nous avons tous ce métier dans les tripes car il nous donne le sentiment d’être utiles. Comme Sylvia et plus largement les professionnels de mon époque, je suis un autodidacte. J’ai commencé ma vie professionnelle en tant qu’électronicien chez IBM. Animateur en parallèle d’un foyer de jeunes, j’ai choisi de me lancer à temps plein dans ce domaine et œuvre maintenant depuis quarante ans dans le champ de l’aménagement du territoire et du développement social urbain. Contrairement à nos deux jeunes collègues, je me suis formé progressivement mais cela ne veut pas dire grand chose : une étude a prouvé que 80 % des actes accomplis chaque jour ne sont pas acquis en formation !

Votre première expérience confirme t-elle ce sentiment ?

M. L. Je suis assez d’accord. Même si mes études m’ont permis d’être en contact avec des professionnels et d’acquérir des méthodes de travail, cela n’a rien à voir avec ce que l’on rencontre au quotidien lorsque l’on intègre un poste. Je l’ai ressenti dès mes premiers pas dans ce métier et je pense qu’il y a encore du travail à faire de ce côté là.

S. G. Je suis également de ceux qui plaident pour que les universités reconsidèrent leurs formations pour être plus en lien avec la réalité des territoires. L’intitulé précis de mon Dess, « Chargé d’analyse spatiale et de démarche prospective », parle de lui-même : au bout d’un an, personne n’avait encore compris ce qu’était la prospective alors qu’il m’aura fallu quelques mois de stage pour intégrer cette notion !

Quel est votre avis concernant la mobilité professionnelle ?

M. P. Découvrir d’autres échelons territoriaux et zones géographiques est pour moi nécessaire. Malgré l’attachement au territoire, il y a bien un moment où l’on ressent le besoin de renouveau !

S. P. Je ne suis pas d’accord avec cette lecture car même en consacrant une carrière à un territoire, on serait loin d’avoir tout fait. Et si ma qualité de vie passe avant la nécessité d’un turn over, cela ne rend pas moins indispensable le fait d’enrichir sa méthode en collaborant avec d’autres territoires et en intégrant des réseaux de professionnels.

S.G. Je rejoins l’avis de Sylvia car la revendication de la mobilité à tout prix me fait peur. Comment préserver dans ce cas son équilibre et sa construction personnelle ?

J. D. En 35 ans de carrière, j’ai eu une quinzaine de postes dans quatre régions et ces expériences ont beaucoup enrichi ma vision du développement territorial. Mais je suis conscient de ma chance d’avoir trouvé ma qualité de vie dans mon travail !

Vous sentez-vous reconnus dans votre profession ?

S. P. C’est un métier passionnant mais pour lequel il faut toujours prouver sa légitimité. J’ai tendance à penser qu’on apporte une réelle plus-value au devenir du territoire mais les réfractaires à cette organisation territoriale fondée sur les pays semblent encore nombreux. C’est peut-être dû à notre région mais lorsque l’on s’investit autant dans un projet, ce constat est difficile à accepter ! Je serais peut-être davantage considérée en tant que vraie professionnelle si j’étais fonctionnaire et non pas contractuelle.

J. D. Que l’on travaille dans le rural ou dans l’urbain, la reconnaissance est effectivement une quête constante pour tout animateur de terrain. Une des difficultés de notre métier est liée au fait que l’on nous demande très souvent des résultats alors que l’essentiel de notre action s’attache au processus engagé, à savoir écouter, accompagner... Sur l’intérêt du statut de fonctionnaire, je me suis longtemps opposé dans ma carrière à l’intégration de nos professions dans la fonction publique car pour moi, le métier de développeur représente une mission de tiers. Celle-ci n’étant pas assez reconnue par les professionnels des collectivités territoriales, je suis finalement devenu partisan de l’internaliser. Passer le concours est peut-être l’une des seules façons de changer les mentalités en interne et de prouver ainsi sa plus-value !

M. L. Concernant la lisibilité de notre action, j’ai peu d’expérience mais il me semble que si la reconnaissance se construit au niveau des réseaux de professionnels, on est effectivement loin du compte lorsqu’il s’agit de légitimité globale. J’ai eu la chance d’effectuer ma première expérience dans une région où la dynamique des pays n’est plus à prouver mais aujourd’hui en recherche d’emploi, je sais que je ne trouverai peut-être pas le même accueil ailleurs. Pour ce qui est du concours, je compte le repasser cette année sans trop savoir pourquoi car tout ce qui me plaît ne concerne pas nécessairement des postes de la fonction publique. Cela reste une occasion d’entrevoir de nouvelles perspectives... ainsi qu’une certaine stabilité professionnelle.

S. G. Comme Mathilde, je vais retenter ma chance cette année mais sans grande conviction : mon Dess ne permettant plus désormais de prétendre au concours d’ingénieur territorial, mon poste actuel demande d’acquérir le titre de rédacteur pour qu’il soit pérennisé, ce qui risque de m’emmener sur un autre terrain d’action. Quant à la reconnaissance du métier d’animateur, je partage les propos de José Dhers lorsqu’il évoque notre mission de mise en lien. Nous permettons de créer un temps d’écoute et de recul entre les gens, qui semblent satisfaits de cet appel d’air. Ce constat représente déjà une première victoire !

Propos recueillis par Marine Jacquet

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Les personnes interrogées :

Sylvia Pena,

Chef de projet du pays Pyrénées Méditerranée depuis 1999, Sylvia Pena est titulaire d’une maîtrise de langues étrangères appliquées aux affaires extérieures et d’un master relations transfrontalières. Loin du développement local, ses premières expériences professionnelles ont été dans le tourisme en tant qu’ hôtesse d’accueil dans un hôtel 3* à Collioure puis dans l’enseignement, pendant 8 ans.

Pour la contacter

José Dhers,

Plutôt que d’employer le terme « retraite », José Dhers préfère l’expression « temps choisi » pour évoquer sa situation actuelle. Après plusieurs expériences en tant que chef de projet développement social urbain, chargé de mission en développement social puis en développement local à l’ADREHS (Association de développement des ressources humaines et sociale), il poursuit aujourd’hui sa mobilisation au sein de cette association et autres organismes traitant des questions de la participation et du lien social.

Pour le contacter

Mathilde Lenain,

Diplômée d’un Master « Aménagement et collectivités territoriales » depuis septembre 2005, Mathilde Lenain a effectué un stage de 3 mois au conseil régional Bretagne puis au pays de Fougères sur la thématique « Services ». Après avoir été embauchée en CDD de 11 mois à la suite de cette expérience, elle est désormais en recherche d’emploi.

Pour la contacter

Samuel Gautier,

Suite à son Dess « Chargé d’analyse spatiale et de démarche Prospective », Samuel Gautier a réalisé un stage au pays Loudunais traitant de la participation des habitants dans le milieu associatif avant d’effectuer, sous le statut de télétravailleur, deux missions de courte durée, l’une au sein du bureau d’études Futurouest sur le thème de la prospective et l’autre consacrée à des travaux de recherche sur l’économie résidentielle pour le comité d’expansion économique du Maine et Loire. Chargé de mission « démocratie de proximité » à la mairie de Couëron depuis août dernier, Samuel Gautier est membre de Futur Ouest Association, groupe Régional de Recherches Prospective composé de 35 membres, sur lequel s’appuie le cabinet Futurouest.

Pour le contacter

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La Direction des Politiques Territoriales de l’ACFCI publie tous les deux mois "La Lettre du Développement local".

Cette publication, envoyée à l’ensemble des CCI, se propose de clarifier les enjeux et les politiques publiques liés au développement territorial.

Elle fait le point sur les prises de positions du réseau consulaire dans ce domaine et valorise des initiatives « phares » menées par les CCI, au niveau local ou régional.

Les sujets traités relèvent de différentes thématiques, qui concernent toutes le développement des territoires :

 l’aménagement du territoire (dont l’aménagement numérique.) et l’urbanisme

 le développement durable

 les mutations économiques et la reconversion des territoires

 les politiques contractuelles

 la politiques de transport , infrastructures et équipements structurants (ports, aéroports)

 la politique de la Ville

 l’observation et la prospective territoriales

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