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Que faire des ZEP ?, l’une des nombreuses questions posées au prochain ministre par Pascal Bouchard (ex-enseignant en ZEP et directeur de la rédaction de l’AEF) dans "Ecole cherche ministre"

23 janvier 2007

Extraits de « L’Expresso » du 23.01.07 : Ecole cherche ministre

"Votre mission est impossible". C’est ainsi que Pascal Bouchard ouvre ce petit livre qui interpelle en ces termes le futur ministre de l’éducation. Et Pascal Bouchard sait ce qu’il dit. La première qualité de l’ouvrage c’est qu’il est écrit par une des personnes qui connaissent le mieux l’Ecole. Pascal Bouchard a enseigné pendant 20 ans [note de l’OZP : et longtemps en ZEP] avant de devenir le patron de la principale agence de presse spécialisée en éducation. Cette double expérience lui donne une vision unique : celle de la base et celle d’un fin connaisseur de l’institution comme en témoignent de nombreuses (et savoureuses !) anecdotes.

Vous avez compris que la seconde qualité de l’ouvrage c’est celle de l’écriture. Voilà un ouvrage que l’on prend en main et que l’on ne quitte qu’après l’avoir dévoré. Un exploit pour un ouvrage sur un sujet aussi ardu.

Toute la première partie de l’ouvrage tend à démontrer l’impuissance du futur ministre. "Vous ne comprendrez rien aux enseignants ni à votre ministère si vous ne vous convainquez pas que toute mesure est illusoire, que la classe est une "boîte noire". Pourquoi ? Parce que les décisions ministérielles sont ignorées, la chaîne hiérarchique impuissante ("on parle beaucoup d’autorité dans votre ministère quand il s’agit des relations entre le maître et ses élèves. On en parle bien peu lorsqu’il s’agit des adultes"), il y a des réticences au changement et même un courant de pensée qui invite les enseignants à résister à toute injonction de la société. Ainsi le ministre risque fort de pédaler dans le vide.

Alors pourquoi cet ouvrage ? Pascal Bouchard ne s’en tient évidemment pas là. Il nous amène à réfléchir à ce que devrait être l’Ecole en croisant deux réflexions : une sur les demandes de la société, une sur les principes sur lesquels l’Ecole devrait s’appuyer.

"Vous n’avez pas besoin d’être convaincu par les "pédagogues" de mettre fin à "l’élitisme républicain" cher à l’autre camp. Le baby boom se transforme en papy boom, les entreprises ont besoin d’embaucher plus de cadres que n’en produit le système. A tort ou à raison elles estiment qu’elles doivent diversifier leurs recrutements.. Vous êtes sommé de faire u moindre collège de la banlieue la plus lointaine une pépinière de talents". Ainsi P. Bouchard ne croit pas en "l’inflation scolaire" mais mise sur une forte demande de cadres. Du coup, pour lui, la démocratisation de l’Ecole s’impose aussi bien à un ministre de droite que de gauche ainsi que quelques principes.

Car P. Bouchard n’hésite pas à aborder le débat de fond sur les principes qui doivent fonder l’Ecole. L’Ecole est-elle une institution ? Doit-elle viser l’employabilité immédiate des élèves ou la formation à moyen terme ? Doit-elle individualiser ou fabriquer un tissu social en mêlant des jeunes de milieux différents ? Comment peut-elle s’ouvrir aux autres acteurs de l’éducation ? Comment assurer l’égalité territoriale ? Autant de questions qui sont en effet au centre de tout débat sur l’Ecole.

Cela amène P. Bouchard à finalement énoncer trois propositions et à inviter le futur ministre à les suivre. Pour remédier à la crise de l’Ecole il préconise la création d’une nouvelle hiérarchie administrative : un super établissement réunissant le premier et le second degré sur un territoire donné. A la tête de ce "bassin scolaire", un président orienterait les choix pédagogiques. Il en attend plus de cohérence entre l’école et le collège, deux mondes qui s’ignorent, et par suite un meilleur accompagnement des élèves et la constitution d’équipes enseignantes.

La deuxième réforme consiste à s’appuyer sur les conseils économiques et sociaux régionaux pour mener la réflexion sur l’Ecole. La troisième cherche à faire évoluer les carrières enseignantes en ouvrant des portes de sortie pour les enseignants fatigués.

C’est donc par la bande et surtout par le local que P. Bouchard voit le salut de l’Ecole. "Aucune réforme ne peut s’appliquer au niveau de la nation, sans des aménagements locaux. Les moyens nécessaires seront mieux répartis au niveau local que vos services ne pourront jamais le faire en appliquant une grille nationale. La question que vous devez régler en urgence n’est pas tant celle des remèdes que du cadre de leur discussion".

Cette décentralisation de l’éducation, nous voyons bien qu’elle est effectivement en marche. Puisque l’Etat manque de moyens et est incapable d’assurer le pilotage pourtant nécessaire du système éducatif, on voit les acteurs locaux intervenir chaque jour un peu plus pour régler les difficultés des établissements. Au point que Jacques Auxiette, président de la commission éducation de l’Association des régions de France, déclarait aux Rencontres nationales de l’Education, en novembre dernier, "il faut un Service Public Régional de l’Education, avec un projet éducatif portant sur des actions et des missions, sur les propres compétences de la Région, et financées par le Conseil Régional. Les CA des établissements seraient saisis de ces possibilités et liberté aux équipes pédagogiques de s’en emparer ou pas". on sait que l’éducation est décentralisée chez nombre de nos voisins au moins partiellement (les programmes sont encore souvent nationaux). Cette démarche peut redonner aux établissements le souffle qui leur manque. Soyons gré à Pascal Bouchard d’avoir orienté la réflexion vers ces questions essentielles.

Restent les interrogations. Les modifications de structure suffisent-elles à impulser des changements de mentalité ? N’est-ce pas en attendre trop ? L’Ecole n’a-t-elle pas d’abord besoin d’un consensus sur ses objectifs et ses missions ? Peut-on dire que gouvernances de gauche et de droite soient identiques pour l’Ecole ? Il semble bien que ce soit construite récemment une pensée de droite sur l’Ecole, c’est du moins ce qui nous est apparu lors de la convention de l’UMP. Enfin l’ouvrage sous-estime deux débats qui nous semblent cruciaux pour l’avenir de l’Ecole : l’inflation scolaire et les moyens. Les deux sont liés. Si l’on pense que l’Ecole fabrique trop de diplômés il est légitime de diminuer ses moyens. Si l’on pense que la France a besoin d’une économie basée sur l’innovation, alors l’investissement scolaire prend de l’importance et l’objectif de 80%, voire de 100% comme chez certains pays développés, d’une classe d’âge au bac doit être atteint.

Ces réserves faites, l’ouvrage de Pascal Bouchard est susceptible de faire évoluer le débat sur l’Ecole positivement. Il est agréable à lire. Deux qualités qui invitent à le découvrir.

Pascal Bouchard, « Ecole cherche ministre, courage exigé », Paris, ESF, 2006, 126 pages.

[NOTE DE L’OZP. Cet ouvrage ne consacre pas de chapitre à l’éducation prioritaire : on y parle cependant des ZEP à plusieurs reprises (pages 22 - 32 - 44 à 47 - 57 - 86 - 107 et 109).
Par ailleurs, les pages 93 à 101 sont de vraies propositions pour la démocratisation de l’enseignement, englobant les questions de différences entre les territoires.]

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Extraits du site de l’INRP le 23.01.07 : Ecole cherche ministre

BOUCHARD, Pascal

École cherche ministre

ESF, 2007, 128 pages, 12.9 €

Résumé de l’éditeur (sauf mention contraire)

Comment instaurer un dialogue entre l’école et la société ?
Que faire pour que les réformes futures disposent d’une vraie légitimité, qui s’inscrive dans un temps long, plus long que celui des alternances politiques ?
Quelles méthodes mettre en œuvre pour que ces réformes soient réellement appliquées ?

Telles sont les questions posées par Pascal Bouchard dans "École cherche ministre" qui paraît aujourd’hui jeudi 18 janvier 2007 chez ESF éditeur.

Parmi les réponses avancées par Pascal Bouchard, "créer un ’super établissement’ qui réunisse le premier et le second degré sur un territoire donné", "constituer des interlocuteurs en dehors du système", ou "faire évoluer, sans forcément toucher à leur statut, les carrières des enseignants".

Directeur de la rédaction de L’AEF, agrégé de lettres, docteur en sciences de l’éducation, professeur en collège et lycée pendant 18 ans, Pascal Bouchard veut dépasser les débats sur la carte scolaire, l’entrée en sixième, l’apprentissage de la lecture ou l’autorité des enseignants.

Interpellant le futur ministre, l’auteur estime que l’école ne peut pas "procéder d’elle-même" comme le voudrait le "courant républicain". Elle ne peut pas non plus être "soumise aux aléas des mouvements d’opinion ou aux exigences consuméristes des parents d’élèves". Elle a besoin de "retrouver sa place dans la société et d’une administration plus proche du terrain, plus forte".

Aujourd’hui l’école est régie "par le droit coutumier" et les réformes sont "le plus souvent de papier, chacun habillant ses pratiques anciennes de mots nouveaux".
Le problème n’est donc plus, selon lui, de concocter une nouvelle réforme pédagogique ou institutionnelle déconnectée des réalités, et dont les conséquences pratiques seraient négligeables, alors que "c’est l’administration de l’État par l’État que je vous demande de sauver", écrit Pascal Bouchard au futur (e) ministre. "Actuellement, une fois écartés les faux-semblants et les incantations, en matière d’éducation, l’État est réduit à la portion congrue. Il risque d’être bientôt réduit à rien."

Voir aussi notre lecture de l’ouvrage .
( Ouvrage paru en janvier 2007 )

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Extraits des « Ecrans de veille de l’INRP », le 23.01.07 : A l’école des ministres... de l’éducation

Il ne faut pas être grand clerc pour se douter que l’éducation ne tiendra pas une place centrale dans les prochains débats électoraux, comme il est de coutume depuis plusieurs années, malgré les déclarations sur la place théoriquement « prioritaire » de l’éducation aux yeux de tous les décideurs.

Bien que prioritaire, en effet, l’éducation est rarement abordée de façon concrète et approfondie, les candidats s’en tenant la plupart du temps à quelques prudentes généralités.

La raison de cette paradoxale discrétion ? Il suffit de lire l’ouvrage de Pascal Bouchard, « Ecole cherche ministre » pour la comprendre : réformer l’éducation est une œuvre compliquée, périlleuse et la plupart des responsables politiques savent désormais que les plus belles directives au Bulletin Officiel ont peu de chances de modifier la réalité du terrain !

Sous la forme d’une série de lettres au futur ministre de l’éducation, organisées par thèmes, l’auteur fait le point sur les questions cruciales de l’éducation aujourd’hui et conclut par une série d’amicales recommandations et de principes qui, bien qu’ils gagnent à rester discrets, pourraient orienter une action raisonnablement réformiste.
Incisif et plein d’humour, l’ouvrage du directeur de rédaction de l’Agence Education Formation va pourtant bien au-delà de l’essai de circonstances. Car si P. Bouchard dispose d’une vue imprenable sur l’actualité éducative de ces dernières années, il n’en reste pas moins un vrai pédagogue, familier des travaux de recherche en éducation et par ailleurs ancien enseignant dans le secondaire pendant 18 ans.

C’est là que réside sans doute l’attrait de son ouvrage, qui arrive, ce qui n’est pas courant, à articuler sans cesse les considérations sur la politique publique de l’éducation au plus haut niveau et la prise en compte de la réalité des pratiques et des cultures des enseignants.

Certes, P. Bouchard revient sur les querelles théologiques bien connues telles que celle qui oppose « républicains » et « pédagogues » ou « réactionnaires » et « progressistes », selon les points de vue, mais surtout il n’oublie pas en route de les relativiser en les replaçant dans le contexte de la classe et de l’école concrète.

Derrière le journaliste, on lit le militant de l’éducation soucieux de chercher les voies d’une école démocratique et de qualité, qui propose modestement des « micro réformes » dont il sait bien qu’elles changeraient en fait beaucoup, telles que la mise en place d’un établissement correspondant au bassin de formation et coiffant les écoles, collèges et lycée d’un territoire donné.

Ne reste plus qu’à trouver le ministre disposant de suffisamment de courage et de marges de manœuvre pour y réfléchir sérieusement...

Voir aussi un entretien avec Pascal Bouchard sur le site de la Maison des Enseignants.

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Extraits de « La Maison des enseignants », le 23.01.07 : École cherche ministre : entretien avec Pascal Bouchard

École cherche ministre

entretien avec Pascal Bouchard

de Pascal BOUCHARD

A l’occasion de la sortie de son ouvrage École cherche ministre , Pascal Bouchard à accepté de répondre à nos questions .

Vous publiez, sous le titre "Ecole cherche ministre", une lettre ouverte au futur ministre de l’Education nationale... Mais peut-on dire "Ministre cherche école" ? Pensez-vous que les politiques aient un projet pour l’école ?

PB : Le titulaire du poste est rarement celui qu’on attendait. Ni Fillon ni Robien n’étaient demandeurs. Et en général, ils quittent la fonction quand ils commencent à comprendre comment fonctionne le système. En attendant, ils pestent, et ils dénoncent "le corporatisme enseignant", une façon commode de désigner ce qui échappe à la logique simpliste qui préside à leurs premières décisions. Cette difficulté est aussi celle des médias.

Le "turn over" parmi les journalistes spécialisés est très important. La rubrique est souvent, pour les jeunes confrères, un passage obligé vers des secteurs plus gratifiants, comme la politique. Il est toujours difficile de "vendre" à un rédacteur en chef un sujet "éducation", la réalité ne correspond jamais aux représentations qu’ils en ont, et permet rarement de faire des titres simples et accrocheurs.

Tout le monde annonce pourtant que l’éducation sera au coeur de la campagne électorale...

PB : Comme à chaque fois. C’est un sujet qui passionne les Français. Mais dès que les ténors s’aperçoivent qu’ils ne peuvent pas faire d’annonces sans déclencher des polémiques qu’ils ne maîtrisent pas, ils reviennent à des thèmes plus classiques. Ségolène Royal a posé le problème de l’organisation du travail des professeurs de collège.

Je suppose qu’elle s’en mord les doigts. Non que le sujet soit tabou. On peut imaginer d’autres façons de prendre en compte les tâches des enseignants, mais pas au détour d’une phrase (il est vrai volée sur un débat dont on peut espérer qu’il était plus riche et intelligent que cette formule). Même problème pour la carte scolaire. Il est exact qu’elle ne rend pas les services qu’on attend d’elle. Mais peut-on la supprimer sans mettre en concurrence les établissements scolaires ? Si on les met en concurrence, c’est qu’ils ne font pas la même chose, alors que notre système éducatif est supposé être national !

Pourront-ils de plus afficher, pour plaire aux parents des "bons élèves" des valeurs de respect mutuel, de soutien aux plus faibles, de gratuité du savoir ? C’est peu probable. Ils diront que chez eux, on prépare dès la 6ème l’entrée à Polytechnique, et qu’on y donne toute leur place aux disciplines "utiles". Une société a pourtant besoin qu’on s’occupe de tous ses enfants, y compris les "nuls".

Elle aura besoin demain d’ingénieurs, d’énarques et de médecins, mais aussi de rêveurs, de musiciens et de philosophes. L’Ecole doit défendre une conception du savoir qui n’est pas celle d’une société hantée par le court terme. Ajoutons que, sur l’Ecole plus encore que sur les autres sujets, le clivage droite - gauche n’est pas très visible, à moins de savoir lire entre les lignes des programmes...A mesure qu’on s’approchera des échéances, on parlera de moins en moins de l’Ecole.

Vous êtes bien pessimiste. Un candidat peut avoir, dans son programme, un projet de réforme, et une ambition pour l’école...

PB : Celui qui n’aurait pas d’ambition afficherait qu’il n’en a pas pour l’avenir. Les adultes de demain sont sur les bancs des écoles, des collèges et des lycées. Quant aux idées géniales pour la réformer, chacun des conseillers de chacun des candidats en a tant et plus.

Mais que reste-t-il des réformes lancées depuis 20 ans ? A part la création du bac pro, je n’en vois aucune qui continue de produire des effets. Le problème n’est plus d’avoir des idées, des velléités réformatrices...

Que devra donc faire le ministre que l’Ecole aura trouvé au lendemain de la présidentielle ? Rien ?

PB. L’Ecole est au cœur de la société, elle dessine son avenir. Elle ne peut pas décider elle-même de ce qu’elle fait. Trop longtemps, son projet s’est résumé à l’addition des programmes disciplinaires rédigés par son inspection générale. Mais elle ne peut pas non plus être soumise aux aléas des alternances et des mouvements d’opinion. Son temps n’est pas celui du politique.

Et aucun aréopage, quelle que soit la sagesse de ses membres, n’a une légitimité suffisante pour tracer les contours d’une culture commune. La première tâche du futur ministre sera d’instaurer un dialogue entre l’école et la société, via peut-être le Conseil économique et social, qui est, à mon sens, la plus intéressante de nos assemblées représentatives.

Il est aussi de réorganiser son administration, qui est faible, Gilles de Robien en a fait l’expérience quand il a voulu imposer une méthode de lecture. Je propose de créer, au niveau de chaque bassin, un établissement qui rassemble les écoles primaires, les collèges et les lycées, afin que soient gérées au mieux les carrières des élèves, en particulier de ceux qui font problème, et celles des enseignants, qui doivent pouvoir choisir de rejoindre une équipe, un projet qui leur agrée, sans passer par les aléas des mutations. Il serait temps que les mots "gestion des ressources humaines" soient synonymes de davantage de liberté et d’intelligence, et non pas d’aveuglement gestionnaire.

Dans votre livre, vous posez la question de la légitimité. Jusqu’à quel point un ministre a-t-il la légitimité de prendre telle ou telle décision ? Mais quelle est votre légitimité, à vous ?

PB : Je n’en ai aucune. J’ai été enseignant de collège et de lycée pendant 18 ans. Je suis les questions d’éducation, comme journaliste amateur puis professionnel depuis 25 ans, mais seuls mes lecteurs me confèrent le droit de parler.

Etes-vous candidat à la fonction ?

PB : Oui. Mais rassurez-vous, personne ne viendra me chercher.

ESF Editeur, janvier 2007, 128 pages, # ISBN-10 : 2710118386
# ISBN-13 : 978-2710118381
12.9 Eu.

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