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Une étude dans le Nord : guère plus de violence dans les écoles primaires ZEP que dans les autres

2 février 2007

Extraits de « Libération », le 01.02.07 : Quand la violence vient des enseignants

Une étude menée dans des écoles du Nord révèle qu’ils reconnaissent en faire usage par réaction.

Deux élèves se bagarrant, brutalement séparés par leur professeur, un autre poussé sans ménagement dans un coin de la cour car il perturbait un jeu. 13 % des enseignants du premier degré se disent auteurs de violences à l’encontre de leurs élèves. Telle est l’étonnante conclusion d’une étude menée dans 31 écoles du Nord sur les violences dans le primaire vues du côté des élèves mais aussi de leurs professeurs.

Saturation.

Parmi la centaine d’enseignants qui ont rempli le questionnaire, ceux qui reconnaissent avoir commis des violences évoquent l’épuisement, l’exaspération, voire la saturation. Certains expliquent aussi qu’à la violence des enfants il leur fallait utiliser la même méthode pour maintenir l’ordre. « J’ai stoppé deux élèves qui se battaient, raconte un enseignant (1), il faut bien arrêter les petits boxeurs ou karatékas qui veulent faire la loi comme chez eux ! »

« On évoque généralement la violence symbolique des enseignants envers leurs élèves à travers le rapport dominants-dominés, explique Alix Garnier, chercheure à l’université Lille-III, mais cette étude montre qu’à l’école primaire les enseignants sont violents par l’usage de la force. » Jugeant l’enquête trop limitée, les chercheurs évitent de dresser un portrait précis de l’enseignant parfois brutal. Les hommes, expérimentés, sont plus nombreux, soulignent-ils, alors que les femmes sont deux fois plus nombreuses à se déclarer victimes.

De la même façon que les élèves ayant subi des violences en commettent, plus de deux tiers des enseignants auteurs de gestes physiques excessifs affirment en être victimes. Très rarement les élèves ¬ âgés de 6 à 12 ans ¬ sont physiquement menaçants. Le rapport cite un seul exemple. « Un élève qui ne voulait pas travailler ni changer de place m’a frappée, pincée, insultée, et menacée », confie une institutrice. Le reste du temps, il s’agit d’agressions verbales, le plus souvent émanant des parents. Ceux-ci, qui investissent de plus en plus dans l’éducation de leur enfant et mettent souvent d’immenses attentes dans l’école, contestent alors une décision de l’enseignant qui se sent mis en cause. Et voit là une nouvelle preuve que son métier est déconsidéré, ce qui le démotive davantage. « Mère d’élève mécontente au début de l’année et frustrée de l’échec de son fils en CP avec la collègue de l’an passé », note une enseignante.

Climat.

L’étude souligne encore deux faits intéressants. A la différence du collège, les écoles en zone d’éducation prioritaire ne sont guère plus violentes que les autres. Le climat au sein de l’établissement est donc déterminant. Ensuite, enseignants et élèves ont une perception différente de la violence. Quelque 31 % des premiers y classent les insultes, contre 11 % des enfants.

(1) Etude menée par une équipe de chercheurs de l’IUFM du Nord-Pas-de-Calais, le laboratoire Profeor de l’université Lille III et le Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CNRS/ministère de la Justice), sous la responsabilité de la sociologue Cécile Carra.

Véronique Soulé

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