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Des enseignants en grève dans les RAR de Marseille

15 février 2007

Extraits du site « VousNousIls », le 15.02.07 : Collèges Ambition réussite : des profs marseillais dénoncent une "arnaque"

Des enseignants de collèges "Ambition réussite" des quartiers populaires du Nord de Marseille observent depuis fin janvier des grèves à répétition contre les suppressions d’heures et de postes à la rentrée prochaine, et dénoncent l’abus que représente selon eux cette appellation.

"On s’est fait arnaquer", affirme Nathalie Arnaud, professeur d’histoire-géographie et secrétaire de la section CGT au collège Henri Barnier, un établissement à la pointe de la mobilisation.

Les professeurs de plusieurs collèges s’opposent à ce qu’ils appellent "une politique de relégation sociale". Leur intersyndicale a appelé à une journée d’action vendredi dans l’académie d’Aix-Marseille (26 collèges Ambition réussite dont 20 à Marseille).

Lancée en décembre 2005 par le ministre de l’Education Gilles de Robien dans le cadre de la refonte des Zones d’éducation prioritaire (ZEP), l’appellation Ambition réussite a permis l’octroi de moyens accrus à 249 établissements les plus en difficulté.

Mais l’annonce de dotations horaires en baisse à la rentrée prochaine, au nom d’un recul prévu des effectifs selon l’inspection académique, a ulcéré des enseignants déjà mécontents d’un manque de moyens et d’encadrement auquel ils imputent une montée de la violence dans leurs établissements.

"Lycées, collèges au karcher", indiquait une banderole brandie mardi par des enseignants grévistes devant l’inspection académique.

"Nous déplorons cette baisse d’heures qui entrave la bonne marche des projets et outils mis en place pour la réussite de vos enfants", ont écrit les enseignants du collège Arthur Rimbaud, dans un courrier aux parents d’élèves.

A Henri Barnier, 88,50 heures doivent être supprimées, presque autant que les 90 heures supplémentaires accordées l’an dernier au titre du classement "Ambition réussite".

Nathalie Arnaud avait pourtant décidé de jouer le jeu en devenant professeur-référent dans le dispositif prévu par le label : "j’avais décidé que ça valait peut-être le coup d’utiliser les moyens qu’on nous donnait".
"Aujourd’hui, les moyens disparaissent. L’argument donné c’est une baisse d’effectifs, mais c’est un argument comptable : l’enveloppe de l’Education nationale n’est pas assez importante".

Les réductions d’heures vont alourdir des classes déjà difficiles et mettre en péril des projets pédagogiques, comme le soutien aux élèves illettrés en 6e et 5e, s’inquiète-t-elle.

Au lieu des 18 élèves qu’elle a en 3e cette année, elle estime en avoir 25 l’an prochain. "Je n’ai pas envie d’en laisser la moitié sur le carreau sous prétexte que l’Education nationale veut faire des économies. Après, ils sont dans la rue et il ne faut pas s’étonner que les banlieues explosent", ajoute-t-elle.

"On nous dit qu’on va perdre 23 élèves, mais notre collège est spécialisé dans l’accueil des primo-arrivants et cette année, leur nombre a été limité à 35, les autres ont été refusés !", déplore Mounir Ouri, professeur de mathématiques au collège Edmond Rostand.

Faute d’encadrement, "les enfants ne pourront plus aller à la piscine", regrette-t-il encore. A Edmond Rostand, 80 à 90% des élèves ne savent pas nager et des cours ont été organisés cette année pour que tout le monde sache nager en fin de 5e.

"La dégradation de l’encadrement pédagogique au collège se ressent immédiatement dans les lycées, avertit Emmanuel Arvois, professeur au lycée professionnel de La Calade, d’autant que tout ce qui est encadrement éducatif hors scolaire est en pleine déshérence".

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