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Présidentielle : le PCF répond à la question « Que faire des ZEP ? »

18 avril 2007

Extrait de « L’Humanité », le 04.04.07 : « Former des citoyens libres et égaux, pas des "employables" »

Transformer le système éducatif doit se faire « dans et hors l’école », plaide le responsable communiste Bernard Calabuig.

Responsable du réseau École du PCF, Bernard Calabuig a coécrit avec José Tovar l’École en quête d’avenir.

En quoi votre projet se distingue-t-il de celui des autres formations politiques ?

Bernard Calabuig. Nous proposons, non pas de simples réformes à la marge, mais de nous attaquer à la fonction même de reproduction des inégalités sociales de l’école. Nous voulons rompre avec cette fonction pour laquelle l’école a été inventée. Après-guerre, le mouvement social a limité ce phénomène, en permettant un début de démocratisation de l’accès à l’école. Mais aujourd’hui, le libéralisme reprend le dessus et vise à casser le système public d’éducation pour adapter l’école aux besoins d’une économie libérale mondialisée. Le but de cette école n’est pas de former des citoyens libres et égaux, mais de former des gens « employables » par les entreprises.

S’attaquer aux inégalités « hors et dans l’école », comment cela se traduit-il concrètement ?

Bernard Calabuig. On ne peut parler d’école d’égalité et de réussite pour tous dans une société où plus d’un million de familles vivent en dessous du seuil de pauvreté. Mais on ne peut pas attendre de résorber les inégalités dans la société pour s’occuper du système éducatif. Nous proposons donc de mettre en place un observatoire des scolarités, qui vise, dans chaque département, à dégager des diagnostics précis pour attribuer les moyens en recherche et humains nécessaires au recul de l’échec scolaire. Nous proposons aussi un fonds d’action qui permettrait de débloquer de l’argent pour la recherche pédagogique et de lancer des mesures de gratuités.

Singularité de votre projet : vous voulez relever l’âge de la scolarité obligatoire à dix-huit ans...

Bernard Calabuig. Si on veut que l’école forme des citoyens capables de comprendre le monde dans lequel ils vivent, sa mission doit être de donner un haut niveau de culture commune. Cela passe par une scolarité obligatoire de trois à dix-huit ans. Avec un « droit opposable » pour les familles qui veulent scolariser leurs enfants dès deux ans.

Beaucoup d’élèves décrochent bien avant dix-huit ans. Comment les amener au bout de leur cursus ?

Bernard Calabuig. Chaque année, 14 % des élèves décrochent. Si l’école n’est pensée que pour travailler avec les élèves qui maîtrisent les acquis de l’apprentissage, on oublie beaucoup d’enfants. Il faut penser l’école par rapport aux fils et filles des familles les plus populaires. Cela passe par un personnel mieux formé et plus nombreux, ainsi qu’une prise en charge, par le système éducatif, de l’aide au devoir.

Comment financer ces moyens supplémentaires ?

Bernard Calabuig. Il ne peut y avoir de mesures de financement pour chaque problème. C’est une question globale : sortir des logiques du libéralisme, augmenter les salaires, assurer d’avantage de justice sociale... Cela nécessite une véritable réforme de la fiscalité. Non pas en réduisant l’impôt, mais en le diminuant pour les plus pauvres et en l’augmentant pour les plus riches. Marie-George Buffet propose ainsi d’ajouter deux tranches à l’impôt pour le rendre plus progressif. Cela implique aussi de taxer les revenus financiers, de sortir du pacte de stabilité... Aujourd’hui, l’État dépense environ 5 % de son PIB pour l’Éducation nationale. En 1993, cette part était de 7,1 % du PIB. Ce qui implique, en plus des 60 000 postes supprimés, d’en créer 150 000 autres.

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L’école en quête d’avenir a été coécrit par Bernard Calabuig, responsable du réseau École du PCF, et José Tovar, membre du même réseau et enseignant en Seine-Saint-Denis.

Les auteurs livrent ici leur diagnostic sur l’école. Refusant de donner une « recette-miracle », ils ambitionnent de « mettre en débat sur la scène politique des propositions concrêtes ».

L’École en quête d’avenir, Éditions Syllepse. 166 pages, 10 euros.

Entretien réalisé par Vincent Defait

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L’éducation prioritaire vue par 2 responsables du PCF

Extraits du site des éditions Syllepse, le 14.03.07 : L’école en quête d’avenir

« L’école en quête d’avenir », Collection : « hors collection » de Bernard Calabuig et José Tovar, responsables du « Réseau école ».

Parution : mars 2007, 150 pages

En 2005, près de 90 % des jeunes étaient scolarisés ou en apprentissage et près de 65 % d’une classe d’âge atteignait le niveau d’un baccalauréat.

Mais si le niveau de ce qui est enseigné et les taux d’accès aux lycées n’ont cessé de croître ces dernières décennies, l’école n’a pas réduit les inégalités et un nombre non négligeable de jeunes, majoritairement issus des milieux populaires, rencontrent des difficultés, parfois très importantes, dans la maîtrise de savoirs y compris élémentaires. Et les forces conservatrices s’appuient sur cette situation inquiétante pour imposer des régressions qui mettent en péril l’ensemble du système.

Oui, l’école est en panne de démocratisation. Et cette panne a des effets dramatiques, tant au niveau des individus qu’au niveau de la collectivité toute entière. Des évènements récents ont montré que l’échec, dans ces domaines décisifs, se paie comptant, et de plus en plus cher.

Récusant les anathèmes passéistes, voire politiciens, les fausses oppositions et les recettes-miracle, ce livre vise à mettre en débat sur la scène politique des propositions concrètes, susceptibles de permettre des transformations en profondeur, vers une école de l’égalité, de la justice et de la réussite scolaire de tous.

Utopie ? Pari impossible ? Pour qui a côtoyé de près, dans la rue, au printemps 2006, ces centaines de milliers de jeunes - et moins jeunes- luttant contre l’instauration du CPE, ces mots n’ont pas de sens.

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Un extrait : fiche n°7

« Que faire des ZEP ? »

"Si les ZEP n’ont pas répondu à toutes les attentes d’éradiquer l’échec scolaire, elles ont permis d’éviter un effondrement scolaire des établissements concernés (rapport 2005 de l’Inspection générale).

"Nous proposons la mise en place d’observatoires de la scolarité et d’un fonds de lutte contre les inégalités à l’école qui permettent une intervention globale dans les ZEP.

"Autour de ces observatoires, pourront se mettre en place des politiques cohérentes et de longue durée concernant tant les familles que l’institution scolaire, qui prennent en compte à la fois les questions de logement, santé, d’environnement culturel, social, les mesures à prendre pour assurer une véritable mixité scolaire en partenariat avec les collectivités territoriales qui ont la responsabilité de la carte scolaire, la mise en place d’une véritable gratuité scolaire.

"Les conseils scientifiques et pédagogiques mis en place au niveau des établissements devraient permettre l’élaboration collective des stratégies pédagogiques à mettre en œuvre à partir des évaluations établies cas par cas.

"Nous proposons que des moyens spécifiques permettent un abaissement significatif des taux d’encadrement à tous les niveaux de la scolarité, une augmentation des personnels pour permettre la multiplicité des situations éducatives, une amélioration des conditions d’accueil et d’enseignement.

"Afin de stabiliser les personnels et de favoriser la construction de projets de zones intégrant suivi, aide, évaluation, nous proposons d’engager avec les organisations représentatives des personnels et des parents une réflexion sur la prise en compte particulière des missions du service public dans ces zones : temps de travail, organisation de l’horaire obligatoire (alternance cours / petits groupes, travail individualisé...), rémunération, etc."

(La partie I, les pages 19 à 71, aborde de nombreuses fois les ZEP)

Lire le compte rendu de la rencontre OZP sur les partis politiques face à l’éducation prioritaire, rencontre à laquelle a participé José Tovar

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