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ZEP de Viry-Châtillon (91) et REP 17 de Paris : défense d’enfants et jeunes expulsables

15 mai 2007

Extrait de « Libération », le 14.05.07 : Des jeunes sans-papiers mettent leurs maux en pièce

Dans un théâtre de l’Essonne, ils ont joué leurs textes, produits en atelier d’écriture.

Samedi le théâtre de Viry-Châtillon (Essonne) jouait à guichet fermé. Au programme : un spectacle donné par onze sans-papiers, âgés de 16 à 24 ans, originaires du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, mis en scène par l’actrice Rachida Brakni. Dans la salle, l’ambiance est festive. Les militants du Réseau éducation sans frontières (RESF) ¬ qui défend les jeunes clandestins scolarisés et leurs familles ¬ de Viry-Châtillon et des alentours se pressent. D’une rangée à l’autre, on s’interpelle, on se donne des nouvelles des étrangers soutenus par le réseau. « X a fait une grosse bêtise : il est allé au commissariat sans nous, il a été arrêté », dit une spectatrice à une autre. « Oh, il a déjà été expulsé quatre fois, et il est toujours revenu », répond la seconde.

Sur scène, un jeune Noir s’avance : « Vous qui ne voulez pas de moi, c’est ce pays que j’ai choisi, et pas vous. » Les textes que lisent ces filles et ces garçons, imprimés sous le titre La Plume sans papier, sont le produit d’un atelier d’écriture organisé par le RESF. Dans leur vie de tous les jours, ces jeunes taisent souvent leur situation, par peur ou par honte. « L’atelier d’écriture et le théâtre les ont sortis de leur isolement, libérés de leur secret.

Aujourd’hui, ils vont parler de leur vie dans les écoles, les lycées, les facs », explique Nadia N’Guyen, animatrice locale du RESF. Les onze comédiens amateurs arpentent la scène, se croisant et s’entrecroisant. « Va-t’en. Va-t’en, mon angoisse. Va-t’en et emporte avec toi mon malheur. Va-t’en et laisse-moi en France. Va-t’en et ramène-moi ma régularisation », déclament-ils à tour de rôle. Perchée tout en haut de la salle, Rachida Brakni surveille sa troupe. Un soir, alors qu’elle jouait au théâtre Ténèbres , d’Henning Mankell, qui met en scène un père et une fille émigrés d’on ne sait où et cloîtrés dans un appartement suédois, ces jeunes sont venus la voir : « Ils m’ont demandé d’écrire la préface du recueil de leurs textes. » La comédienne leur propose alors de dire eux-mêmes ces textes. Elle en assurera la mise en scène. Onze répétitions, et la première, donc, samedi.

Rachida Brakni projette une tournée et un documentaire. « Très honnêtement, je ne m’étais jamais impliquée concrètement pour les sans-papiers, reconnaît-elle. C’est un sujet auquel j’étais sensible mais passivement, pas de façon aussi directe. » Sur scène, un jeune homme, sac au dos, tourne en rond : « Je m’appelle Kamel, je suis né au Maroc et j’avais une petite vie paisible. Mais il me manquait une seule chose et cette chose, c’était mon père qui travaillait en France. » Lorsqu’il a 14 ans, son père le ramène ici avec lui ; à 18 ans, il fait une demande de régularisation. Refusée. Depuis, « toujours ce stress, toujours cette angoisse, toujours cette peur qui ne me lâche jamais ». Une jeune fille s’agenouille, pose sa tête sur les genoux d’une camarade assise. Dit une lettre : « Chère maman... Le premier trimestre est passé et j’ai une bonne moyenne. Mes professeurs sont contents pour moi, mais je n’ai plus le courage d’aller à l’école car j’ai l’impression que je n’avance pas dans la vie... » La salle est plus qu’acquise. Des applaudissements, debout, saluent la performance.

Mercredi, les militants du RESF de l’Essonne iront déposer à la préfecture une cinquantaine de demandes de régularisation de jeunes majeurs scolarisés, dont celles des comédiens amateurs.

Catherine Coroller

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Extrait du site de « L’Humanité » du 11.05.07 : Écoles mortes dans le 20e arrondissement de Paris

Solidarités . Trois établissements sur quatre du groupe scolaire Olivier-Métra se mobilisent, aujourd’hui, pour défendre des enfants en danger.

Ce matin à 9 h 30, les parents de - Minamba, cinq ans, en grande section de maternelle, et d’Astou-Françoise, quatorze mois, née en France, passent devant le tribunal administratif de Paris, rue de Jouy. Abdoulaye et Hawa Doumbia demandent, en effet, l’annulation de l’obligation à quitter le territoire prise lors du refus de leur - demande de régularisation dans le cadre de la circulaire Sarkozy sur les parents d’enfants scolarisés. C’est une sorte de dernière chance pour ces Maliens. « Abdoulaye était venu chercher du travail en France, en avait trouvé, donnant toute satisfaction à son employeur jusqu’au jour où il a été arrêté, explique Anne Ledaguenel, mère d’élève à - Olivier-Métra et marraine de la famille. Il venait de faire venir sa femme et - Minamba, qui avait un peu plus d’un an, il avait un logement et commençait à - espérer construire une vie normale. Tout s’est écroulé en une journée. Il a fui l’arrêté de reconduite à la frontière en s’installant à Paris, où la police l’a retrouvé grâce à la demande de régularisation. »

Mais Abdoulaye et Hawa Doumbia ne sont pas les seuls dont le sort - inquiète les enseignants du groupe - Olivier-Métra, dans le 20e arrondissement de Paris. Au point que, dans trois des quatre écoles, ils ont décidé de se mettre en grève aujourd’hui et d’afficher « écoles mortes » aux entrées. - Depuis le 3 mai, ils attendent le verdict du tribunal administratif sur la - demande d’annulation de l’OQTF de la famille Caï, d’origine chinoise, en France depuis dix ans, détenteurs d’une carte de résidents et qui n’a plus aucune attache en Chine.

Le piège de la circulaire a aussi fonctionné pour la - famille Hé, en France depuis cinq ans où sont nés leurs deux enfants.

C’est après mûre réflexion que les enseignants des trois écoles ont décidé cette grève. « Il s’agit de tout mettre en oeuvre pour que, quoi qu’il arrive à ces familles, nous ayons mis toutes les chances de leur côté, explique Nathalie Astolfi, enseignante. Depuis plus de deux ans, avant même la création du Réseau Éducation sans frontières, nous faisons du travail au quotidien avec les enfants issus d’autres pays, avec les parents. Nous cultivons la qualité de la relation... »

Émilie Rive

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