> II- EDUCATION PRIORITAIRE (Politique. d’) : Types de documents et Pilotage > EDUC. PRIOR. TYPES DE DOCUMENTS > Educ. prior. Positions politiques > Dans le dossier du « Café » de mai : 1 milliard pour les ZEP ont été promis

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Dans le dossier du « Café » de mai : 1 milliard pour les ZEP ont été promis

16 mai 2007

Extrait du « Café pédagogique » mensuel, le 16.05.07 : Ecole devant la réaction, le changement ou la continuité ?

L’éditorial de François Jarraud

Changement ou catastrophe ? Pour l’Ecole que signifie l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République ? Il faut sans doute rappeler les promesses du candidat. Mais aussi les confronter aux dossiers qui l’attendent.

Les promesses du candidat. Au terme d’une longue campagne, le candidat N. Sarkozy est intervenu très souvent sur l’Ecole. Un point important du programme est la suppression de la carte scolaire. Une mesure qui pourrait encourager la discrimination sociale et ethnique. Mais le candidat a aussi promis de consacrer 1 milliard au soutien des ZEP en leur garantissant "des classes de 15 élèves". Il souhaite également "plus de diversité dans l’école pour que l’intelligence de chaque enfant soit reconnue". Pour lui cela signifie que "dans une même ville un établissement pourra être spécialisé dans les matières littéraires, un autre dans le sport, un troisième dans les mathématiques". Du coté des enseignants, il a promis l’abrogation des décrets Robien sur les décharges. Il veut "que leur autorité et leur liberté pédagogique soient respectées". Des propos qui semblent ensuite avoir été contredits en fin de campagne par de violentes attaques contre "l’esprit de mai 68" et par la promesse de réduire le nombre de fonctionnaires tout en multipliant les exonérations fiscales.

Quel budget pour l’Education nationale ? Pour appliquer la loi Fillon, le ministère avait calculé qu’il lui faudrait 23 000 postes supplémentaires (dédoublements en LV1 en 1ère et terminale, introduction de la LV2 en 5ème, PPRE sur le collège). L’essentiel de l’effort a été reporté après les élections. Si le prochain ministre veut simplement stabiliser le budget il lui faudra donc supprimer des emplois pour les réaffecter. La voie lui est montrée parle rapport d’audit sur les lycées qui propose trois mesures : la suppression de la totalité des décharges des enseignants, l’allongement de la durée de l’année scolaire (de 32 à 36 semaines effectives), la réduction de 20% des heures de cours, la suppression des dédoublements partout sauf en langues, sciences expérimentales et enseignements technologiques. Si N. Sarkozy souhaite diminuer le nombre d’enseignants il lui faudra aller encore plus loin.

Où trouver le budget des universités ? N. Sarkozy a promis d’élargir l’accès des jeunes à l’enseignement supérieur pour un coût moyen de 1,3 milliard. Favoriser l’accès des jeunes en université cela veut dire en fait hisser vers l’université les jeunes des milieux défavorisés. Cela implique donc un effort en amont et particulièrement au primaire, un domaine où le précédent gouvernement avait désinvesti (pour les 2 ans). Où le nouveau président trouvera-t-il les moyens nécessaires ?

Quelle conception de l’Ecole ? Il n’est pas indifférent que le nouveau président de la République ait été élu aussi sur des thèses d’extrême droite. La stigmatisation des jeunes immigrés, l’affirmation du caractère génétique de certains traits moraux sont à l’opposé des valeurs de l’Ecole. La condamnation répétée de Mai 68 semble indiquer que contrairement à ce qu’il a promis par ailleurs le président pourrait ne pas respecter la liberté pédagogique des enseignants. Le discours sur l’autorité inscrit aussi en perspective l’usage de la force et de la violence pour imposer ses solutions. Or si la transformation de l’Ecole est nécessaire, elle ne saurait réussir qu’en y associant les personnels et leurs organisations.

Quelle modernité ? Les Français viennent de voter pour un changement. Sont-ils pour autant prêt à abandonner les valeurs morales de mai 68 qui ont largement pénétré la société ? Sont-ils en recherche de modernité ou de bouc émissaire ? Ce sont ces interrogations maintenant qui vont peser face à la nouvelle question qui nous est posée : le président de la République doit il cumuler le pouvoir exécutif avec une majorité législative ? Et si la modernité c’était la vieille idée de l’équilibre des pouvoirs ?

--------------

Extrait de «  Ripostes » sur le site de « France 5 », le 16.05.07 : Pré-programme 2007

Sur les questions d’éducation, de la recherche et du logement

"Je propose que l’effort de la nation en faveur de l’enseignement supérieur augmente de 50 % d’ici à 2012, soit une augmentation de 5 Md d’euros (...) Il faut prévoir de porter notre effort de Recherche et développement à 3 % du PIB, soit 15 Md d’euros, dont 4 Md pour la puissance publique." Discours de Nicolas Sarkozy, à Paris, 4 octobre 2006 (coût de 10,2 Md d’euros).
(...)

Education

• Suppression de la carte scolaire

• Elargir l’accès aux jeunes à l’enseignement supérieur (coût 1,5 Md d’euros - hypothèse basse : 0,7 Md d’euros ; hypothèse haute : 2,3 Md d’euros)

"Je veux qu’un nombre plus important de jeunes aient accès à l’enseignement supérieur." Discours de Nicolas Sarkozy, à Marseille, 3 septembre 2006.

"Il faut que nous augmentions encore les capacités d’accueil de l’enseignement supérieur." Discours de Nicolas Sarkozy, à Paris, 4 octobre 2006.

Soutien aux élèves dans les banlieues défavorisées (coût 1,1 Md d’euros)

"... des classes de quinze élèves dans les banlieues défavorisées..." Discours de Nicolas Sarkozy, à Périgueux, 12 octobre 2006.

(...)

----------------

Lire le Dossier complet du Café sur la présidentielle 2007

-----------------

Extrait du « Café pédagogique » de mai 2007 : Nicolas Sarkozy et les ZEP

(...)

2- L’éducation prioritaire : un bon point à Sarkozy ?

Nicolas Sarkozy est-il à même d’apporter une aide efficace aux établissements et aux élèves en difficulté ? On sait ce qu’il a promis pour les ZEP. "Dans les quartiers où s’accumulent tous les problèmes de l’exclusion et du chômage, je propose de créer des classes de quinze élèves dans les collèges et les lycées...."

Cette proposition est doublement osée.

Elle est directement inspirée d’une étude de Thomas Piketty, un conseiller de S. Royal. Elle se démarque très clairement du plan Ambition Réussite mis en place par Robien. Celui-ci avait d’ailleurs censuré les travaux de Piketty... Que dit Piketty ? Il établit que "la légère politique de ciblage des moyens actuellement en vigueur en ZEP (taille moyenne des classes de 21,9 en zep contre 23,3 hors zep) permet de réduire d’environ 10% l’écart de réussite.. Cet écart pourrait être réduit de 40% si l’on mettait en place un ciblage fort avec une taille de classe moyenne de 18 en Zep et 24,2 hors zep". Car la baisse des effectifs, pour T. Piketty, n’a de sens que pour les zep : elle affecte beaucoup moins la réussite des enfants favorisés. Aussi avait-il mis en accusation la politique gouvernementale jusqu’à ce que N. Sarkozy reprenne l’idée et aille un plus loin pour le secondaire (17 élèves au collège et au lycée). Mais il oublie l’élémentaire et le pré-élémentaire alors que c’est là que se creusent les difficultés... D’autres études confirment cet effet des effectifs, par exemple le programme américain Star.

Suffit-il de baisser les effectifs pour répondre aux besoins de l’éducation prioritaire ?

La question fait débat et elle sera d’ailleurs au coeur de la Journée de l’Observatoire des ZEP (OZP) le 12 mai. Pour l’OZP, " La gestion des ressources humaines est au centre de la politique d’éducation prioritaire". L’Observatoire précise que "la ressource rare, encore plus nécessaire que les postes et les crédits, ce sont ces équipes capables de réussir dans des conditions difficiles... C’est la présence de telles équipes qui doit être assurée, en renforçant et en renouvelant les personnels en place. Les nouvelles équipes seraient formées sur la base de l’adhésion à une définition du métier d’enseignant associant le travail en équipe, dans le cadre d’un projet, la recherche de pratiques enseignantes susceptibles de mener les élèves à la réussite et l’acceptation d’un rôle d’éducateur. Le choix d’équipes de direction renforcées est stratégique, ainsi que le soutien et le pilotage de la hiérarchie de l’Education nationale pour assurer la pérennité du dispositif". Ainsi les crédits ne suffiraient pas. Le pilotage aurait aussi son importance.

C’est aussi ce que nous dit une expérience réussie, celle du programme anglais "Excellence en ville" (EV). Lancé en 1999, ce programme a réussi à diminuer l’absentéisme et à améliorer les résultats aux examens. Il met en place des tuteurs d’apprentissage qui aident les élèves ne difficulté. Des groupes de soutien sont également disponibles pour les élèves en danger d’exclusion. Mais pour Sandra Mac Nally, dans Améliorer l’école, le succès du dispositif vient également d’un pilotage étroit. Les écoles classées EV ont reçu des financements supplémentaires mais liés directement à des consignes. On leur a précisé à quoi devaient servir ces fonds.

La promesse de réduction du nombre d’élèves aurait sans doute un effet positif surtout si elle englobe le primaire. Mais, là aussi, elle ne devient efficace que si parallèlement on encourage la constitution d’équipes stables en ZEP. Et si l’on s’emploie à pacifier les cités plutôt qu’y semer les provocations.

Dans le Café : L’étude de Piketty

Un dossier du Café 74

Les propositions de l’OZP

Répondre à cet article