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Témoignages de redoublements, en ZEP et ailleurs (Le Monde)

11 décembre 2004

Extrait du « Monde » du 11.12.04 : témoignages de redoublements, en ZEP et ailleurs

« Un bon soutien scolaire serait mille fois mieux, mais à défaut... »

Trois professeurs évoquent leur pratique du redoublement. Ils sont adhérents au SNES, majoritaire dans le second degré, qui est, sur le sujet, le syndicat le plus favorable à la réforme de François Fillon

- Bruno Mer, professeur de lettres modernes au collège Cézanne du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie (Yvelines), classé ZEP et sensible

« On se pose toujours la question de ce qui sera le plus efficace, du redoublement ou du passage en classe supérieure. Le redoublement est toujours un pari. Ce qu’il faut, c’est que les élèves concernés ne cessent jamais de pédaler. Sinon, ils tombent. Il y a des redoublements qui fonctionnent, d’autres non. Autant que le niveau scolaire de l’élève, ce qui compte, c’est sa maturité, sa capacité à s’intégrer dans une classe avec des élèves plus jeunes que lui. Le redoublement est une mise en échec. Il est capital, si l’on décide de faire redoubler un élève, que celui-ci comprenne que c’est une chance. Pour cela, il faut qu’on lui parle, qu’on le lui explique, ainsi qu’à sa famille. D’une certaine manière, les élèves qu’on fait redoubler, ce sont ceux pour qui l’on estime qu’il y a encore une chance. Les autres, le système peut avoir tendance à les évacuer par le haut si l’on n’y prend pas garde."

 Monique Baudequin, professeur de lettres classiques au collège Paul-Bert à Drancy (Seine-Saint-Denis).

"Les élèves qui sont en grande difficulté, qui ne maîtrisent pas bien les fondamentaux, et pour lesquels on ne sait pas en quoi le redoublement serait profitable, on les fait passer, tout en sachant qu’ils n’iront pas mieux ainsi. On se dit que la moins mauvaise solution, c’est qu’ils s’orientent dès que possible vers des études courtes. Il faudrait sans doute les faire redoubler dans de petites structures. Mais on n’a pas les moyens d’une telle politique. Lorsque l’élève n’a pas de difficultés démesurément grandes, mais qu’il ne s’est pas véritablement mis au travail, le redoublement a des chances de lui être profitable. Quoi qu’il en soit, un redoublement est toujours un pari. Dont le succès dépend de nombreux facteurs : la psychologie de l’élève, son âge, son milieu social. Tout dépend aussi de la façon dont il vit et accepte son redoublement.

"Cette année, j’ai deux redoublants dans deux classes de quatrième. Une jeune fille qui a complètement changé, qui a repris confiance en elle, qui est déléguée de classe... Et un garçon, qui n’avait pas plus de difficultés qu’elle, mais qui est découragé. Manifestement, le redoublement n’était pas la solution qui lui convenait. Peut-être veut-il faire payer à sa mère le fait de l’avoir laissé redoubler."

 Monique Roux, professeur de sciences physiques au collège Jean-Jaurès à Clichy (Hauts-de-Seine), classé en réseau d’éducation prioritaire (REP).

"Je suis aussi maman d’un garçon qui a redoublé deux fois, en troisième et en première. Je me suis opposée à son redoublement en troisième et j’ai fait appel, sans succès. Je suis contre le redoublement. Il est très rare qu’il soit profitable. Il démotive complètement les élèves. J’ai déjà vu de bons redoublants, mais c’est très rare. Cette année, on a des redoublants en troisième, mais ils sont là parce qu’à la rentrée ils n’ont pas été pris en seconde professionnelle. Du coup, ils ont préféré revenir en troisième. Et sont motivés pour réussir leur année. Dans les petites classes, en sixième ou en cinquième, quand les élèves ne maîtrisent pas les bases, cela peut avoir un sens de les faire redoubler. Un bon soutien scolaire serait mille fois mieux - on apprend toujours plus dans une classe supérieure qu’en stagnant au même niveau -, mais à défaut..."

Propos recueillis par Virginie Malingre.

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