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Xavier Darcos : deux fois plus de dérogations pour les quartiers difficiles

7 juin 2007

Extrait du site « VousNousIls », le 07.06.07 : Assouplissement de la carte scolaire : aucun embouteillage mais des difficultés à Paris

L’annonce de l’assouplissement de la carte scolaire, qui doit aboutir à terme à sa suppression, ne suscite pour l’heure aucun afflux de demandes sauf en région parisienne et plus particulièrement à Paris, considérée comme la capitale du contournement.

"Il n’y a pas d’embouteillage", a déclaré mercredi le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos. "Nous avons mis en place un dispositif clair avec des règles du jeu, a-t-il dit. Les demandes arrivent et les difficultés principales sont surtout à Paris".

Xavier Darcos a fait valoir que la question de l’assouplissement de la carte scolaire se posait surtout "dans les collèges et lycées des très grandes villes marquées par la diversité des quartiers" mais que l’"on devrait pouvoir donner satisfaction à quasiment tout le monde".

A peine nommé ministre de l’Education, Xavier Darcos avait répondu au voeu du candidat Sarkozy en annonçant qu’à la rentrée prochaine, serait ouvert "un droit à la dérogation à la carte scolaire plus important".

10% de dérogations supplémentaires à la carte scolaire - fondée sur la sectorisation géographique -, seront ainsi autorisées, ce taux pouvant atteindre 20% dans les quartiers difficiles.

Le recteur de l’académie de Créteil Jean-Michel Blanquer, a ainsi annoncé mercredi lors d’une conférence de presse à que "deux fois plus d’élèves seront concernés par une dérogation" à la prochaine rentrée dans son académie.
L’académie de Créteil regroupe les départements du Val-de-Marne, de la Seine-Saint-Denis et de la Seine-et-Marne et des quartiers réputés très difficiles et un fort taux d’élèves boursiers.

Les dérogations seront accordées cette année en fonction de certains critères, notamment "boursiers sociaux, boursiers au mérite, rapprochements de fratries, cas d’urgence, correction d’absurdités".

Au Rectorat de Paris, qui a mis en place depuis mardi une permanence téléphonique pour répondre aux questions des familles soucieuses de présenter une demande de dérogation, on indique que 2.000 demandes sont déposées chaque année à Paris par des parents ou des élus.
Selon le Rectorat de Paris, ces demandes de dérogations, qui concernent surtout les collèges de la capitale, sont satisfaites en moyenne à 47 % et portent sur un "nombre limité" des 110 établissements concernés.

L’annonce du ministre devrait susciter un accroissement de la demande.

En province, l’assouplissement annoncé de la carte scolaire, mise en place en 1963 pour assurer une certaine mixité sociale, n’a suscité pour le moment aucun afflux de demandes.

D’abord, remarque-t-on par exemple à l’inspection académique d’Aix-Marseille, parce que le mode d’emploi des demandes de dérogation vient juste d’être mis en ligne à la demande du ministère de l’Education.

Certaines inspections académiques, comme en Bretagne, n’ont pas encore mis en place de permanences téléphoniques mais le feront à partir du 8 juin.

En tout état de cause, dans aucune académie de France où des numéros verts ont été mis en place, il n’y a afflux de demandes.

Selon le site du ministère de l’Education nationale (www.education.gouv.fr), les familles doivent déposer leur dossier avant le 30 juin auprès de l’inspection académique de leur département. Une réponse leur sera apportée au plus tard le 20 juillet 2007.

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Extrait du site « VousNousIls », le 07.06.07 : Réforme de la carte scolaire : le "oui, mais" d’un sociologue de l’Education

Le sociologue Georges Felouzis, enseignant à l’université de Bordeaux 2, qui a dénoncé l’"apartheid scolaire" dans un ouvrage paru en 2005, estime légitime l’idée d’une suppression de la carte scolaire, à condition que soient simultanément mis en place "un système d’évaluation" et "des politiques compensatoires".

Question : Que reproche-t-on à la carte scolaire ?

Réponse : "La carte scolaire produit des effets pervers assez forts, notamment dans les endroits où il y a de fortes différenciations de populations, en termes socio-économiques et ethniques. Elle ne fait pas que reproduire les ségrégations urbaines, elle les accentue. Ceux qui dérogent sont ceux qui sont culturellement favorisés. Il faut développer des stratégies relativement complexes, choisir des options rares par exemple, qui ne sont disponibles que pour les meilleurs élèves".

Q : Sa suppression est-elle la bonne solution ?

R : "Les exemples étrangers, Belgique, Pays-Bas, Grande Bretagne, où le libre choix est en place, montrent des effets pervers forts. Les effets de ségrégation, notamment ethnique, y sont marqués. Je pense qu’il n’est pas illégitime de se pencher sur la question de la réforme de la carte scolaire (mais) ce n’est pas obligatoirement une bonne solution que de l’éliminer purement et simplement. Si on assouplit, puis élimine, la carte scolaire, il faut au moins deux choses : mettre en place un système d’évaluation pour mesurer les effets positifs et négatifs de cette politique, concevoir des politiques compensatoires vis-à-vis des établissements en situation de ghettoïsation."

Q : A quelles mesures pensez-vous ?

R : "Les moyens financiers ne résolvent pas tout. L’un des leviers les plus forts, en éducation, reste la mixité scolaire : mettre ensemble des élèves qui ont des niveaux différents. Je pense qu’il faut savoir mettre un certain nombre de contraintes pour que les choix des chefs d’établissements attractifs ne soient pas strictement orientés vers les meilleurs élèves. Il faut, en quelque sorte, les forcer à être vertueux. Mettre les meilleurs élèves entre eux, c’est très efficace : ils progressent. Mais ça veut dire que, symétriquement, vous mettez tous les plus faibles ensemble. Et là, ça marche très mal."

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