> II- EDUCATION PRIORITAIRE (Politique. d’) : Types de documents et Pilotage > EDUC. PRIOR. TYPES DE DOCUMENTS > Educ. prior. Positions et publications syndicales > Le projet de loi Fillon, le Snes et les ZEP (dossier de presse)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Le projet de loi Fillon, le Snes et les ZEP (dossier de presse)

16 décembre 2004

Extrait du site du SNES, le 04.12.04 : doutes sur les moyens ZEP

Le nouveau projet de loi présenté le 3 décembre par le Ministre de l’Education nationale confirme toutes les inquiétudes suscitées par ses premières annonces et les aggrave même sur des sujets essentiels :
En faisant référence à la nécessité « d’optimiser l’allocation des moyens », le ministre confirme que les mesures nouvelles, chiffrées à 2 milliards d’Euros, seront le résultat du redéploiement des moyens actuels de l’Education nationale :
Les heures de soutien du CIRE (Contrat individuel de réussite éducative) seront financées partiellement par les heures d’itinéraires de découverte (IDD) et, selon toute probabilité, par tout ou partie des moyens des ZEP même s’il est affirmé que le principe du dispositif ZEP n’est pas remis en cause.

Toutes les heures dédoublées en lycée, en dehors des langues vivantes, sont supprimées.
Toutes les heures statutaires (heures de labo, de cabinet d’Histoire-Géo, premières chaires) sont remises en cause dans la mesure où elles ne seraient plus « désormais justifiées »
La seconde option obligatoire de détermination (3h) est supprimée dans toutes les classes de seconde

Le risque d’un collège à plusieurs vitesses est loin d’être écarté, bien au contraire : aménagements des cursus et des programmes dans le cadre du CIRE, brevet à géométrie variable, dispositifs dérogatoires d’alternance en 4ème , multiplication par 5 des dispositifs relais...

Le ministre annonce un groupe de travail sur l’organisation du baccalauréat, mais encadre étroitement sa réflexion en fixant à priori à 6 le nombre des disciplines faisant l’objet d’une évaluation terminale, les autres relevant du contrôle continu ou du contrôle en cours de formation. Le contrôle continu conduirait à un bac qui perdrait sa valeur de diplôme national, le bac passé en « banlieue » risquant par exemple de ne plus avoir la même valeur que celui passé en « centre ville ». Le contrôle en cours de formation, s’il est organisé au niveau de l’établissement, poserait le même problème. En outre, l’expérience montre que son organisation extrêmement lourde compliquerait encore un peu plus le fonctionnement des établissements et l’organisation des examens !

Pour les absences de courte durée, le ministre maintient envers et contre tout son idée initiale de conférer au chef d’établissement le pouvoir de réquisitionner à tout moment les enseignants pour qu’ils remplacent leurs collègues au pied levé, situation qui n’a aucun équivalent dans le privé, ni dans le public. Une telle mesure ignore la réalité du fonctionnement des établissements et constitue un vrai déni du métier d’enseignant conduirait à des conflits permanents et à de véritables aberrations pédagogiques (si l’idée d’intervention hors discipline ne figure plus dans la loi, elle n’est pas abandonnée pour autant puisqu’il est prévu de la faire figurer dans les décrets d’application).

De lourdes menaces pèsent sur les statuts des professeurs de lycée et de collège, avec l’introduction de PLP bivalents au collège, notamment en 6ème, et la certification complémentaire en français, mathématiques et langues proposée aux nouveaux recrutés.

Le SNES met tout en œuvre pour que soit prise en compte l’opposition de la profession à un projet dont les ambitions affichées relèvent du trompe l’œil, qui organise le "tri social" des élèves et remet en cause le sens même du métier. Il poursuivra ses interventions à tous les niveaux et appelle les personnels des lycées et collèges à signifier dès maintenant au Ministre leur désaccord, en se mobilisant dans la grève, le mardi 7 décembre.

 

Extrait de « L’Expresso » du 06.12.04 : le SNES, le projet de loi et les ZEP

Sur le site du SNES (FSU) :

« Le nouveau projet de loi présenté le 3 décembre par le Ministre de l’Education nationale confirme toutes les inquiétudes suscitées par ses premières annonces et les aggrave même sur des sujets essentiels :

En faisant référence à la nécessité « d’optimiser l’allocation des moyens », le ministre confirme que les mesures nouvelles, chiffrées à 2 milliards d’Euros, seront le résultat du redéploiement des moyens actuels de l’Education nationale :

Les heures de soutien du CIRE (Contrat individuel de réussite éducative) seront financées partiellement par les heures d’itinéraires de découverte (IDD) et, selon toute probabilité, par tout ou partie des moyens des ZEP même s’il est affirmé que le principe du dispositif ZEP n’est pas remis en cause.

Toutes les heures dédoublées en lycée, en dehors des langues vivantes, sont supprimées.

Toutes les heures statutaires (heures de labo, de cabinet d’Histoire-Géo, premières chaires) sont remises en cause dans la mesure où elles ne seraient plus « désormais justifiées »
La seconde option obligatoire de détermination (3h) est supprimée dans toutes les classes de seconde

Le risque d’un collège à plusieurs vitesses est loin d’être écarté, bien au contraire : aménagements des cursus et des programmes dans le cadre du CIRE, brevet à géométrie variable, dispositifs dérogatoires d’alternance en 4ème , multiplication par 5 des dispositifs relais...

Le ministre annonce un groupe de travail sur l’organisation du baccalauréat, mais encadre étroitement sa réflexion en fixant à priori à 6 le nombre des disciplines faisant l’objet d’une évaluation terminale, les autres relevant du contrôle continu ou du contrôle en cours de formation. Le contrôle continu conduirait à un bac qui perdrait sa valeur de diplôme national, le bac passé en « banlieue » risquant par exemple de ne plus avoir la même valeur que celui passé en « centre ville ». Le contrôle en cours de formation, s’il est organisé au niveau de l’établissement, poserait le même problème. En outre, l’expérience montre que son organisation extrêmement lourde compliquerait encore un peu plus le fonctionnement des établissements et l’organisation des examens !

Pour les absences de courte durée, le ministre maintient envers et contre tout son idée initiale de conférer au chef d’établissement le pouvoir de réquisitionner à tout moment les enseignants pour qu’ils remplacent leurs collègues au pied levé, situation qui n’a aucun équivalent dans le privé, ni dans le public. Une telle mesure ignore la réalité du fonctionnement des établissements et constitue un vrai déni du métier d’enseignant conduirait à des conflits permanents et à de véritables aberrations pédagogiques (si l’idée d’intervention hors discipline ne figure plus dans la loi, elle n’est pas abandonnée pour autant puisqu’il est prévu de la faire figurer dans les décrets d’application).

De lourdes menaces pèsent sur les statuts des professeurs de lycée et de collège, avec l’introduction de PLP bivalents au collège, notamment en 6ème, et la certification complémentaire en français, mathématiques et langues proposée aux nouveaux recrutés.

Le SNES met tout en œuvre pour que soit prise en compte l’opposition de la profession à un projet dont les ambitions affichées relèvent du trompe l’œil, qui organise le "tri social" des élèves et remet en cause le sens même du métier. Il poursuivra ses interventions à tous les niveaux et appelle les personnels des lycées et collèges à signifier dès maintenant au Ministre leur désaccord, en se mobilisant dans la grève, le mardi 7 décembre »

 

Extrait de « L’Humanité » du 06.12.04 : Gérard Aschieri, le projet de loi et les ZEP

Fillon tire vite mais vise mal

Pressé, pressé, je suis pressé...Ce n’est pas le lapin d’Alice qui le dit, mais François Filon qui l’a fait comprendre, en activant la publication du projet de loi d’orientation pour l’école. Le texte, présenté hâtivement aux médias vendredi, sera, de toute évidence, celui soumis aux parlementaires en 2005 pour qu’ils le discutent et le votent. Il doit encore passer, c’est vrai, devant le Conseil supérieur de l’éducation, instance consultative dont l’avis, on l’a vu récemment, vaut peu de choses aux yeux du ministre de l’Éducation (le CSE s’est prononcé contre la suppression des travaux personnels encadré en terminale, projet auquel le ministre est loin d’avoir renoncé).

Sa présentation en Conseil des ministres ne devrait être, là aussi, que pure formalité. Les modifications qui pourraient être apportées s’annoncent donc mineures, tout comme l’ont été celles ajoutées depuis le 18 novembre. Ce soir-là, François Fillon déroulait, via le tube cathodique, un projet qu’il devait par la suite discuter avec les « partenaires sociaux » (l’Humanité du 19 novembre). Le tour de table a été bref et le débat vite conclu. En ressort un texte dans lequel seules quelques précisions ont été apportées (lire notre décryptage ci-dessous).

Certaines introduisent un brin de douceur dans un monde de procédures.

Le CIRE - contrat individuel de réussite éducative, mesure chérie du ministre consistant en des heures de soutien - sera ratifié par l’élève, en même temps que par ses parents et l’école. Les enseignants auront toujours obligation d’assurer les remplacements de courte durée, « mais dans leur champ disciplinaire en priorité ». Chaque élève de terminale bénéficiera d’un mois d’abonnement gratuit à un quotidien d’actualité générale de son choix, et le bac nouvelle génération sera préparé par un collectif où parents et lycéens auront leur place.

Des bourses au mérite

Car le bac sera « modernisé », c’est maintenant confirmé. À partir de juin 2007 - même si François Fillon fait pression pour avancer la date à juin 2006 -, une partie des épreuves se fera sous contrôle continu (une possibilité qu’envisageait déjà la loi de 1989). Autre ajout : une note de « discipline » comptera pour l’obtention du brevet des collèges. Enfin, des bourses au mérite seront attribuées aux élèves « doués mais de conditions modestes ».

Tout le reste, ou peu s’en faut, était déjà établi. À commencer par le socle commun de connaissances que doit couvrir la scolarité obligatoire. Le texte affirme ainsi le principe, défendu par beaucoup, selon lequel aucun élève ne doit être abandonné tant qu’il ne maîtrise pas ces connaissances de bases. Mais le modère immédiatement, en prévoyant un dispositif de délestage à l’attention de ceux qui n’y seraient pas parvenu à l’issu de la 3e. De même, s’il ne parle plus de diversification des parcours dès la 5e, et semble préserver le principe d’une même scolarité pour tous les collégiens, le projet ouvre la voie à un enseignement à « géométrie variable ». Ainsi, les élèves pourront-ils choisir plusieurs des matières qu’ils passeront en contrôle continu au brevet. Les heures de soutien pourront s’effectuer à la place d’autres enseignements. Les classes relais seront multipliées afin d’accueillir, dans un système parallèle, les élèves en situation de décrochage. Pour finir, l’option découverte professionnelle en 3e sera généralisée, de même que l’alternance dès la classe de 4ème.

Les syndicats guère convaincus

Tantôt tièdes, souvent froides, jamais chaudes, les réactions des syndicats sont plutôt mitigées. Luc Bérille, secrétaire général de l’UNSA éducation, note la non-évolution de « l’esprit général connu depuis maintenant quinze jours ». La réforme du bac est « une révolution de velours », estime-t-il, derrière laquelle se cache peut-être « un réflexe élitiste ». Côtés lycéens, la FIDL s’y « oppose fermement », tandis que l’UNL la juge « plutôt intéressante ».

Plus critique, Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, lit dans ce projet « une conception individualiste négligeant le collectif » et exprime sa crainte de voir le soutien individuel se faire au détriment de la politique des ZEP. Enfin, franchement véhément, le SNES - majoritaire dans le second degré - vilipende un projet qui supprime toute possibilité de dédoublement de cours au lycée (en dehors de ceux consacrés aux langues) et qui n’écarte pas le risque « d’un collège à plusieurs vitesses ». L’écueil est effectivement contendant. Il pourrait peser dangereusement sur les politiques éducatives des dix prochaines années.

Marie-Noëlle Bertrand.

Répondre à cet article