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L’Enseignement catholique veut s’implanter en ZEP

26 septembre 2007

Extrait du « Figaro » du 25.09.07 : Davantage d’établissements catholiques en ZEP

Le secrétaire général de l’enseignement catholique veut étendre la présence de ses collèges et lycées dans les zones difficiles.

L’enseignement catholique souhaite s’implanter davantage en banlieue et nuancer son image élitiste. Pour sa première rentrée, Éric de Labarre, le nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique répond ainsi à la lettre de mission que Nicolas Sarkozy a envoyée à son ministre de l’Éducation nationale. Il lui demande d’aider au développement et à l’implantation d’établissements scolaires privés dans les quartiers difficiles.

« Nous sommes très en retard par rapport à l’enseignement public, reconnaît Éric de Labarre, tant vis-à-vis de l’accueil des enfants handicapés que pour l’ouverture d’établissements dans les zones difficiles. » Avant de préciser, « nous sommes prêts à nous investir davantage si on nous en donne la possibilité. Nous n’avons pas les moyens en personnel ou sur un plan foncier d’installer des établissements en banlieue. Mais si des locaux sont mis à notre disposition, nous viendrons. Nous sommes écoutés au ministère. J’ai bon espoir ». Une attitude offensive alors que l’enseignement catholique devrait perdre 1 400 postes en 2008 et gérer pourtant une nouvelle augmentation des demandes d’inscription.

Les établissements privés catholiques aujourd’hui implantés en banlieue sont rares, hormis une quinzaine d’établissements classés « ambition réussite » dont une poignée, à Saint-Denis, Lille ou Marseille qui accueillent parfois jusqu’à 80 % d’enfants d’origine étrangère.

Concrètement, Éric de Labarre entend surtout multiplier les structures de partenariat entre des établissements de centre-ville et des annexes implantées dans des quartiers sensibles, comme à Blois (voir ci-dessous). C’est tout simplement la seule possibilité pour l’enseignement privé d’ouvrir une nouvelle structure, sans attendre les cinq ans réglementaires qui permettent d’obtenir un contrat d’association. Et donc les rémunérations de l’État pour payer les professeurs. Reste aussi la possibilité de vendre certains établissements pour en ouvrir ailleurs. Un collège a ainsi été récemment fermé à Versailles (Yvelines), ville très fournie en établissements privés, pour en inaugurer un autre à Saint-Quentin-en-Yvelines, dans un environnement plus populaire.

Un éveil à la foi

À Poitiers, le collège des Feuillants qui tombait en ruine en centre-ville a été vendu. Un autre a été reconstruit dans le parc d’un lycée technique en bordure de la ville : « Au départ, les parents avaient peur que leurs enfants se fassent racketter. Mais ça se passe très bien... », souligne Éric de Labarre. Le secrétaire général tient par ailleurs à prendre une certaine distance vis-à-vis des récents propos de Mgr Cattenoz, l’archevêque d’Avignon, qui estime que la dimension catholique des établissements privés tombe « en déliquescence ». « Nous devons être ouverts à tous les jeunes, quelles que soient leurs convictions religieuses. En revanche, tous les établissements doivent faire une proposition d’éveil à la foi », rappelle Éric de Labarre, qui explique qu’actuellement « 20 000 à 30 000 élèves » sont scolarisés dans des établissements catholiques hors contrat car leurs familles estiment insuffisante la formation chrétienne dans l’enseignement catholique. « C’est un signal d’alerte qu’il faut écouter, dit-il, mais le repli sur soi n’est pas la solution. »

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Extrait du « Figaro » du 25.09.07 : Le collège Saint-Vincent, un succès dans les quartiers populaires de Blois

Implantée en ZUP, cette annexe d’un établissement du centre-ville a dû refuser des inscriptions.

POSÉ au milieu de petites tours HLM, en pleine ZUP de Blois (Loir-et-Cher), le collège du Père-Brottier a des allures bucoliques. Construit il y a trois ans sur le modèle architectural des établissements norvégiens - formes arrondies, imitation du bois et flots de lumière -, il dispose d’un hectare de verdure pour la cour de récréation. Pourtant, lors de son inauguration, en septembre 2005, les professeurs de la « maison mère » située en centre-ville, le collège Saint-Vincent, n’étaient pas « très chauds » pour venir travailler dans cette annexe. Beaucoup craignaient d’affronter des enfants très difficiles ou encore de retrouver leur voiture vandalisée à la sortie des cours.

Aujourd’hui, leur discours est enthousiaste : « Je suis plus utile au Père-Brottier qu’ailleurs », tranche Isabelle Lasnier, professeur d’anglais et d’arts plastiques. Elle, qui enseigne par ailleurs dans un établissement privé « élitiste », a découvert un autre univers « très chaleureux ». Elle est passée des « enfants de la bonne société » ou du show-biz, comme la fille de Johnny Hallyday, un temps en pension à Blois, à des élèves dont les parents ne peuvent pas toujours payer le voyage de classe de fin d’année en Angleterre.

Défendre la mixité sociale

Il y a cinq ans, l’évêque de Blois décidait de construire cette annexe dans le nord de la ville. Si les collèges privés étaient nombreux dans le centre, aucun n’était implanté dans les quartiers populaires. D’où cette décision de transférer la moitié des classes de l’établissement Saint-Vincent, situé au coeur de la ville, dans la ZUP. Le terrain appartenait à l’association diocésaine. Pour la construction, l’établissement scolaire a emprunté et a reçu une aide du conseil général.

Plusieurs professeurs partagent leur temps de travail entre les deux structures, distantes d’un kilomètre et demi.

À l’« annexe », ils se heurtent souvent aux problèmes d’apprentissage du langage. Les parents parlent parfois à peine le français, beaucoup sont au chômage ou travaillent en intérim. Des collégiens d’origine turque ou maghrébine et de confession musulmane partagent tous l’heure hebdomadaire de « culture religieuse » avec les autres enfants. « On essaie de préserver une forme de mixité sociale », souligne le chef d’établissement, Mélanie Marpault. Elle n’a ainsi pas souhaité que l’établissement soit classé en zone d’éducation prioritaire (ZEP) pour ne pas faire fuir les parents un peu plus aisés.

Ces derniers plébiscitent les études dirigées le soir et la taille familiale du collège avec ses 150 élèves, loin des gros établissements publics environnants. « On se connaît tous, ça facilite beaucoup de choses », explique le jeune chef d’établissement qui, rançon du succès, refuse déjà des inscriptions.

Marie-Estelle Pech

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Extrait du site « VousNousIls », le 26.09.07 : L’enseignement catholique veut installer des antennes dans les zones difficiles

L’enseignement catholique souhaite "installer des antennes dans les zones sensibles", a indiqué mardi son secrétaire général, Eric de Labarre, précisant toutefois que les réductions d’effectifs d’enseignants annoncées pour 2008 contrariait ce projet.

L’enseignement catholique accueille aujourd’hui "moins d’enfants handicapés que l’enseignement public, est moins implanté dans les zones difficiles et a moins d’élèves boursiers", a reconnu M. de Labarre, lors d’une conférence de presse en estimant que "dans les mois et les années qui viennent", il faudrait "répondre à ces nouveaux défis".
"Nous ne souhaitons pas échapper à la mise en place de la politique d’égalité des chances", a-t-il souligné, préconisant "d’installer des antennes de collèges ou lycées", "dans les zones sensibles" pour "accueillir des jeunes en difficulté".

M. de Labarre a cependant précisé qu’il fallait "disposer de moyens nouveaux". "Nous ne pouvons pas nous contenter de la situation actuelle" en matière d’emplois, a-t-il dit, d’autant que dans le cadre de la suppression de 11.200 postes dans l’Education nationale inscrite au budget 2008, environ 1.400 devraient concerner, selon lui, l’enseignement catholique.

"Il est évident que nous sommes dans l’incapacité d’absorber un tel retrait de postes, d’autant que nous avons gagné 6.000 élèves à la rentrée 2007", a-t-il fait valoir.

"Si on va vers un retrait massif d’emplois comme celui qui nous est indiqué, on va vers des fermetures de structures scolaires, c’est certain", a-t-il mis en garde, en marge de la conférence de presse.

L’enseignement catholique a accueilli cette rentrée 5.785 élèves supplémentaires (sur 2 millions au total) : 17 académies de métropole enregistrent une augmentation d’effectifs, contre 9 qui connaissent une baisse.

En outre, "30.000 à 35.000 demandes n’ont pas été satisfaites", un chiffre toutefois "approximatif" selon M. de Labarre, qui reconnaît n’être pas en mesure de calculer les double ou triple demandes d’inscription.

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Extrait de « Libération » du 26.09.07 : Dure rentrée pour l’école catholique

L’enseignement privé se plaint du manque de places, comme le public.

« Si le chiffre de 1 400 suppressions de postes se confirme, on ne voit pas comment on pourra face à la rentrée 2008, d’autant que nous avons déjà 6 000 élèves supplémentaires cette année. » Eric de Labarre, le nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique, donnait hier sa conférence de presse de rentrée à la veille de la présentation du budget qui supprime 11 200 postes au sein de l’Education nationale, dans le public et dans le privé. Faute de places, a-t-il ajouté, les écoles catholiques ont en outre dû refuser d’inscrire « 30 000 à 35 000 élèves ».

L’enseignement catholique accueille 2 millions d’élèves (17 % de l’ensemble, dans le premier et le second degré, et l’enseignement agricole), une hausse de 0,3 % par rapport à 2006. Cette année, les progressions les plus notables ont été observées dans les académies de Bordeaux, Créteil, Paris, Versailles, Limoges, Strasbourg.

« Sans entrer en concurrence avec l’enseignement public, nous sommes prêts à ouvrir des antennes de collèges ou de lycées, dans les zones d’éducation prioritaire », a expliqué Eric de Labarre. Actuellement, seuls onze collèges de l’enseignement catholique sous contrat sont classés « ambition réussite » (label des établissements les plus difficiles). Le secrétaire général a reconnu un reproche souvent formulé : le privé accueille « moins d’enfants handicapés, moins de boursiers et sommes moins implantés dans les zones difficiles » que le public. Mais, pour en faire plus, il faudrait « des moyens nouveaux ».

Véronique Soulé

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