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L’agence "Ressources urbaines" propose une charte pour la présentation de la banlieue par les médias

12 novembre 2007

Extrait de « L’Humanité » du : Une charte pour mieux parler des cités

Éthique

« Ressources urbaines », l’agence de presse des quartiers, propose dix points aux médias nationaux pour l’amélioration du traitement des banlieues.

L’incident est significatif. Après une heure de conférence de presse, des journalistes quittent la salle en catimini. Coup de colère de Mohamed Mechmache, président d’ « AC-LE-FEU », présent pour soutenir l’initiative. « On bosse là-dessus depuis longtemps, ça nous tient à coeur, on s’exprime alors que ça nous arrive jamais et les journalistes s’en vont... » Face à lui, les professionnels répondent emplois du temps chargés et délais de bouclage.
L’anecdote reflète toute l’incompréhension entre deux mondes, les médias et les banlieues, justement au coeur de cette conférence de presse. Sous l’égide de Noël Mamère, député Vert de Gironde, et en partenariat avec le Centre de formation des journalistes (CFJ), l’agence de presse des quartiers « Ressources urbaines » présentait sa charte « pour l’amélioration du traitement médiatique des banlieues ».

« L’idée est née un an après les émeutes, explique Erwan Ruty, membre fondateur de « Ressources urbaines ». Depuis 2005, il existe une nette amélioration du traitement médiatique des banlieues, mais il reste beaucoup à faire. La caricature fait beaucoup de mal : un reportage de trente secondes sur les voitures qui brûlent annule l’interview de cinq minutes d’un sociologue. » La charte en dix points se concentre autour de trois idées majeures.

 Avant tout, favoriser l’insertion des élèves des banlieues dans les médias. Pour Farid Mebarki de Ressources urbaines, « le recrutement de ce potentiel venu des quartiers populaires est une plus-value pour les rédactions ». Tout en refusant ce qu’il qualifie de « caution épidermique » : « Les présentateurs noirs et arabes changent-ils vraiment la vision qu’ont les Français sur la banlieue ? »

 Deuxième point : optimiser le travail journalistique dans les banlieues. Comment ? Raphaël Yem, rédacteur en chef du magazine « Fumigène », énumère les expériences réussies : « Conférences de presse délocalisées dans les cités, articles écrits en duo avec un quotidien national, ateliers de décryptage des médias... » Car l’incompréhension est double. Chloé Juhel, journaliste à la « radio Générations », se fait l’écho de la mauvaise image de la profession auprès des jeunes de banlieue qui généralisent la collusion entre les politiques et les journalistes « quand ils voient Arlette Chabot faire la bise à Jean-François Copé ».

 Enfin, la charte veut « aider à ouvrir l’ensemble de la société aux banlieues ». Ce qui pose aussi la question de l’organisation interne des grands médias nationaux lorsqu’il s’agit de « couvrir » les cités. « Quand on sait que TF1 envoie des journalistes de guerre couvrir les émeutes, que France 2 n’a détaché un journaliste sur cette question que depuis un an, on s’interroge, ajoute Chloé Juhel. Faut-il un journaliste pour s’occuper spécifiquement ces banlieues ? Dans ces quartiers, il y a de la justice, de la culture, du sport... » Cette charte a pour vocation d’être améliorée au fil des rencontres. « L’Humanité » en est d’ores et déjà signataire.

Marie Barbier

Le site de Ressources urbaines

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