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La SNCF participe à l’insertion professionnelle des jeunes de ZUS

11 décembre 2007

Extrait du « Monde » du 10.12.07 : La SNCF a embauché plus de 1 000 personnes issues des "quartiers populaires" en vingt mois

Il y a un an et demi, Amar papillonnait de petits boulots en missions d’intérim. Aujourd’hui, ce jeune homme de 25 ans, installé dans la banlieue nord de Paris, est agent commercial à la SNCF. Son CDI, il l’a décroché à la suite d’un "forum de recrutement" que l’entreprise organise, à intervalles réguliers, depuis environ vingt mois pour faciliter l’accès au marché de l’emploi des populations issues des quartiers défavorisées. C’était en juin 2006, à Sarcelles (Val-d’Oise). Amar avait écouté des témoignages de cheminots et passé un premier entretien d’évaluation, avant d’envoyer son dossier de candidature par Internet...

Vendredi 7 décembre, il s’est rendu à un autre "forum" à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Mais cette fois-ci, c’est lui qui a pris la parole, avec cinq autres salariés de la SNCF, pour relater son itinéraire, expliquer sa profession devant plus de 500 personnes, à la recherche d’un emploi. "Ce qui fait la différence, a-t-il dit, c’est la motivation."

Assise au fond de la salle, Salma, 28 ans, était sur la même longueur d’onde. "Ma conseillère à l’ANPE me l’a dit : "Tu vas y arriver." Je me suis mis ça dans la tête", confie cette Comorienne qui vit à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Depuis environ un an, Salma enchaîne les jobs précaires dans un centre de loisirs à Paris et dans quelques commerces. Avant, elle était "caissière de supermarché". Rien à voir avec le bac littéraire qu’elle a en poche. Mais Salma veut y croire. Elle ne veut plus céder à la déception qui l’a envahie lorsqu’un employeur a repoussé sa candidature parce qu’elle était Noire : "J’avais été convoquée dans un magasin à proximité des Invalides. Lorsque le responsable m’a vue, il a dit qu’il n’avait plus besoin de prendre quelqu’un."

Désireuse de s’"ouvrir à la diversité" et de combler ses importants besoins de main-d’oeuvre, la SNCF a donc lancé, au printemps 2006, des ateliers de recrutement dans les communes qui ont des "zones urbaines sensibles" (ZUS). Vaulx-en-Velin, Cergy-Pontoise, Meaux, Argenteuil, Trappes figurent parmi les villes hôtes...

D’après la direction de l’entreprise, environ 6 000 personnes ont été reçues en entretien individuel le jour de ces "rendez-vous égalité et compétences". La moitié ont ensuite été admises dans le processus de recrutement qui s’échelonne en plusieurs étapes (tests, visite médicale...). Résultat final : près de 600 embauches en CDI. S’y ajoutent les candidats, également originaires d’une ZUS, qui ont obtenu un emploi à la SNCF sans passer par le filtre des forums. Au total, le transporteur ferroviaire affirme avoir embauché 1 034 personnes des "quartiers populaires" en vingt mois "au lieu de 500 environ, sur la période précédente".

Ces chiffres ne sont pas négligeables mais ils montrent combien la sélection a été rude. La présidente de la SNCF, Anne-Marie Idrac, l’a d’ailleurs dit aux jeunes diplômés, présents au 20e "rendez-vous" qui s’est tenu le 4 décembre à Paris : "Je veux les meilleurs, nous ne faisons pas de recrutement au rabais." "Chargé des questions d’égalité des chances" au sein de l’entreprise, Karim Zéribi a tenu des propos encore plus directs : "Vous n’êtes pas des victimes de la société. Si vous êtes là, c’est parce que vous avez bossé, c’est parce que vous l’avez mérité", a-t-il lancé en invitant son auditoire à ne pas s’enfermer dans "la culture du désespoir, du fatalisme".

Ce discours "offensif, entrepreneurial", selon la formule de M. Zéribi, n’est pas servi au "tout-venant". Ceux qui assistent aux forums ont été "présélectionnés" par différentes structures (missions locales pour l’emploi, ANPE, associations...).

A Saint-Denis, vendredi, il y avait quantité de diplômés ou de personnes exerçant déjà un métier. William, 26 ans, est dans cette situation. Employé comme "électricien" dans une entreprise du BTP, ce grand gaillard aimerait se faire embaucher comme chauffeur à la STVA, une filiale de la SNCF. D’autres participants sont mus par le même désir de changement. Ainsi, cet habitant de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), âgé de 27 ans : à l’heure actuelle, il travaille dans une usine qui fabrique des "pièces en caoutchouc". Son rêve : "Etre conducteur de train."

Bertrand Bissuel

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