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A France Info, une analyse de la mise sur le marché des écoles primaires

24 décembre 2007

Extrait de « France Info », le 22.12.07 : Bientôt des palmarès d’écoles primaires ?

Emmanuel Davidenkoff, le 22 décembre à 7 h 50 :

On connaît déjà les palmarès des lycées, des universités, des classes prépas, des grandes écoles... Une nouveauté est en train de poindre : les palmarès des écoles primaires...
Les principaux points de la chronique :

Le ministère de l’Education nationale envisage dans le cadre de la réforme du primaire de rendre publiques les résultats des élèves aux évaluations nationales qui sont menées en CE1 et en CM2 pour connaître leur niveau.

Ça ne forme pas un palmarès en tant que tel... mais ça peut le devenir très vite : les données qui permettent aux médias de publier des palmarès des lycées ne sont pas faites, à l’origine, pour un tel usage. Mais dès lors que des chiffres valables sont donnés, il est très facile d’effectuer un classement.

Quel est l’objectif du ministère ? L’argument, c’est celui de la transparence ; l’idée que les parents ont le droit de savoir ce qui se passe dans l’école de leurs enfants, et notamment d’en évaluer le niveau. Mais cela comporte un risque, majeur : que les parents se détournent des écoles qui afficheraient de mauvais résultats...

Or jusque-là, le primaire demeure relativement épargné par les problèmes de contournement de la carte scolaire, pour des raisons évidentes liées à l’âge des enfants et aux emplois du temps des parents. On n’inflige pas des transports longs à des petits. Il y a en outre une solide confiance des parents dans notre école primaire publique. Elle s’exprime dans un chiffre : environ 14% des élèves sont scolarisés dans le privé, c’est en dessous de la moyenne qui est de 20% et très en dessous du taux de scolarisation dans le privé au niveau du collège. On note en plus de fortes disparités géographiques : cette moyenne monte à 30% voire 50% dans certains départements du Grand Ouest, mais elle tombe nettement en dessous dans les trois quarts du pays.

Pourquoi l’Education nationale prend-elle le risque de créer un marché scolaire là où il n’existe pas ? Il s’agit d’une mesure un peu radicale pour tenter d’instiller cette fameuse « culture de l’évaluation », dont l’Education nationale parle depuis dix ans sans parvenir à la faire enter dans les faits. En clair : le système produit des monceaux d’évaluations, mais sur le terrain les établissements s’en emparent peu - c’était la conclusion d’un rapport et d’un avis du Haut conseil de l’évaluation de l’école, qui indiquait, je cite que « les diverses évaluations sont très peu utilisées ».

Il préconisait « que la publication des résultats des travaux et la mise à disposition des outils d’évaluation soient systématiquement accompagnées, d’une part, par des informations qui permettent aux responsables et aux acteurs d’en débattre et de se les approprier et, d’autre part, d’une formation qui leur en facilite l’usage ». Information des professionnels, formation des professionnels : on restait dans un registre contrôlé et contrôlable par la puissance publique. Avec le projet actuel, une étape est franchie.

Ecouter la chronique Education du 22 décembre (2’59")

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