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"L’école primaire française, de l’Ancien Régime à l’éducation prioritaire", par Marc Loison

14 janvier 2008

Estrait de Maville.com du 23.12.07 : Entre Marc Loison et l’école primaire, c’est de la passion

Marc Loison est un universitaire atypique, point imbu de sa personne, au vocabulaireaccessible au commun des mortels. Mais comme ses pairs, intarissable, toujours féru derecherches dans son domaine de prédilection, l’histoire... de l’éducation. Il vient de publier un ouvrage, « L’École primaire française, de l’Ancien Régime à l’éducation prioritaire », où il met à mal nombre d’idées reçues à travers les siècles, de Jules Ferry à nos jours. Y compris dans l’Artois.

PROPOS RECUEILLIS PAR DANIELLE BÉCU

Vous consacrez une des parties de votre livre à « l’irritante question de l’alphabétisation », et à l’école face à l’hétérogénéité et à l’exclusion. Quelle est la réalité aujourd’hui ?
Je suis tarabusté depuis longtemps par le mal qu’ont les élèves à entrer dans la culture écrite. Il y a dix ans, j’ai consacré ma thèse de doctorat à l’illettrisme dans le milieu rural. (...) Il est faux d’affirmer que Jules Ferry a scolarisé le pays à tout va au XIXe siècle, puisque 16 % des enfants échappaient à l’école. Les comptages de l’époque, eux, se fondaient sur les signatures des registres de mariages (!) pour affirmer que 3 % seulement de la population étaient illettrés. J’ai sondé soixante-dix communes sur les deux cents de (l’ancien) arrondissement d’Arras pour mettre le doigt sur ce flou artistique, et remonter le pourcentage à 17 %. Les cantons ruraux de Bapaume, Bertincourt, Marquion, Pas-en-Artois, ne se situaient pas dans le contingent de l’alphabétisation aisée. Mais pas celui de Vimy, qui était dans le giron des Mines.
C’est encore le cas aujourd’hui... Oui, même si cette réalité ne fait pas plaisir. Les personnes les moins lettrées aujourd’hui sont toujours les travailleurs saisonniers.

Quelles vérités apparaissent encore grâce à vos recherches ?
Que les étrangers immigrés ne forment que 10 % des illettrés que les zones urbaines où l’éducation prioritaire est déclenchée sont moins atteintes que les zones rurales. Que le pourcentage des élèves qui devaient recevoir l’éducation prioritaire, déclenchée en 1998, n’était pas de 20, mais de 30 %. Que l’académie de Lille, avec ses 15 % d’illettrés, se range au peu glorieux troisième rang national.

Étiez-vous un élève dissipé, ou zélé ?
J’étais studieux et sérieux (il sourit). Vous savez, je suis d’Amettes, un village du Béthunois à forte prégnance religieuse. Dans les années soixante, il y avait là une école communale fréquentée par les garçons, et celle des congrégations religieuses, pour les filles, que les enfants fussent issus de parents catholiques, ou pas. Un abbé qui voulait lancer une école religieuse de garçons influença mes parents, qui étaient des ouvriers. Au lieu d’aller en sixième dans un collège privé, je me suis retrouvé coincé par mon instituteur en classe de fin d’études, pendant trois ans, le temps d’atteindre mes 14 ans et le certificat. J’ai gardé une dent contre l’instit’ et l’abbé. Après, je me suis usé à passer des examens pour rentrer au lycée en quatrième d’accueil et rattraper le temps perdu en deux ans au lieu de quatre, préparer en même temps le concours d’entrée à l’Éducation nationale.
Après le bac, j’ai choisi, contre l’avis de mes profs, de me former à devenir élève maître et ainsi de suite jusqu’à passer le concours de maître de conférences. Ma carrière, je la dois à l’école de la République.

Un nouveau livre bientôt ?
Plusieurs, même, et ce sera du pragmatique : une série de « Je prépare ma classe », un par niveau, jusqu’à l’entrée au collège. Le premier paraîtra chez Vuibert en avril 2008. J’en ai pour cinq ans. •

« L’École primaire française, de l’Ancien Régime à l’éducation prioritaire », par Marc Loison, chez Vuibert, 362 pages, 35 €

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