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Le « Plan banlieue » contesté par Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville, qui estime par ailleurs que "la logique des "zones" n’est plus pertinente".

14 janvier 2008

Extrait de « Alice », le 13.01.08 : La ministre de la Ville dit "ne pas croire" en un « Plan Banlieue », à quelques jours de la présentation par sa secrétaire d’Etat de son plan

"On ne résoudra pas les problèmes des quartiers par un énième plan qui se résumerait à leur donner encore plus de moyens", estime la ministre.

Alors que Fadéla Amara doit présenter son fameux « Plan banlieue » le 22 janvier, l’interview de sa ministre de tutelle révèle des divergences. La ministre du Logement et de la Ville affirme au journal La Croix (de lundi) "ne pas croire en un "Plan banlieue" mais en une autre politique de la ville".

"Je crois en la réponse beaucoup plus globale d’une nouvelle politique de la ville", poursuit-elle, estimant qu’"on ne résoudra pas les problèmes des quartiers par un énième plan qui se résumerait à leur donner encore plus de moyens, mais par le désenclavement physique, culturel, psychologique, économique des quartiers, en recréant du lien entre tous les espaces de la ville".

"Je lui ai donné la liberté qu’elle demandait"

Pour autant, Christine Boutin assure qu’elle accompagnera bien sa collègue à Vaulx-en-Velin dans le Rhône le 22 janvier, si la date est confirmée, pour la présentation des grandes lignes de son « Plan banlieue », officiellement baptisé plan "Egalité des chances". "Il faut reconnaître que Fadéla Amara été confrontée à une tâche très difficile, mais je lui ai donné la liberté qu’elle demandait de gérer personnellement ce dossier", rappelle Christine Boutin.

Toutefois, "ce ne sont pas forcément des moyens supplémentaires qui seront nécessaires, mais une meilleure distribution des fonds et l’implication de tous les ministères". "Des milliards d’euros ont été versés depuis plus de 30 ans", insiste-t-elle. "Or, le mode de distribution des aides est devenu beaucoup trop compliqué. Faisons confiance aux élus locaux. Donnons enfin aux maires la maîtrise des choix des dépenses. Il sera nécessaire aussi de revoir la fiscalité locale".

DH (avec agence) le 13.01.08 à 20 h 25.

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Extrait de La Croix du 14.01.08 : Christine Boutin : « Il faut désenclaver les quartiers, créer du lien dans toute la ville »

La ministre du logement appelle de ses voeux une rupture avec la politique des banlieues qui a enclavé les cités sensibles. Entretien

La Croix : Irez-vous le 22 janvier à Vaulx-en-Velin, dans le Rhône, avec Fadela Amara, qui présentera les orientations de son plan banlieue ?
Christine Boutin : J’irai à Vaulx-en-Velin si Fadela Amara confirme cette rencontre. J’ouvrirai cette journée et puis lui laisserai la responsabilité de présenter ses conclusions. Il faut reconnaître qu’elle a été confrontée à une tâche très difficile, mais je lui ai donné la liberté qu’elle demandait de gérer personnellement ce dossier.

Est-ce d’un nouveau plan banlieue que viendra la solution aux problèmes urbains ?
Le plan « Égalité des chances » de Fadela Amara est centré sur les banlieues. Moi, je crois en la réponse beaucoup plus globale d’une nouvelle politique de la ville. On ne résoudra pas les problèmes des quartiers par un énième plan qui se résumerait à leur donner encore plus de moyens, mais par le désenclavement physique, culturel, psychologique, économique des quartiers, en recréant du lien entre tous les espaces de la ville. Je ne crois pas en un plan banlieue, mais en une autre politique de la ville.

Quelles sont limites d’une politique des banlieues ?
Depuis des années, nous nous enfonçons dans l’erreur d’enfermer les « quartiers » dans une identité stigmatisante. Or, la ville n’est pas l’addition de quartiers mais un sentiment d’appartenance à un territoire fondé sur des solidarités humaines. La logique des « zones » à la base de toutes nos politiques d’aides a dressé des frontières entre les paysages urbains. Ce système a ghettoïsé des territoires. On enferme les populations dans le regard que l’on porte sur elles.

Aujourd’hui, il s’agit de rompre avec cette logique, de décloisonner, de faire exploser les frontières. Ce ne sont pas forcément des moyens supplémentaires qui seront nécessaires, mais une meilleure distribution des fonds et l’implication de tous les ministères. Je suis allée, sans tambour ni trompette, rencontrer le maire de Villiers-le-Bel. Sa commune, m’a-t-il confirmé, a bénéficié des mesures clés de la politique de la ville depuis vingt ans. Ce n’est pas seulement une question d’argent qui ferait défaut. Le problème, c’est aussi que les services publics ont déserté sa ville. Il faut un effort global en direction de l’éducation, de la santé, de l’emploi... Et il faut changer les relations entre la police et les jeunes en les fondant sur le respect mutuel.

Est-ce que cela signifie qu’il ne faut pas donner plus aux quartiers défavorisés ?
Des milliards d’euros ont été versés depuis plus de trente ans. Or, le mode de distribution des aides est devenu beaucoup trop compliqué. Faisons confiance aux élus locaux. Donnons enfin aux maires la maîtrise des choix des dépenses. Il sera nécessaire aussi de revoir la fiscalité locale.

Remettez-vous en cause la politique de rénovation urbaine ?
Bien sûr que non. Nous devons poursuivre cette politique lancée par mes prédécesseurs pour rendre vivables des quartiers. Je constate cependant que, dans bien des centres-villes, des logements sont plus indignes que ceux que l’on rénove en périphérie. De ce point de vue encore, la logique des « zones » n’est plus pertinente.
Propos recueillis par Bernard GORCE

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Extrait de Yahoo actualités du 14.01.08 : Boutin : "la politique de la Ville ne se résume pas à la politique des banlieues"

PARIS (AFP)10h47 - Après l’annonce, la semaine dernière, du report au mois de février de la présentation du "plan banlieue" par le président Sarkozy, Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville, a ajouté lundi à la cacophonie en déclarant "ne pas croire en un plan banlieue".

"Je ne crois pas en un plan banlieue mais en une autre politique de la Ville", a affirmé la ministre dans une interview accordée à La Croix.

"Le plan "Egalité des chances" de Fadela Amara est centré sur les banlieues. Moi, a-t-elle ajouté, je crois en la réponse beaucoup plus globale d’une nouvelle politique de la Ville. On ne résoudra pas les problèmes des quartiers par un énième plan qui se résumerait à leur donner encore plus de moyens".

Jointe au téléphone lundi par l’AFP, Mme Boutin a souligné que la contradiction entre "la phrase de La Croix sortie de son contexte" et les orientations que Fadela Amara s’apprête à annoncer le 22 janvier à Vaulx-en-Velin n’était "qu’apparente". La politique de la Ville "ne se résume pas à la politique des banlieues" mais "cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas un plan banlieue", a-t-elle rectifié.

Mardi dernier, lors de sa conférence de presse, Nicolas Sarkozy avait déjà jeté un pavé dans la mare, en annonçant le report au début février de la présentation du plan Banlieue, auquel travaille d’arrache-pied la secrétaire d’Etat à la Ville Fadela Amara, qui devait avoir lieu le 22 janvier à Vaulx-en-Velin. Mme Amara a reconnu elle-même ses difficultés à finaliser son projet en déclarant que le président lui avait demandé de "booster" son plan. "La caractéristique de ce plan, c’est qu’il reposera davantage sur les personnes que sur les territoires", a prévenu M. Sarkozy.

MMme Boutin a développé cet aspect en soulignant que "la logique des "zones" à la base de toutes les politiques d’aides a dressé des frontières entre les paysages urbains". "Ce système a ghettoïsé des territoires", a-t-elle ajouté. Lors de la préparation du plan pendant l’automne avec les acteurs de la banlieue, Mme Amara avait évoqué l’idée de déterminer des zones par couleurs (verte, orange ou rouge) pour mieux s’attaquer aux difficultés croissantes que rencontrent les "quartiers".

Mme Boutin a fait valoir aussi que "la logique des zones" n’était "plus pertinente", remarquant que l’habitat indigne affectait aussi les centre-villes anciens. Pour elle, "ce ne sont pas forcément des moyens supplémentaires qui seront nécessaires mais une meilleure distribution des fonds". Elle a estimé que le mode de distribution des aides était "devenu beaucoup trop compliqué" et qu’il "sera nécessaire de revoir la fiscalité locale".

Reçus en fin de semaine dernière par Mmes Boutin et Amara, plusieurs maires de banlieue avaient ardemment plaidé pour "une péréquation fiscale entre villes riches et villes pauvres". Une telle réforme, soulignent-ils, est indispensable pour les quelque 150 communes les plus pauvres qui disposent de budgets inférieurs de 20 à 40% au budget moyen des communes alors que leurs administrés comptent eux-mêmes parmi les populations les plus défavorisées.

En novembre dernier, la Cour des comptes avait dressé un bilan sévère de la politique de la ville menée depuis 2002, jugeant son efficacité "incertaine" en raison notamment de dispositifs trop lourds et complexes et ce, en dépit des milliards dépensés. Elle avait aussi remarqué que 19 ministres de la ville s’étaient succédés en 17 ans.

Par Anne-Marie LADOUES AFP

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