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« L’Expresso » : « La banlieue a moins besoin qu’on flatte ses éventuelles élites qu’on scolarise correctement sa base »

15 février 2008

Extrait de « L’Expresso » du 14.02.08 : La banlieue laissée en plan

Peut-on mener une politique sociale sans moyens ? C’est ce que Fadela Amara et Xavier Darcos voulaient faire croire, jeudi 14 février, en présentant à la presse le plan, pardon "la dynamique Espoir banlieues".

Il est vrai que le plan prend en compte la dimension géographique des inégalités sociales quand il propose la destruction - reconstruction de certains collèges hors du quartier ou le busing des élèves, ou encore quand le plan envisage de financer des transports en commun. La mobilité géographique qui découlera de ces mesures pourrait être un élément individuel de réussite. Pour autant ces mesures ont-elles une portée sociale ?

La mobilité géographique ne saurait remplacer la mobilité sociale. Les mesures envisagées, par exemple les 5% Cpge, les filières d’excellence, visent plus à créer une petite "élite" en banlieue qu’à avoir un effet d’entraînement sur tous les jeunes. Nombre d’établissements de banlieue ont déjà développé des filières prestigieuses. Cette politique facilite le maintien dans l’établissement d’enfants issus de milieu plus favorisé mais à condition qu’ils soient scolarisés dans une classe d’excellence.
Autrement dit, elle ajoute aux formes de relégation externes à l’établissement une dernière discrimination interne. La création de nouveaux établissements privés accentuera ces discriminations en écrémant davantage les classes des établissements du quartier.

La banlieue a moins besoin qu’on flatte ses éventuelles élites qu’on scolarise correctement sa base. Rappelons quelques traits de ces quartiers : le très fort nombre de jeunes qui décrochent, quittent l’Ecole sans qualification : la France est le second pays de l’Ocde pour le pourcentage de ces jeunes qui n’ont ni formation, ni travail ; les redoublements accumulés dès l’école primaire ; le mauvais état sanitaire des écoliers. C’est dans les premières années de la scolarité que l’écart se creuse entre écoliers. Et c’est donc là qu’il faudrait agir pour améliorer le niveau de tous. Et non au sommet pour exfiltrer les meilleurs.

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