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La manif des lycéens de la ZEP de Lormont (33)

16 février 2005

Extrait de «  Libération » du 15.02.05 : « On ne peut pas faire le choix de se taire »

Depuis la dernière manifestation de jeudi, les lycéens entretiennent la mobilisation.

Les lycéens étaient 100 000 dans les rues jeudi dernier. Combien aujourd’hui, alors que 22 académies sur 26 sont en congé ? Libération a pris le pouls à Bordeaux, lors d’une grève surprise hier, et dans un prestigieux lycée parisien.

Bordeaux, cité de Lormont : manif spontanée à coups de SMS.

Hier matin, au coeur de la cité de Lormont, près de Bordeaux, le lycée Elie-Faure, classé en ZEP, entend un grondement : « Une seule solution, c’est la révolution ! » Le lycée technique voisin des Iris débarque en force, frappe aux portes, emmène dans son sillage une centaine de lycéens. Deux pas en avant, un pas en arrière : certains rebroussent chemin, inquiets de manquer trop de cours. A force de SMS et d’appels, ils seront tout de même quelques centaines place de la République, à Bordeaux, en guise d’« échauffement ».

Pour Magali (terminale L), il faudrait carrément « une grève d’une semaine ». Une sorte de mouvement continu contre le contrôle continu, dont personne ne croit au retrait. « Fillon le repassera en douce, pendant des vacances ou des examens », pronostique Damien. La disparition d’options mobilise aussi. Surtout ceux qui étudient l’économie (ES), et qui ont peur qu’elle ne soit plus proposée en classe de seconde. Crainte plus diffuse : celle d’être toujours plus étiqueté. Au choix, pensionnaire d’un lycée trop moyen, incapable de suivre une filière générale, ou juste situé en ZEP. « Certains lycées alentour ne font pas la demande [de ZEP] car ils ont peur d’avoir une mauvaise image », regrette Nadia. Karim, en filière techno, réclame plus de moyens : « On est 35 par classe, c’est trop. Et on a des profs vacataires qui ne sont pas assez formés. »

Les lycéens, eux, ne sont pas assez informés. A l’image de leur manif improvisée sans but ni itinéraire, ils disent ne pas savoir où ils vont. « J’aimerais bien faire du design, explique Thomas. Mais c’est parce que j’ai vu un truc à la télé. On tâtonne, au pif. On ne connaît qu’une infime partie des métiers qui existent. » Lucie (1re ES) a le même sentiment : « On n’est pas assez tourné vers l’extérieur. Dans toute ma scolarité, je n’ai jamais fait une visite, un voyage. Il faudrait qu’on connaisse autre chose que le rap et le R & B. » Pour elle, les TPE (travaux personnels encadrés), dont les élèves choisissaient le sujet, permettaient de « sortir, d’interviewer des gens, de s’ouvrir ». Malheureusement, ils ne seront plus au programme à la rentrée.

(...)

Michaël HAJDENBERG et Marie-Joëlle GROS

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