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Quelques points en débat : discrimination positive, formation spécifique, prime ZEP... (Bulletin n° 8, septembre 1995)

4 septembre 1995

Bulletin de l’association OZP, n° 8, septembre 1995

QUELQUES POINTS EN DÉBAT

La discrimination positive

Cette expression paradoxale entraîne un débat à l’OZP. Il ne s’agit pas du concept évoqué (le choix d’une priorité ou d’un avantage pour une catégorie ou une zone), qui reçoit l’adhésion de tous, mais de l’emploi de cette expression qui est, selon certains, utilisée comme s’il ne s’agissait que de distributions matérielles.

Pris dans un sens quantitatif, l’emploi de cette expression pose évidemment des questions : il suggère que tout le territoire pourrait être découpé en zones ayant chacune une mesure de richesse (ou de pauvreté) et que l’Etat distribuerait proportionnellement ses subsides. Cette mécanique entraînerait la disparition du partage actuel (ZEP/non ZEP), mais surtout celle des projets de zones. Car le dispositif actuel implique la volonté d’équipes de terrain sur un projet, les moyens n’arrivant ensuite que pour permettre leur mise en œuvre.

Il faut remarquer que le concept de discrimination positive, au sens complet, ne concerne pas que les zones, mais également les choix prioritaires décidés par les niveaux intermédiaires, communes, départements, régions, ou niveaux correspondant à d’autres classements.

Formation obligatoire ou optionnelle ?

Faut-il, dès les années d’IUFM, préparer spécifiquement les futurs enseignants à travailler en ZEP ? Cette formation doit-elle être obligatoire pour tous, ou seulement optionnelle ? De quelle nature doit-elle être ? Les membres de l’OZP n’ont pas, sur cette question, de position unanime.

• Certains estiment qu’une formation spécifique « ZEP » ne peut être dispensée à l’IIUFM.
Divers arguments sont avancés :
 il s’agit d’abord d’apprendre le métier dans ses aspects ordinaires : formons des enseignants compétents, ils le seront également en ZEP ;
 une formation sur les ZEP n’a de validité qu’en action, sur le terrain ;
 on ne dispose pas actuellement des ressources suffisantes en formateurs - ni en professeurs d’IUFM, ni en « maîtres/professeurs-formateurs » sur le terrain - et il n’y a pas de projets permettant l’articulation entre les deux.

• D’autres pensent qu’on ne peut faire l’impasse sur ce sujet.
Divers arguments sont avancés :
 les étudiants arrivent à l’IUFM avec de fortes représentations, souvent négatives, sur les ZEP ;
 celles-ci sont génératrices d’appréhension, notamment à l’approche des premières nominations ;
 l’expérience de plusieurs formateurs montre qu’une (in)formation, même minimale, permet de rassurer, de dédramatiser, de rectifier certains a priori ;
 à l’IUFM, en deuxième année, se côtoient des étudiants qui font des stages (en responsabilité ou en pratique accompagnée) dans des ZEP et d’autres hors ZEP ; l’échange entre les deux contribue à créer une image plus juste des ZEP.

En réalité, ce qui est posé, c’est peut-être moins le principe d’une formation dès l’IUFM que les modalités de mise en place et les contenus de cette formation.

On pourrait se mettre d’accord sur quelques objectifs à court ou moyen terme.

1 - Assurer à tous les étudiants d’IUFM une formation minimale sur les ZEP, pour faire tomber certains a priori, dédramatiser, informer sur un dispositif qui fait maintenant bien partie du paysage éducatif français.

2 - Monter des projets de formation avec une articulation forte entre les formateurs IUFM et le terrain des ZEP, par exemple au moyen de conventions.

3 - Rechercher et créer les ressources humaines nécessaires à cette formation, ce qui suppose dès maintenant un repérage des formateurs compétents sur et dans les ZEP (de manière à constituer un réseau, lui-même destiné à s’étendre progressivement).

4 - Mettre en place une véritable formation initiale continuée pour les débutants nommés en ZEP.

La prime ZEP

Sous ces termes utilisés habituellement dans les ZEP, il faut voir l’indemnité de sujétion spéciale attribuée aux personnels exerçant en ZEP.
Elle existe depuis le moment de la création de l’OZP et a immédiatement entraîné des débats : certains membres l’approuvant, d’autres pas. Cependant, la question se limita rapidement à son caractère automatique d’attribution, la « reconnaissance de la Nation », selon les mots du ministre, étant finalement approuvée par tous.

La question est donc de savoir s’il est satisfaisant que toute personne exerçant en ZEP bénéficie de cette indemnité. Une autre question est de savoir si cette ISS n’induit pas que la pénibilité des élèves et des parents nécessite une prime, alors que la justification est plutôt la sujétion apportée par l’obligation de participer à la mise en œuvre du projet de zone.

Il semble qu’aujourd’hui, majoritairement, les membres de l’OZP, au-delà de la reconnaissance de cette indemnité, estiment que son attribution aux seuls enseignants effectivement impliqués dans la zone, scinderait les équipes (potentielles) et inciterait les non-participants à tirer définitivement un trait sur le dispositif prioritaire.

Les associations « amis de la ZEP »

Le bon fonctionnement d’une ZEP requiert une certaine souplesse dans le financement de ses projets ; mais dans bon nombre d’endroits, cette souplesse est entravée par la rigidité de la comptabilité publique (prévision annuelle, complexité du financement pour le travail inter-degré...). Cette difficulté peut même avoir un effet pervers : donner des prétextes pour l’annulation pure et simple de certains projets.

On se trouve donc devant le dilemme suivant :

 Former une association qui gérera les finances de la ZEP, avec les éventuels dangers de dérapage inhérents à ce genre de structure. Cette solution trouve sa justification dans le fait que l’association devient la représentante de la ZEP en tant que telle, lui assure une identité dépassant chaque établissement qui la compose. On peut imaginer alors que le président de cette association sera désigné selon une fonction (IA, principal, etc.).

 Rester fidèle au service public - un des principes fondamentaux du « socle » publié ci-dessus -, mais alors il ne faut pas confondre rigueur, nécessaire à une gestion saine des fonds publics, et rigidité. On peut alors, dans ce deuxième cas, s’orienter vers des solutions déjà expérimentées dans d’autres ministères (Affaires sociales, par exemple), où une collaboration entre service public et association privée s’est révélée efficace : l’association gère les fonds sous le contrôle du ministère.

Peut-être l’Education nationale peut-elle laisser un peu de sa méfiance vis-à-vis du secteur privé, et essayer des formules semblables.

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