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La rénovation urbaine ne peut, à elle seule, agir sur les pratiques sociales scolaires : un exemple dans l’Essonne (synthèse d’une table ronde, décembre 2008)

4 mars 2010

Dans le cadre d’une réflexion sur la question sociale dans les démarches de rénovation urbaine, le Centre de Ressources a organisé une journée d’information et de réflexion autour de trois tables rondes : « peuplement et trajectoires résidentielles » ; « l’éducation et l’école au cour des projets » ; « les effets sur l’intervention sociale ».

Extrait du site du crpv91, Centre de ressources Politique de la ville en
Essonne, le 01.03.10 : Rénovation urbaine : quels effets sur la mixité
sociale, l’éducation et l’action sociale ?

Un extrait du compte rendu : deuxième table ronde « L’éducation et l’école au coeur des projets »

Intervenants : Christophe BAUDE, chef de projet MIPOP, GIP de Grigny et Viry-Châtillon ; Gérard FOURNEAU, directeur de l’école primaire Arthur
Rimbaud, Chanteloup-les-Vignes ; Evelyne BOUZZINE, directrice du Centre de Ressources Politique de la Ville en Essonne.

Très souvent, l’école se situe physiquement au coeur des quartiers, au pied des tours, au milieu des barres où logent les élèves qui fréquentent les salles de classe. Elle est donc un lieu d’observation des changements vécus par les familles vivant dans les secteurs en restructuration urbaine. Pour autant, la question éducative entre-t-elle concrètement en relation avec celle de la rénovation urbaine ? Existe t-il des projets qui prennent en compte les deux dimensions et permettent aux deux politiques (éducative et urbaine) de se rejoindre ? Existe-t-il des initiatives locales intéressantes ?

Les professionnels de l’Ecole, acteurs centraux de l’éducation, sont les
témoins privilégiés des changements sociaux opérés lors du renouvellement urbain. Ils sont en première ligne pour percevoir les trois types d’évolutions possibles dans les quartiers en restructuration :
 les évolutions des habitants du territoire en termes de catégories sociales ;
 les évolutions de l’école elle-même dans son rôle, son statut (les bâtiments scolaires pouvant eux-mêmes faire l’objet de démolitions, rénovations, réhabilitations, etc.) ;
 les mutations en matière de sociabilités.

Concernant les deux premiers points, l’exemple de l’Ecole Rimbaud, à
Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, montre bien que les mutations du bâti peinent à se traduire concrètement par des évolutions sociales
positives.

L’école Rimbaud fait partie des 10 établissements scolaires de la Cité (la
ZAC Lanöé), classés en ZEP (Zone d’Education Prioritaire) et RAR (Réseau Ambition Réussite) et considérés par la population comme proposant un « sous enseignement », comparativement à l’école du village, « la bonne école ».

Très stigmatisée du fait d’importants problèmes de violence et soucis de
gestion, l’école Rimbaud est, dans l’esprit des parents, « l’école qui va
bientôt fermer ». Depuis 1982, le quartier où elle se situe, conçu comme
autant de places fermées sur elles-mêmes, connaît plusieurs projets de
rénovation. Dans le cadre du GPV (Grand Projet de Ville), l’école Rimbaud a été rénovée et ses alentours ont subi des mutations importantes. Quatre à cinq ans plus tard, quels sont les effets de ces changements du paysage urbain sur la population ? Peut-on percevoir un impact en terme de mixité sociale ?

La destruction de la place de la Lance à Chanteloup-les-Vignes, secteur dont était issu un tiers des effectifs de l’école, a dispersé les enfants de l’école Rimbaud dans d’autres écoles (le trajet étant souvent trop long pour que les enfants continuent à venir à Rimbaud). Par ailleurs, l’école a été revalorisée : elle a été à la fois rénovée et entourée d’une nouvelle zone pavillonnaire, censée attirer des couches sociales moyennes venant d’autres communes.
Malgré toutes ces restructurations, les impacts en terme de mixité peinent à se faire sentir. Aujourd’hui, les profils des enfants fréquentant l’école ont un peu évolué mais n’ont guère changé : il s’agit, comme par le passé, d’enfants appartenant majoritairement à des familles d’origine étrangère, avec peu de moyens financiers. Peu d’enfants habitant les zones pavillonnaires fréquentent l’école Rimbaud (12% en 2006- 2007, 27% en 2008-2009). Certains parents, qui avaient initialement scolarisé leurs enfants dans cette dernière, ont finalement préféré les changer d’établissement.

Insécurisés par le comportement d’élèves fréquentant l’école (résistance à l’autorité des adultes, insolence), ils ont en effet adopté des stratégies d’évitement (demande de dérogation à l’école « Mille visages » ouverte depuis peu à proximité) en invoquant des problèmes médicaux (maux divers, stress, angoisse...). Cela traduit une différence non négligeable entre les parents des zones pavillonnaires et ceux des tours, en matière d’attentes par rapport à la normalisation du fonctionnement de l’école.

Aussi, l’implantation et le public originels de l’école continuent aujourd’hui
de marquer profondément son image. Les participants à la table ronde s’accordent à dire que l’urbanisme ne peut pas régler les problèmes quotidiens d’une population en l’absence d’une politique éducative cohérente au niveau local.

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Le site du crpv91

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