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Note de veille du Centre d’analyse stratégique : Des « ghettos » français : abus de langage ou réalité ? Le débat sur la ségrégation à l’heure de la réforme de la politique de la ville ? (avec des passages sur la politique éducative territoriale)

9 juin 2010

Selon certains analystes, une partie des quartiers populaires de banlieue, en dépit des interventions dont ils font l’objet depuis plus de trente ans, aurait évolué vers une forme de ghettoïsation. Le constat ne porte pas seulement sur leur paupérisation et la surreprésentation des immigrés et de leurs descendants en leur sein. Il vise à alerter sur les effets du renfermement de ces quartiers sur eux-mêmes, effets d’ailleurs moins sensibles sur la collectivité que sur les destinées individuelles de leurs habitants (perte de chances), leurs attentes (subculture et rejet des
institutions) et leurs sociabilités quotidiennes (brutalisation et racialisation des rapports sociaux), particulièrement pour les plus jeunes. S’il ne s’agit en aucun cas de postuler que les quartiers populaires de banlieue seraient désormais les égaux des ghettos noirs américains, l’usage français du terme, pour l’essentiel métaphorique ou dérivé, peut néanmoins poser problème.

Au-delà de la querelle de lexique, ce recours induit un risque de stigmatisation qui ne serait pas sans effets
pervers ; plus encore, la focalisation sur l’hypothèse d’un « effet quartier » risque de faire oublier les autres mécanismes générateurs d’inégalités. Ces discussions, pour l’essentiel académiques, sont d’un grand intérêt dans le contexte de préparation d’une réforme de la politique de la ville,
souhaitée par le gouvernement à l’horizon 2011. Elles contribuent à éclairer les arbitrages à venir et à définir la part souhaitable de la rénovation urbaine et de l’objectif de mixité ; celle des politiques
d’investissement social territorialisées ; l’adaptation de la géographie prioritaire, en tant qu’instrument d’action publique, à de nouvelles formes de précarisation territoriale ; l’échelle pertinente d’intervention selon les priorités en présence.

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 La « ghettoïsation » en France : retour sur une préoccupation et actualité du débat
[...]

 Les critiques de la « ghettoïsation » : un débat terminologique mais aussi sur les constats et les enjeux (page 5)
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 Au-delà du ghetto : revisiter la politique de la ville ? (page 10)
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 L’idéal de mixité sociale : à quel point est-il réaliste ou souhaitable ? (page 11)
[...]

 Sur les territoires, promouvoir la mobilité sociale par un investissement dans les personnes (page 12)
[...]
La politique éducative est un autre volet. Le programme de réussite éducative concerne déjà 245 000 enfants dans 644 communes, auquel s’ajoutent des mesures liées à l’excellence (internats et tutorat dits
« cordées de la réussite »). Plus fondamentalement, le ciblage des moyens dans certains établissements est une piste récurrente, sans que l’actuel périmètre de l’éducation prioritaire, bien que recentrée sur les « réseaux ambition réussite », soit forcément le cadre le plus pertinent.
La division des effectifs des classes est notamment pratiquée en Suède ou aux Pays-Bas, qui ont des quartiers connaissant des difficultés semblables aux nôtres. Une étude, sur des données déjà anciennes, a d’ailleurs estimé que cette division pourrait être réalisée en France à moyens
constants en n’augmentant que d’une unité la taille des autres classes. De petits effectifs ne remédient toutefois pas aux problèmes de qualité ou d’expérience de l’encadrement scolaire. Une meilleure coopération entre les familles des quartiers, souvent entravées dans l’exercice de leurs
responsabilités éducatives par des facteurs qu’elles maîtrisent peu ou mal, et les professionnels est également mise en oeuvre dans un but de réussite éducative. La médiatisation récente du dispositif de la
« mallette des parents », expérimenté dans les collèges de l’Académie de Créteil, a offert un éclairage bienvenu sur cette stratégie. L’objectif était d’accroître la participation des parents d’élèves de 6e à la
scolarité de leurs enfants. Tel qu’il a été déployé, ce dispositif s’est avéré relativement efficace et peu coûteux (moins de 1 500 euros par collège).

Pour les jeunes sortis sans qualifications du système scolaire, l’objectif reste celui d’une deuxième chance, à l’exemple du contrat d’autonomie, qui inclut une dimension de coaching. Proposé durant trois années (2008-2011) à 45 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans les plus en difficultés pour les placer en emploi, en formation ou en création d’entreprise, il a connu une montée en charge très progressive (3 000 contractualisations en 2008, en net rattrapage en 2009), retardée par la volonté de s’ouvrir à de nouveaux opérateurs (hors missions locales et Pôle emploi) et la difficulté, dans un contexte de crise économique, à placer les bénéficiaires.

 Nouvelles précarisations socio-territoriales, nouveaux enjeux pour les politiques publiques (page 13)

La Note de veille, n° 178

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