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Avoir un diplôme est moins protecteur du chômage dans les ZUS (Observatoire des inégalités)

3 avril 2005

Extrait de « L’Observatoire des inégalités », le 03.04.05. Chômage : le diplôme protège moins dans les quartiers sensibles.

Quel est l’effet du niveau de diplôme sur la probabilité d’être au chômage ? Et cet effet est-il le même dans les quartiers dits sensibles que dans le reste du territoire ?
Première constatation, le diplôme protège en effet, et plus il est élevé, plus le taux de chômage s’abaisse, jusqu’à Bac+2 en tout cas. La différence entre les habitants des Zones urbaines sensibles (ZUS) et les autres reste cependant très significative. Pour tous les niveaux de formation allant du BEPC au Bac, les taux de chômage sont donc environ deux fois plus élevés dans ces zones qu’au niveau national.

Seconde constatation, plus étonnante, la protection offerte par un niveau élevé de diplôme produit, dans les ZUS, des effets très différenciés selon le sexe

(ici, voir le schéma sur le site de l’Observatoire des inégalités)
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Dans les quartiers situés hors zones urbaines sensibles, c’est-à-dire les quartiers non prioritaires ne relevant pas de la politique de la ville, l’effet protecteur du diplôme est sensiblement le même pour les hommes et les femmes. Mais dans les ZUS, on constate que les hommes diplômés ont plus de difficultés à échapper au chômage alors que les femmes bénéficient pleinement de cette certification.
Il n’est pas aisé d’expliquer ces effets inversés. Une première hypothèse tient au choix des filières et au processus d’orientation scolaire différents entre les filles et les garçons. Une autre hypothèse doit, elle aussi, être prise très au sérieux : les hommes (notamment les jeunes hommes) diplômés s’affronteraient plus fréquemment à des comportements discriminatoires.
Le stéréotype de la morose, voire menaçante, banlieue n’est-il pas largement construit (dans une partie des médias et de l’opinion) autour de figures masculines ?
Cette représentation négative, non seulement sexuée mais aussi ethnicisée, constitue l’un des ressorts de la discrimination à l’embauche.

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Le chômage dans les quartiers dits sensibles

Près de 4,5 millions de personnes (10 % de la population urbaine) vivaient, au recensement de 1999, dans 751 quartiers classés Zone urbaine sensible (ZUS). Des quartiers "prioritaires" dans lesquels une politique spécifique d’aménagement et de développement social est menée, depuis plus de 20 ans, pour rattraper les inégalités. Malgré la succession de dispositifs, les habitants de ces quartiers connaissent deux fois plus le chômage que le reste de la population.
Cet écart s’explique d’abord par l’effet de la ségrégation urbaine. Ces quartiers ont connu le départ massif des couches moyennes, ils concentrent les difficultés sociales et on y trouve des populations ayant plus de difficultés à obtenir un emploi (sur-représentation des catégories populaires, des jeunes et des personnes peu ou non diplômées notamment).

Toutes ces raisons n’expliquent pas totalement le niveau du chômage dans ces quartiers. Ayant pris en compte ces différents facteurs de disparité, l’INSEE estime encore le risque de chômage significativement supérieur dans les ZUS (+ 4,5 points pour les hommes, + 5,7 points pour les femmes). A l’“effet quartier”, on peut enfin ajouter un “effet origine” : l’écart constaté est aussi une conséquence de la discrimination à l’embauche. Non seulement l’adresse portée sur le CV se transforme en véritable stigmate social, mais les employeurs et agences d’intérim opèrent aussi un tri plus ou moins explicite selon l’origine ethnique des postulants. Ainsi, pour un homme immigré originaire d’un pays non européen, le risque de chômage est majoré de 17 points par rapport à la situation d’un non immigré présentant les mêmes caractéristiques (l’écart est de 15,5 points pour les femmes).
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