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Le pilotage, les contrats de réussite

Le pilotage d’un REP : l’accompagnement des équipes, par Philippe Quentin (responsable REP à Montpellier ) (mai 2003)

2003

Le pilotage d’un REP : quel accompagnement des équipes ?

Contribution Ph Quentin, responsable REP à Montpellier, mai 2003

La question de l’accompagnement, qui n’est ni une "guidance", comme nous l’ont enseigné les approches médico-sociales, ni un "encadrement". L’accompagnement implique une offre de services de l’équipe de pilotage du REP vis-à-vis de demandes exprimées par les équipes pédagogiques au travers du contrat de réussite, afin d’atteindre des objectifs de réussite scolaire des élèves.

Demandes élaborées en référence constante, loyale, aux missions de l’École telles qu’elles sont définies par la loi.

Cette approche permet d’oser retourner la proposition de Patrick SARAMON, dénonçant le contrat de réussite comme étant trop souvent "une injonction hiérarchique descendante" : comment en faire l’outil de travail des enseignants dans leur quotidien, une sorte d’injonction remontante (ndlc : et très professionnelle car référencée aux textes qui régissent l’École) ?

Il est indispensable, si l’on prétend pouvoir accompagner la mise en œuvre des futurs contrats de réussite des REP, que leurs opérateurs en soient -aussi ?- les auteurs. Cette préoccupation va bien au-delà de l’habituel souci de les voir en être les acteurs. L’hypothèse proposée ici est que seul l’auteur, éventuellement collectif, d’un projet est en position de définir et réclamer l’accompagnement qu’il nécessite.

En amont, l’équipe de pilotage du REP a le devoir de faire en sorte que ces contrats soient co-élaborés par les équipes pédagogiques, devenues auteurs. Et d’obtenir par cette démarche qu’ils soient opérationnels pour leurs auteurs, en traduisant la façon dont ils problématisent les enjeux liés à la réussite scolaire, voire au simple fonctionnement normal des établissements scolaires quand il est mis à mal par exemple par un fort sentiment de dégradation du quartier :

 construire un diagnostic, avec l’aide des indicateurs fournis par l’administration mais aussi ceux propres à la dynamique de chaque équipe, en élaborant une description, des hypothèses d’interprétation des données et indicateurs mis en avant,
 déduire de ces hypothèses des objectifs et pistes de travail, qui sont autant de paris assumés, déterminés parmi tous les possibles. Une remarque à ce propos : il est clair qu’à partir d’une situation donnée, plusieurs diagnostics sont possibles, privilégiant tel ou tel aspect de la réalité ; à partir d’un diagnostic et d’hypothèses d’explication donnés, différents objectifs et pistes de travail sont également possibles.

Comme l’écrit l’OZP, "le processus d’élaboration sera au moins aussi important que le contenu des futurs contrats de réussite", puisqu’il garantira ou non que leurs opérateurs se les approprieront et chercheront à les mettre en œuvre comme cadre reconnu de leur activité professionnelle, condition si ne qua non pour que la question de l’accompagnement de la mise en œuvre des contrats de réussite par les équipes de pilotage REP se pose...

Trois idées viennent à l’esprit quant au rôle des équipes d’animation des REP, sans prétendre à l’exhaustivité :

 1 faciliter l’implication des enseignants dans la conception et la mise en œuvre du contrat de réussite,
 2 aider à ce que ce contrat soit un cadre ouvert autorisant la saisie de toute opportunité nouvelle sur sa durée,
 3 user du positionnement non hiérarchique de "responsable" du REP pour être clairement aux côtés des équipes pédagogiques en cas de problèmes.

1. Faciliter l’implication des enseignants dans la conception et la mise en œuvre du contrat de réussite.

Les conditions d’élaboration du précédent contrat n’ayant pas permis une véritable implication des enseignants, il faut souvent compenser une véritable réticence à mener cet effort d’analyse et d’engagement.

Sur le REP ALCO, à Montpellier, le groupe de pilotage (trio d’animation + directeurs d’école) a proposé un diagnostic, une analyse et 6 objectifs, qui ont été soumis aux enseignants. Un document complet a été adressé à chaque cycle dans l’élémentaire, accompagné d’un courrier par enseignant, l’invitant à se saisir de ce document de travail, et à y réagir en conseil de cycle ou de maîtres de l’école, en le modifiant ou en le complétant éventuellement, y compris au niveau de la définition d’objectifs.

Pour la définition des pistes de travail liées à chaque objectif, la structuration suivante est proposée, afin que surtout aucune proposition essentielle ne soit écartée si elle est jugée utile au motif qu’elle dérogerait à l’usage :

 ce qui relève de l’organisation ordinaire de la classe, de l’école,
 les expérimentations et innovations proposées,
 les collaborations avec les autres REP proches (répartition de dossiers pilotés par l’un ou l’autre REP, mutualisation de moyens, de ressources...), et équipes non-REP.

Pour ce qui concerne la mise en œuvre du contrat de réussite, la préoccupation essentielle est donc bien l’implication des enseignants dans ce qui est leur contrat. La seconde est d’offrir la possibilité à tous de consacrer du temps à faire vivre, au-delà du champ habituel d’exercice -la classe pour l’enseignant, l’école pour le directeur d’école, etc- les pistes de travail retenues.

Il faut offrir du temps, en mettant à la disposition par exemple des directeurs et du coordinateur du REP, des ressources administratives de la circonscription ou du collège : pour le suivi des factures, pour alléger la charge de travail administratif des directeurs, même déchargés. Ce temps récupéré doit leur permettre d’animer tel ou tel volet du contrat.

Sur le département de l’Hérault sont explorées, par la cellule formation de l’Inspection Académique, de nouvelles dispositions permettant aux équipes de disposer de temps : stages R3 (remplacement des enseignants assuré pendant trois semaines par des professeurs des écoles stagiaires dans le cadre de leur formation) d’école, de cycle sur l’ensemble d’un REP, ou encore de " rattrapage " (l’idée est alors de compenser par un crédit temps récupéré en fin d’année les heures consacrées hors horaires scolaires à la mise en œuvre d’actions programmées dans le contrat de réussite).

2. Aider à ce que ce contrat soit un cadre ouvert autorisant la saisie de toute opportunité nouvelle sur sa durée.

Aussi riche soit-il, il y aura sur sa durée de l’imprévisible autour du contrat de réussite, du fait des personnes qui y travaillent, du fait d’opportunités liées à de nouveaux partenariats, etc.

Le contrat de réussite ne saurait être opposé à toute initiative cohérente avec l’évolution des besoins ressentis et analysés : il ne doit pas être de ce point de vue un cadre contraignant.

On a pu montrer que sur l’exercice précédent, toujours sur le REP ALCO à Montpellier, le travail pédagogique mené autour de la narration de recherche en mathématiques en cycle III/6e, les ateliers d’écriture en maternelle, ceux de langage pour les non-francophones, la mise en œuvre d’inspections à projet, un important projet européen sur les langues vivantes, le développement de projets financés par la Politique de la Ville et le FASILD, l’intervention sur un projet de mini-entreprise de la Fondation Agir contre l’Exclusion, l’expérimentation de stages R3 d’école et de nombreuses dispositions expérimentales prises au collège du REP n’étaient pas inscrits dans le Contrat de Réussite.

3. User du positionnement non hiérarchique de " responsable " du REP pour être clairement aux côtés des équipes pédagogiques en cas de problèmes.

On pourrait débattre sur ce terme de "responsable" de REP, qui introduit une idée de hiérarchie implicite supplémentaire, alors qu’elle est ici inutile. Un "pilote", un "animateur" de REP pourra prendre des positions ou entreprendre des démarches qui sont difficiles si l’on se réfère aux statuts d’IEN ou chef d’établissement, mais que l’on estime indispensables.

Ceci se pose par exemple face à des responsables institutionnels, quand il s’agit de les interpeller sur des aspects qui nuisent au bon fonctionnement de l’École et relèvent de leur responsabilité : collectivités territoriales, autres services de l’État...

Ce pilote du REP, positionné plus en animateur qu’en inspecteur ou chef d’établissement, pourra également travailler dans un partenariat mieux positionné par rapport aux associations et autres acteurs locaux. Tout n’est pas compatible entre le statut de responsable institutionnel des personnels d’inspection et de direction et ce besoin d’ "aller au charbon", de dire les problèmes, de prendre des risques -relatifs !- au-delà du statutairement correct..

Deux remarques pour terminer, sur l’articulation projet collectif d’équipe et contrat de réussite d’une part, projet professionnel de chacun d’autre part.

Dans la logique présentée ici, il devient essentiel que les projets des écoles et établissements du REP soient élaborés en amont du contrat de réussite, puisque ce dernier doit s’y enraciner.

Si le "bon" contrat de réussite peut être défini comme celui qui sera fédérateur des dynamiques des équipes qui travaillent sur le territoire du REP (équipes pédagogiques, équipes de direction et de circonscription...), tout projet collectif (de cycle, d’école, d’établissement) a le problème de devoir rejoindre le projet professionnel individuel de chacun. Cette articulation projet collectif/projet individuel est essentielle, mais c’est là une autre histoire...

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