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Les petites zones d’imperfections des ZEP de l’Ile Maurice

23 avril 2005

Extrait de « L’Express.mu » du 23.04.05. : les ZEP de l’Ile Maurice et leurs petites zones d’imperfection

Le projet est plus que salutaire. C’est un rayon de soleil pour plusieurs des 28 écoles des zones d’éducation prioritaires (ZEP). Mais, malheureusement quelques nuages l’éclipsent. Les ZEP rencontrent bien des problèmes sur le terrain.

Hier, lors d’un atelier de travail au Rajiv Gandhi Science Centre de Bell-Village, les maîtres d’écoles des 28 établissements primaires, des représentants de compagnies ainsi que des parents impliqués dans le projet ont échangé leurs vues deux ans après le lancement officiel du projet.

Le constat est qu’il y a encore du pain sur la planche. La critique la plus redondante est celle d’un manque de coordination, de suivi et de visibilité du projet. D’une part, on déplore une absence d’un nombre adéquat de pédagogues spécialisés et la présence d’une mentalité trop conservatrice du corps enseignant. D’autre part, le décalage entre la théorie et la réalité complique les choses. Certains proposent même un programme d’études personnalisé pour chaque enfant à problème.

“Une difficulté est que les enseignants ne reconnaissent que le programme classique et essayent de faire du rattrapage dessus”, ajoute un directeur dont la compagnie s’est impliquée dans un établissement de sa région.

La communication entre les School Development Units et les associations de parents ne passe pas toujours. Ces unités sont composées de parents, d’organisations non gouvernementales, de travailleurs sociaux et du secteur privé. Elles gèrent l’école et élaborent une stratégie adaptée à l’établissement.

Ces différents constats ne veulent pas pour autant dire que les ZEP n’ont pas eu un impact positif sur les écoles visées. “Il existe beaucoup d’embûches et énormément de difficultés, mais il y a également du positif. Nous avons pris un départ difficile, mais nous avançons”, reconnaît le ministre de l’Education, Steven Obeegadoo.

Le principal élément qui permet d’être optimiste est l’engagement de la société civile et la chute du fort taux d’absentéisme des élèves de ces écoles. Celles-ci ont un taux de réussite au Certificate of Primary Education inférieur à 40 %. Dans la majorité de ces établissements, la société civile a commencé à s’organiser pour combattre l’échec scolaire.

Projets pour améliorer le niveau

Une quarantaine de compagnies ont accepté de prendre sous leurs ailes ces écoles ZEP, à travers le Joint Economic Council (JEC). Elles tiennent à cœur le futur de “leur établissement”, en témoigne le nombre élevé de directeurs d’entreprises qui ont consacré leur après-midi à participer activement à l’atelier de travail d’hier.

“La bureaucratie et les obstacles auraient pu faire décrocher beaucoup de compagnies, mais elles continuent à tenir le coup et je les en remercie”, déclare le ministre Obeegadoo.

En tout, plus de 11 000 enfants sont touchés par le projet. La plupart d’entre eux sortent de milieux défavorisés, où l’on ne comprend pas toujours l’importance de leur éducation.

“Ce n’est pas par accident que les écoles les moins performantes se situent dans des régions difficiles. Les parents y sont moins éduqués à comprendre l’école ou s’y impliquent moins. Certains parents voient même l’école comme une agression”, explique Steven Obeegadoo.

Le problème réside également dans la mentalité des enseignants qui préfèrent se conformer au programme d’études préétabli de peur de prendre des risques. Le ministre concède d’ailleurs qu’il essaye de mener une réforme du curriculum et pédagogique depuis près de cinq ans “et ce n’est pas évident”.

Aujourd’hui encore, le ministère ne parvient pas toujours à trouver des enseignants et responsables d’établissements volontaires pour remplir les postes vacants dans les ZEP.

C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle l’allocation mensuelle du corps enseignant de ces écoles est passé de Rs 1 000 à Rs 2 000 lors du dernier budget.

Nous sommes néanmoins très loin de l’époque où les ZEP se résumaient à un programme de distribution de nourriture et au rehaussement esthétique de quelques écoles. Aujourd’hui, plusieurs petits projets existent au niveau de l’établissement pour améliorer son niveau.

Patrick Hilbert

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