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Compte rendu par "Tout Educ" de la Rencontre OZP sur les internats d’excellence (14 sept. 2011)

22 septembre 2011

Une douzaine d’internats d’excellence ouvrent cette année, "ce qui porte leur nombre à 22", indique le ministère de l’Education nationale. Mais qu’est-ce qu’un "internat d’excellence" et quel bilan peut-on tirer de leur première année d’existence ? L’OZP organisait, hier mercredi 14 septembre, une rencontre dont voici des échos.

L’organisation des "internats d’excellence" est très diverse, puisque les élèves sont tantôt scolarisés dans l’établissement où ils sont hébergés, tantôt dans plusieurs collèges et lycées des environs. Ils sont très divers aussi par leur taille, de 11 élèves à quelque 500. Certains n’ont nécessité que quelques aménagements quand d’autres ont coûté en investissement plusieurs dizaines de millions d’euros : à Noyon, deux tranches de 6 millions ont été engagées, à Sourdun 40 millions, à Montpellier, 60 millions. Parfois, les collectivités ont participé à ces dépenses, d’autres, comme la Picardie ou PACA s’y sont refusé. Certains sont des établissements d’Etat, comme Sourdun ou Montpellier, d’autres sont rattachés à des établissements et donc à la collectivité territoriale correspondante, comme l’internat de Noyon, qui dépend administrativement et financièrement de la principale d’un collège, mais pédagogiquement du proviseur d’un lycée qui ne pouvait en faire davantage, puisque la Région n’était pas partie prenante. Certains accueillent des élèves de CM2, et d’autres des "post-bac". Beaucoup viennent d’établissements de l’éducation prioritaire et sont boursiers, mais certains élèves sont issus des couches moyennes.

Une enseignante a rapporté combien il lui était, éthiquement, difficile de désigner qui, parmi ses élèves, aurait le droit de postuler à une place, l’inspecteur ayant limité le nombre des dossiers susceptibles d’être transmis. Une représentante d’un préfet délégué à la VIlle s’en étonne, et dit qu’au contraire, la consigne était de favoriser le plus grand nombre possible de candidatures.

A la rentrée 2010, le recrutement des élèves s’est fait dans la précipitation, ce qui a généré quelques "erreurs de casting". Ainsi une élève est repartie après 24 heures, quand elle a découvert qu’il était interdit de fumer. Noyon a perdu l’année dernière 15 de ses 75 internes et Sourdun 31 sur 131. "On n’a pas eu le temps de vérifier leur motivation, on n’a vu que leurs dossiers", rapporte un participant. D’autres problèmes, de cohabitation avec les autres élèves, sont apparus : à Nice, l’internat d’excellence a été installé dans un internat classique. Un étage a été réservé à 30 privilégiés, qui avaient chacun leur ordinateur, quand les 170 autres n’en avaient pas. Des barrières infranchissables marquaient bien la séparation.

Les prix de fonctionnement sont élevés, quelque 10 000 € par interne, 10 fois la somme prévue pour un interne "ordinaire". La participation des parents varie d’un établissement à l’autre, et la gratuité prévaut parfois. Une partie des financements émane de groupes privés, comme la fondation Total ou HSBC. Il semble que les élèves aient connu, la première année, un trop plein d’activités, au point que certains se seraient exclamé : "on n’a plus le temps de faire notre travail scolaire !". Ces activités sont riches, diversifiées, intéressantes, mais les jeunes "n’ont pas le temps de souffler" ni le droit de regarder la télévision.

Ils bénéficient d’un surencadrement pédagogique. A Nice, 5 enseignants assuraient l’an dernier la totalité de leur service entre 17 et 21 h., soit un pour 6 élèves. Il n’est pas plus facile qu’ailleurs dans ces internats d’organiser l’articulation entre l’aide au travail et le déroulement de la classe. Il n’y a pas eu, la première année du moins, de préparation ni de concertation avec les professeurs qui ont ces élèves dans la journée. De l’avis général, il est trop tôt pour faire un bilan de la réussite scolaire, puisque les éléments connus, de bons taux de réussite au brevet et de passage dans la classe supérieure, ne sont pas révélateurs d’une plus-value qui reste à établir.

Le débat qui a suivi l’échange d’informations sur ces internats d’excellence a montré que les collectivités territoriales envisageaient la question de façon essentiellement pragmatique. Ainsi la Seine-Saint-Denis a lancé un programme de construction ou d’équipement de trois internats quand Jack Lang, ministre, en avait souligné l’intérêt, après que, pendant des années, avait été privilégié le transport scolaire. Ces trois projets ont ensuite été baptisés "internats de réussite éducative" avec le plan Borloo. Ils sont maintenant "internats d’excellence" : "Pour nous, c’est un peu flou", ajoute un attaché territorial.

Pour l’OZP en revanche, il est clair qu’un programme aussi coûteux, et destiné à quelques milliers d’élèves, ne s’inscrit pas dans la philosophie de l’éducation prioritaire, qui est la réussite de tous. "Ca ne peut pas constituer une philosophie politique pour l’éducation", même si ces internats sont parfois présentés comme "l’avant garde de l’éducation prioritaire".

Extrait de touteduc.fr du 15.09.11 : Internats d’excellence : une grande hétérogénéité et des résultats qui restent à démontrer (OZP)

 

Lire le compte rendu de l’OZP

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