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Meirieu et Pébereau (BNP Paribas) parlent des ZEP et de l’entreprise sur le Café

14 juin 2005

Extrait de « L’Express » du 13.06.05 : Faut-il rapprocher l’école de l’entreprise ?

Alors que le chômage de masse se double de difficultés de recrutement, la méfiance caractérise toujours les relations entre le système éducatif et le secteur privé. Philippe Meirieu, directeur de l’IUFM de Lyon, et Michel Pébereau, président de BNP Paribas, s’accordent sur le diagnostic, moins sur les solutions

(...)

Philippe Meirieu : (...) Oui, mais ce « pragmatisme » que vous évoquez peut justement nous conduire à faire de l’élève un produit, à mettre ce produit sur le marché et à considérer les différents établissements scolaires comme des entreprises en concurrence. Nous aboutissons ainsi à une dislocation de fait du service public. Les enseignants s’en inquiètent. Ils observent un délitement progressif du service public, la montée du consumérisme scolaire privé, l’explosion du soutien scolaire et une mise en concurrence des établissements entre eux. Pendant ce temps, l’Etat ne joue pas son rôle de régulateur. Prenons le cas des zones d’éducation prioritaires (ZEP).
En principe, l’Etat doit donner davantage aux établissements classés dans ces ZEP : ils reçoivent 1,10 euro, quand les collèges plus favorisés ne touchent que 1 euro. Mais en termes de masse salariale, quand on accorde 1 euro à un collège de centre-ville, on ne donne que 60 centimes à un collège de ZEP. Car on y envoie les enseignants les plus jeunes, donc les moins bien payés. Il faut bien le constater : l’ascenseur social est en panne dans notre pays, à quelques rares exceptions près, qui jouent le rôle de vitrines ou d’alibis, comme Sciences-Po Paris, désormais ouvert aux lycéens de ZEP.

Michel Pébereau : La panne de l’ascenseur social est l’une des menaces les plus graves qui pèsent sur la société française. Je partage cette préoccupation et ce combat avec vous. D’ailleurs, ce problème n’est, à mon avis, pas imputable à une insuffisance du corps enseignant, toujours aussi dévoué à cette cause. Ou à une insuffisance de moyens, puisqu’ils se sont considérablement accrus, en valeur absolue et par élève. La volonté politique ne fait certainement pas défaut, non plus. En fait, je pense que c’est un problème de fonctionnement de notre appareil éducatif, qui pèche par manque d’efficacité.
Une efficacité qu’il ne sait, hélas, pas évaluer. L’école devrait définir des instruments pour la mesurer à tous les niveaux : école communale, collège, lycée. Ensuite, seulement, on peut s’interroger sur les méthodes à appliquer pour privilégier certaines zones par rapport à d’autres afin de relancer l’ascenseur social. Exemple : vous disiez que, dans les ZEP, on envoie les enseignants les plus jeunes, donc les moins chers. Mais je ne sais pas quels sont les meilleurs pour faire ce travail, des aînés plus expérimentés ou des jeunes plus proches des élèves.

Ph. M. : Nous ne savons pas quels sont les meilleurs enseignants, mais nous avons une idée de ce que seraient de meilleures conditions de travail : un horaire aménagé, une formation continue plus soutenue, un vrai travail d’équipe.

M. P. : Pour savoir comment traiter les ZEP et établir une adéquation des moyens aux objectifs, il faut un instrument de mesure qui permette de dire si tel enseignant sera mieux adapté que tel autre.
(...)

propos recueillis par Delphine Saubaber et Anne Vidalie

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