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Une des 12 fiches "Plan d’urgence rentrée 2012" envoyées par le SNES au ministre de l’Education concerne l’éducation prioritaire et demande l’abandon du programme ECLAIR

12 juin 2012

Education Prioritaire

 

1. Une politique d’éducation prioritaire laminée

Alors que la France est l’un des pays où le parcours scolaire est le plus marqué par l’origine sociale, la politique
d’éducation prioritaire a été laminée par la réforme de Robien puis le programme ECLAIR qui ont tourné le dos
à l’ambition de faire réussir tous les élèves de milieux populaires en renonçant à les amener à un niveau élevé de
qualification et en transformant les établissements qu’ils fréquentent en laboratoires de déréglementation avec le
« socle commun » comme seul objectif cible.
Si une véritable relance de l’éducation prioritaire constitue une urgence absolue dans le cadre de la loi de
programmation pluriannuelle que nous revendiquons, la première préoccupation des personnels est d’obtenir
l’abrogation immédiate du programme ECLAIR, imposé à la hussarde l’an dernier dans l’opacité la plus totale.

 

2. Des mesures immédiates attendues pour la rentrée 2012
- Abandonner dès maintenant le programme ECLAIR et rompre avec sa logique.
C’est un préalable puisque ce programme a été conçu avec le double objectif de démanteler la politique
d’éducation prioritaire et de remettre en cause les garanties statutaires des personnels à travers des procédures
managériales inacceptables.

Cela suppose donc de :
o mettre dès maintenant en extinction le mouvement spécifique ECLAIR<
Le mouvement ECLAIR, qui s’est avéré un fiasco, doit être mis en extinction dès maintenant : les postes
non pourvus doivent être reversés dans le pot commun des postes du mouvement intra, et l’affectation des
candidats déjà en poste dans l’académie examinée dans ce cadre.
Seuls les collègues entrés dans
l’académie par le biais de ce mouvement spécifique doivent rester affectés dans l’établissement sollicité, et
ce à titre tout à fait exceptionnel.
o renoncer à toute idée de recrutement local des personnels
Qu’ils soient en éducation prioritaire ou non, les personnels ne doivent pas être recrutés localement par le
chef d’établissement, en dehors de tout contrôle paritaire et sur la base de fiches de poste (au contenu
souvent très ambigu : que penser par exemple du critère « être disponible » ?)
o supprimer la notion de lettre individuelle de mission
Jusqu’ici, les personnels recrutés localement, mais aussi de plus en plus ceux qui étaient déjà en poste dans
l’établissement avant le « classement » imposé en ECLAIR, se voyaient remettre une lettre de mission leur
assignant des objectifs sur la base desquels ils seraient évalués. oNous ne pouvons accepter cette mise à mal
des statuts des personnels pour leur substituer une relation contractuelle.
o mettre fin à la fonction de « préfets des études »
Rien ne justifie que soient recrutés, parmi les enseignants et les CPE, des « préfets des études » ayant
vocation à « exercer une responsabilité sur le plan pédagogique et éducatif » et à constituer une hiérarchie
intermédiaire en étant « membres de l’équipe de direction ». C’est par le travail en équipes
pluriprofessionnelles que le suivi des élèves doit être assuré, avec du temps de concertation dans le service
des personnels.
o renoncer à toute idée de part modulable pour les indemnités ECLAIR
Rien ne justifie qu’une part modulable (actuellement de 400 à 2400 € annuels) soit versée à des
personnels, choisis par le chef d’établissement pour assurer, en plus de leur service et « à titre accessoire,
des activités, des missions ou des responsabilités particulières au niveau de l’école ou de
l’établissement ». Les personnels qui exercent dans ces établissements sont choqués d’être mis en
concurrence par une rémunération différenciée sur des critères opaques et demandent à percevoir une
indemnité forfaitaire unique.

 Améliorer sensiblement les conditions d’enseignement en attribuant des dotations
complémentaires permettant de :

o Réduire les effectifs par classe
Trop souvent les effectifs des classes se sont considérablement alourdis ces dernières années. Or, des
études (Th. Picketty et M. Valdenaire) montrent qu’une réduction sensible des effectifs permet une hausse
importante de la réussite des élèves. Des postes doivent être réinjectés en priorité dans les établissements
défavorisés afin de réduire les effectifs pléthoriques des classes. A terme, les effectifs ne doivent pas
dépasser 20 élèves en collège et 25 en lycée pour permettre des pratiques pédagogiques diversifiées.
o Respecter les horaires réglementaires
Sous couvert d’adaptation aux réalités locales, certains établissements ont été « invités » à mettre en place
des séances d’enseignement de 45 mn alors que les élèves de l’éducation prioritaire ont souvent plus
besoin de temps pour entrer dans les apprentissages que les autres. En outre, les horaires disciplinaires
auxquels ils ont droit ont ainsi été amputés.
Les horaires d’enseignement des élèves doivent rester nationaux et être respectés partout, quel que soit
l’établissement fréquenté
o Abonder les dotations pour permettre de travailler en groupes allégés
Il s’agit de mieux diversifier les pratiques pédagogiques pour faire entrer tous les élèves dans les
apprentissages et d’aider en premier lieu les élèves les plus en difficulté au sein de la classe.

Mettre un coup d’arrêt au renforcement de la ghettoïsation des établissements
o Annuler les mesures d’assouplissement de la carte scolaire
De l’aveu de tous, même de la Cour des Comptes, l’assouplissement de la carte scolaire a largement
contribué à accentuer les difficultés, sociales et scolaires, des établissements de l’éducation prioritaire en
les vidant de leurs élèves les plus avancés.
L’annulation de l’assouplissement de la carte scolaire doit être accompagnée de l’annonce d’une réflexion
sur le retour à une carte scolaire repensée pour viser partout la mixité scolaire et sociale.

o Geler le nombre de places en internat d’excellence comme première étape vers leur suppression

Avec un objectif de 20 000 places et un financement très important, ils ont vocation à permettre aux élèves
considérés comme « méritants » d’accéder à l’ensemble de la culture scolaire. Mais au prix d’un abandon
des élèves de l’éducation prioritaire, aujourd’hui cantonnés au mieux au socle commun et à l’alternance
précoce dès 14 ans. Il convient en revanche de développer les places en internat « ordinaire », en visant
une mixité des publics sur le plan scolaire et social.

- Répondre aux difficultés sociales des élèves et de leurs familles
o En revalorisant les bourses sur critères sociaux et en élargissant leur assiette
Les bourses sur critères sociaux sont très nettement insuffisantes pour répondre aux difficultés sociales des
familles, surtout dans un contexte de renforcement de la pauvreté. Nous demandons la suppression des
bourses « au mérite » réservées à un nombre limité d’élèves supposés « méritants » et le renforcement des
bourses « ordinaires » sur critères sociaux en jouant à la fois sur le nombre de bénéficiaires (réviser
l’assiette) et le montant de la bourse.
o En augmentant sensiblement les fonds sociaux (collège, lycées, cantine)
Ces fonds ont connu une baisse continue et sévère depuis plusieurs années, empêchant ainsi les
établissements d’apporter des aides d’urgence aux élèves les plus démunis.

 

3. Une politique d’éducation prioritaire à refonder d’urgence
Au-delà des mesures d’urgence, le SNES revendique une vraie relance de l’éducation prioritaire, fondée sur le
principe que tous les élèves peuvent réussir. Or, on est loin aujourd’hui de l’ambition généreuse qui consistait à
« donner plus à ceux qui ont moins » en renforçant l’école dans les zones et les quartiers les plus défavorisés de
France.

Nous demandons que soit annoncé dès maintenant l’engagement d’une réflexion pour une véritable refonte
de l’éducation prioritaire. Nous souhaitons notamment que cette réflexion permette de :
- définir des critères concertés pour une révision de la carte de l’éducation prioritaire
Il est essentiel d’engager une concertation pour définir les critères transparents permettant de distinguer les
établissements (collèges, LGT et LP) confrontés à des difficultés sociales et scolaires importantes afin que
chacun d’eux puisse bénéficier de moyens à la hauteur des besoins et des enjeux.
- de réunir, sous un label unique tous les établissements « Éducation Prioritaire ».
- d’y donner aux personnels les moyens de centrer les efforts sur les apprentissages en maintenant le
même niveau d’exigence qu’ailleurs

· d’y favoriser la mixité sociale et scolaire, vecteur essentiel de la réussite de tous les jeunes

Cela suppose notamment :
 la suppression des internats d’excellence,
 une redéfinition de la carte scolaire,
 le développement d’une carte des options et des formations sans discontinuité territoriale au moins aussi
riche qu’ailleurs,
 une révision en profondeur de la Politique de la Ville et une application effective de la loi SRU

Extrait de snes.educ Education prioritaire

 

Voir l’ensemble des 12 fiches du Plan d’urgence Rentrée 2012

 

Voir aussi : Dans une longue déclaration, le SNES estime que "l’ensemble du dispositif ECLAIR procède d’une idéologie profondément réactionnaire" et demande l’annulation des affectations "irrégulières" prononcées après la clôture du mouvement spécifique national

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