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Marie Duru-Bellat : « Repenser le ciblage des aides dans l’éducation prioritaire »
Professeur de sociologie à Sciences-Po Paris
« Créée au début des années 1980, la politique d’ éducation prioritaire affiche un bilan assez décevant. L’un de ses principaux défauts est d’avoir dilué les moyens : aujourd’hui, environ un collégien sur cinq est scolarisé dans une zone d’éducation prioritaire (ZEP).
Il faut par conséquent revoir le ciblage, en se demandant s’il faut continuer à concentrer les moyens sur certaines zones ou plutôt, comme beaucoup le réclament, attribuer les aides à des élèves, quels que soient leurs lieux de résidence et de scolarisation.
Cette deuxième option permettrait de ne plus stigmatiser certains établissements avec l’étiquette ZEP mais elle aurait peut-être pour effet de renoncer à la lutte contre les inégalités entre territoires.
Il faut en tout cas avoir conscience que les principaux leviers d’action utilisés jusqu’ici – primes incitatives pour les enseignants qui vont enseigner dans ces zones et réduction de la taille des classes, avec en général deux élèves de moins que la moyenne nationale – ont été peu efficaces.
Si l’on veut des résultats, il faut réduire plus significativement la taille des classes en CP, notamment, au moment où se font les apprentissages fondamentaux. »
Extrait de lacroix.com du 04.07.12 : Trois mois de concertation pour refonder l’école
L’éducation prioritaire : plus qu’une question de moyens !
Il est dommage qu’une chercheuse de l’importance de Marie Duru Bellat traite elle aussi de la refondation de l’éducation prioritaire comme si la question centrale était celle des moyens supplémentaires à ne pas trop diluer. En oubliant la création des RAR (Réseaux Ambition Réussite) qui, depuis 2006, accueillent 5% des élèves des écoles et collèges publics (et non plus 22% comme dans les REPet ZEP) et où des moyens importants sont affectés à la réalisation de projets pédagogiques et à l’évolution des pratiques plutôt qu’à la diminution du nombre d’élèves par classe.
L’OZP a depuis longtemps préconisé une répartition des moyens "proportionnelle" à la difficulté sociale et scolaire, mais seulement comme un complément à l’éducation prioritaire, dispositif dérogatoire au fonctionnement ordinaire du système éducatif, dans les territoires peu nombreux où le service public est défaillant. Un pilotage fort d’un réseau écoles-collège, un partenariat avec le milieu environnant, un projet pédagogique, un accompagnement et des ressources affectées au développement des pratiques capables de créer de la réussite. Lle creusement des inégalités rend ce dispositif plus que jamais nécessaire§
F R Guillaume
Très bien : excellent propos. Puisse-t-il être entendu !