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Pré-Assises. Concertation : le site de la FSU regroupe plusieurs contributions sur l’éducation prioritaire, dont celles du SNUipp, du SNES, de Patrick Picard (IFE)...

23 juillet 2012

Les ateliers de la concertation pour la refondation de l’école reprendront à partir du 20 août 2012.

Le site de la FSU a ouvert une rubrique "Des idées pour l’éducation" dans laquelle on trouve diverses contributions, émanant de syndicats, mouvements pédagogiques et chercheurs concernant l’éducation prioritaire.
 

 

SNUipp-FSU  : "Education prioritaire : un nouveau souffle est possible... et indispensable" (3 juillet 2012)

L’éducation prioritaire a connu une accumulation de dispositifs depuis sa création. ZEP, REP, RRS, RAR et maintenant ECLAIR, les sigles se sont succédé, les politiques aussi mais les objectifs ont changé au fur et à mesure.

En 1981, les ZEP ont été mises en place par Savary pour « donner plus à ceux qui ont moins ». Le système avait été conçu pour des territoires défavorisés identifiés selon des critères fixés nationalement. Pour la première fois émergeait l’idée de privilégier certains territoires pour en faire des lieux d’innovation, de créativité, de plus d’école pour les élèves les plus éloignés de la culture scolaire. Le lien entre difficultés sociales et difficultés scolaires dans le système éducatif français n’était plus à démontrer et les ZEP se voulaient une première réponse.

Errance de la politique d’éducation prioritaire.
Pourtant, si les rapports des inspecteurs généraux [1] l’intérêt de ces dispositifs, la politique d’éducation prioritaire a évolué au fil du temps, des restrictions budgétaires mais aussi des changements de volonté politique. Les ZEP ont été séparées en RRS et RAR après les violences qu’ont connu certains quartiers urbains en 2005. La volonté a été de concentrer les moyens dans les quartiers urbains « difficiles » en laissant de côté les autres. Cette volonté a été renforcée par le dernier dispositif les ECLAIR nés à la suite des Etats généraux de la sécurité à l’Ecole en 2011. L’objectif affiché désormais n’est plus la réussite de tous les élèves et la lutte contre les inégalités mais de fournir « une égalité de chance » en sortant des écoles et collèges ECLAIR les meilleurs élèves pour les mettre dans des internats d’excellence et « engager des actions ciblées dans les établissements les plus exposés à la violence ». Pendant ce temps, les restrictions budgétaires ont amené parfois les RRS à servir de réservoirs de postes. Or, c’est bien là que l’on trouve la majorité des élèves qui constituent les 15% à 20% des élèves qui sortent de l’école sans qualification.

Une politique ambitieuse d’éducation prioritaire est possible.
Comme le dit Viviane Bouysse, inspectrice générale, « notre travail n’est pas de faire bouger des indicateurs mais de former des élèves qui sachent des choses » [2]. La politique d’éducation prioritaire doit retrouver son but initial. « Les fondements de l’éducation prioritaire ne sont pas récusables » avance Françoise Lorcerie, directrice de recherche au CNRS. Le nouveau ministre de l’Education nationale dans sa lettre à tous les enseignants confirme cette orientation de revenir à « donner plus à ceux qui ont le plus de besoins ». Un simple retour à la politique des débuts ne peut suffire car les résultats ont toujours été insatisfaisants et disparates. Mais il pourra notamment s’appuyer pour faire la relance nécessaire de cette politique sur les rapports des inspecteurs généraux qui ont évalué les différents dispositifs ces dernières années. Ils ont, en effet, montré que baisser significativement le nombre d’élèves par classe, avoir des maîtres en nombre plus important que les classes, la présence effective de RASED, une scolarisation de qualité des moins de trois ans sont des leviers efficaces pour lutter contre les difficultés scolaires.

De même, « ce qui est mis en évidence est le rôle positif de la dynamique d’équipe et le pilotage à tous les niveaux » assure Françoise Lorcerie [3]. Enfin Patrick Picard du centre Alain Savary rappelle que « sans un développement sans précédent de la formation, initiale et continue, et sans un approfondissement des relations entre la recherche et la formation, le métier d’enseignant ne pourra pas répondre au défi de la réussite de tous. » Le défi est de taille et nécessite des réformes en profondeur qui devront pourtant éviter toute précipitation ou basculements brutaux. Mais en impliquant les principaux acteurs, une relance ambitieuse de l’éducation prioritaire est possible. La volonté de changer l’école pour permettre la réussite de tous les élèves la rend indispensable.

Lire la contribution SNUipp (avec les notes)

 

SNES- FSU : Relancer l’éducation prioritaire : une exigence démocratique (16 juillet)

Le système éducatif français est-il aujourd’hui juste et efficace ? Efficace ? cela signifierait qu’il permet de faire entrer tous les élèves dans les apprentissages et de les mener sur la voie de la réussite. Juste ? Cela voudrait dire que le parcours scolaire des élèves ne serait pas lié à leur milieu social d’origine.

On ne peut que constater aujourd’hui qu’il n’en est rien en France.

Que ce soient les études nationales ou internationales, toutes montrent que les écarts entre élèves n’ont cessé de se creuser depuis le début des années 2000. Ils se sont notamment accrus de 12 points dans la maîtrise des compétences générales en fin de 3ème entre éducation prioritaire et hors éducation prioritaire. Et PISA de pointer que la France est l’un des pays où le parcours scolaire est le plus marqué par l’origine sociale, avec des écarts qui n’ont cessé de se creuser entre 2000 et 2009 : si la proportion d’élèves les plus « performants » (niveau 5) progresse entre 2000 et 2009, la part de ceux qui n’atteignent pas le niveau 1 est en progression plus nette encore.

Comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on constate que la polarisation sociale des territoires ne cesse de s’aggraver, avec sa cohorte d’effets dévastateurs sur la réussite scolaire. Encore une fois, des études existent, qui montrent que les départements marqués par les plus grandes différences entre territoires et, partant, entre établissement, sont aussi ceux où les résultats scolaires sont les plus faibles comparés aux résultats attendus calculés sur leur composition sociologique, comme dans les départements de l’Oise ou des Hauts-de Seine, par exemple.

C’est dans un tel contexte que l’éducation prioritaire a connu deux réformes qui se sont caractérisées par l’abandon de l’ambition pour tous les élèves et la mise en place d’une école de la dérogation tous azimuts. C’est dans ce contexte que l’assouplissement de la carte scolaire a largement contribué à renforcer la ghettoïsation des établissements les plus fragiles. C’est aussi dans ce contexte que la création des internats d’excellence a eu pour objectif de siphonner les meilleurs élèves de l’éducation prioritaire. A promouvoir la logique du mérite pour quelques élèves seulement, celle de la déréglementation généralisée et celle de l’abandon de toute ambition pour les autres élèves de l’éducation prioritaire, les Ministères précédents portent une lourde responsabilité.

Le SNES refuse que s’installe une école à part pour les plus défavorisés. Il revendique une relance de l’éducation prioritaire en rupture avec les régressions de ces dernières années. Cette relance doit être fondée sur le principe que tous les élèves peuvent réussir et doit renouer avec l’ambition généreuse qui consistait à « donner plus à ceux qui ont moins » en renforçant l’école dans les zones et les quartiers les plus défavorisés de France.

Pour le SNES, cette relance devra être fondée sur quelques principes forts :

• La réforme Robien de 2006 avait établi, sans réelle concertation, des critères fondés non pas sur la définition de ce qu’est un établissement qui concentre les difficultés mais sur la volonté de ne pas dépasser 200 à 250 établissements. Ceux qui ont été retenus, autoritairement, dans le programme CLAIR, puis ECLAIR, l’ont été sans critère transparent, avec, qui plus est, la prééminence de la notion de « climat scolaire ». Pour toutes ces raisons, une redéfinition de la carte de l’éducation prioritaire est absolument nécessaire. Fondée sur des critères sociaux et scolaires transparents, elle doit distinguer tous les établissements et territoires où les difficultés de tous ordres constituent un frein à la réussite scolaire.

• D’aucuns considèrent que la labellisation contribue à stigmatiser les établissements. Or, si la population des quartiers populaires est très mobile, comme le signalait déjà la DGESCO en 2003, ce n’est pas tant en raison de quelque label que ce soit que de la situation des quartiers eux-mêmes. Une étude de l’INSEE constatait d’ailleurs que la diminution du nombre d’élèves en éducation prioritaire n’était pas significativement supérieure à celle des autres établissements.

• Le SNES revendique un label unique qui réunirait l’ensemble des établissements retenus (collège, LP, LGT) sur critères sociaux et scolaires transparents et concertés.

• Les personnels de ces établissements doivent pouvoir maintenir le même niveau d’exigence qu’ailleurs en centrant les efforts sur les apprentissages dans la classe. Cela nécessite les conditions d’une diversification des pratiques pédagogiques qui sache faire entrer tous les élèves dans les apprentissages.

• Pour ce faire, les effectifs par classe doivent être sensiblement abaissés pour favoriser les pratiques diversifiées et la réussite des élèves. Les études de Th. PIcketty et de M. Valdenaire montrent bien que, si elle n’est pas suffisante, la réduction des effectifs par classe est une condition nécessaire.

• Afin de favoriser la cohérence des pratiques et des apprentissages, le travail en équipe (disciplinaire, interdisciplinaire et pluri-professionnel) devra être favorisé en intégrant dans le service des personnels des temps de concertation.

• Plus que de personnels « expérimentés », l’éducation prioritaire a besoin de personnels formés. Formation initiale et formation continue, sacrifiées ces dernières années, doivent absolument être relancées. L’accès à la formation continue doit y être facilité, ouvrir sur les apports de la recherche et doit pouvoir se dérouler sur site. Donner du temps aux personnels doit aussi permettre les échanges et la mise en commun de pratiques.

• Toutes ces mesures demandent que l’investissement dans l’éducation prioritaire soit enfin à la hauteur des besoins et des enjeux.

La mixité, sociale et scolaire, est un principe fondamental d’organisation du système éducatif. Il est mis à mal par toutes les mesures qui ont renforcé la polarisation sociale : l’assouplissement de la carte scolaire et la mise en place des internats d’excellence pour les élèves « méritants », par exemple. Vecteur essentiel de la réussite de tous les jeunes, la mixité sociale et scolaire doit être favorisée. Cela demande notamment la suppression les internats d’excellence et une redéfinition de la carte scolaire ; cela nécessite que la carte des options et des formations soit revue pour être sans discontinuité territoriale et aussi riche qu’ailleurs. Cela appelle enfin une application effective de la loi SRU et une une révision en profondeur de la Politique de la Ville.

Relancer l’éducation prioritaire : une exigence démocratique

 

SNES-FSU Repenser la carte scolaire. Assouplir, supprimer la carte scolaire : une réforme idéologique (16 juillet)

Le discours du précédent gouvernement sur les mérites de la suppression de la carte scolaire, s’est appuyé sur toute une série d’idées présentées comme des évidences et sur une interprétation des chiffres très discutable. La carte scolaire n’assurerait plus la mixité sociale. D’une part il faut rappeler qu’historiquement la carte scolaire n’a pas été mise en place avec cet objectif mais avec celui de gérer les flux scolaires ; d’autre part c’est faire porter à la carte scolaire un poids, une responsabilité qu’elle n’a pas en faisant fi des ségrégations et des inégalités territoriales qui se sont aggravées depuis sa création (1963) notamment dans les zones urbaines. La concurrence entre les établissements scolaires, née du choix libre et total des familles, serait, de nature à stimuler les établissements et donc à permettre une élévation des performances partout. Toutes les observations faites, soit dans des pays qui ont fait ce choix par le passé, soit dans certaines de nos grandes villes où la carte scolaire est « assouplie » montraient déjà le contraire en 2007. Après 5 ans il apparaît très nettement que les établissements qui concentraient déjà les difficultés ont perdu leurs meilleurs élèves et que les phénomènes de ségrégation se sont accentués.

Les nouveaux critères de dérogation devaient garantir une meilleure mixité sociale. Or, très peu de boursiers ont demandé une dérogation et tout au plus le nouveau dispositif a-t-il permis d’assurer plus de mixité des élites dans les établissements demandés. Mais quid ailleurs ? Cette politique a marqué une fois de plus le renoncement à une lutte réelle contre les difficultés qui minent les établissements les plus fragilisés. Enfin, cette « liberté » laissée aux familles, qui dés la première année s’est heurtée aux capacités d’accueil des établissements, s’est traduite en fait, par une liberté donnée à certains chefs d’établissements de choisir leurs élèves. Nicolas Sarkozy n’affirmait-il pas « Concrètement, dès la rentrée 2007, chaque établissement pourra recruter 20% de ses effectifs en dehors de son secteur »...

Un bilan très contesté Après deux années de grande publicité autour de cette réforme et de déclarations enthousiastes : « l’objectif est à terme, de permettre à chaque élève de suivre sa scolarité dans l’établissement de son choix » (X. Darcos rentrée 2007), le gouvernement s’est montré depuis deux ans particulièrement discret sur le sujet. Sans doute était-il difficile de poursuivre la promotion d’un dispositif dont les résultats sont négatifs et contraires à l’objectif affiché d’améliorer la mixité sociale. En effet, l’accumulation de rapports officiels sur l’amplification de la « ghettoïsation » de certains établissements, les diverses études de sociologues et d’organisations syndicales, les multiples articles de presse viennent confirmer les méfaits de l’assouplissement que le Snes dénonce depuis 2007. Tous montrent la baisse de la mixité scolaire et sociale et l’homogénéisation des publics, c’est-à-dire la fragilisation des établissements « moyens » et la fuite des établissements RAR ou ZEP. Difficile aussi d’avouer publiquement que supprimer totalement la carte scolaire à la rentrée 2010 était impossible, car cela poserait des problèmes insolubles, que les promesses d’un candidat en campagne avaient bien sûr ignorés.

Construire une carte scolaire rénovée

Pour autant, la situation d’avant 2007 n’était pas parfaite et les phénomènes de ghettos sociaux et/ou scolaires, de concurrence entre établissements étaient déjà réels. Le Snes demande la création d’un observatoire afin d’étudier la situation actuelle et les améliorations nécessaires de la carte scolaire. Il continuera, à combattre toute politique démagogique et à demander des moyens supplémentaires pour les établissements en fonction de leurs publics et de leurs difficultés sociales et scolaires. Il propose notamment :

• Mettre en place une véritable politique sociale et d’aménagement du territoire, afin d’éviter la constitution de ghettos de familles défavorisées et de « casser » ceux qui existent.
• Dans les établissements situés dans les secteurs difficiles, améliorer la diversité et la nature de l’offre de formation, améliorer les conditions d’enseignement et de vie en attribuant à ces établissements des moyens supplémentaires importants.
• Revoir le découpage des zones de la carte scolaire dans certains secteurs, la carte actuelle jouant parfois le rôle de ghettoïsation qu’elle est censée corriger.
• Accorder progressivement aux établissements des moyens, en particulier en personnels, non plus fondés sur le nombre d’élèves scolarisés dans l’établissement mais fondés sur le nombre d’élèves scolarisables du secteur de recrutement.

Lire le texte intégral du SNES sur al carte scolaire

 

Gérard Aschieri : Construire un vrai “commun” pour la réussite de tous (17 juillet)

[...] Et c’est en cela qu’ il [le socle] est non pas un objectif ambitieux mais le signe d’un abandon des ambitions pour une partie des élèves.

Son rétrécissement à quelques fondamentaux dans les ÉCLAIR n’est peut-être pas un dévoiement de sa logique mais un approfondissement de celle-ci. À partir du moment où l’on admet que tous les élèves n’ont pas droit à une culture commune, riche, formatrice et évolutive on en arrive facilement dans le cadre d’une logique de pénurie de moyens à n’offrir a certains que le minimum.

Lire le texte intégral de Gérard Aschieri sur le socle commun

 

Patrick Picard, directeur du centre Alain Savary : De quoi l’éducation prioritaire est-elle le nom ? (27 juin 2012)

Lire le texte de Patrick Picard)

Le même texte sur le site de l’IFE (21 mai)

 

Textes de mouvements pédagogiques (qui ne font pas référence à l’éducation prioritaire)

Le CRAP : Les 12 propositions du CRAP-Cahiers pédagogiques->http://www.desideespourleducation.net/Les-12-propositions-du-CRAP.html]]

Le GFEN : Un socle pour quelle culture ?

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