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Une école plus juste pour tous les territoires
CONTRIBUTION DE LA CFE‐CGC
[...] La CFE‐CGC s’attachera donc, dans cette contribution, à apporter des éléments de proposition pour
répondre à ces enjeux. Elle tient néanmoins à rappeler que la réussite de l’éducation prioritaire et la
lutte contre les inégalités à l’école ne peut se résumer aux thématiques susmentionnées. Ainsi, le
renforcement des moyens humains, la professionnalisation de la formation des enseignants, la
réforme des rythmes scolaires, la lutte contre les violences à l’école, l’acquisition par tous des
compétences du socle commun ou encore l’amélioration des dispositifs d’orientation sont des
éléments fondamentaux pour le système éducatif en général, mais en premier chef dans les
établissements de l’éducation prioritaire.
Pour la CFE‐CGC, les actions à développer doivent s’articuler autour de quatre axes :
– Développer la mixité sociale et culturelle dans les territoires, les établissements et les
classes
– Faire de la carte scolaire un outil de garantie de cette mixité sociale
– Favoriser l’innovation pédagogique
– Ouvrir les établissements sur leur quartier
1. Développer la mixité sociale et culturelle dans les territoires, les établissements et les classes
La mixité qu’elle soit sociale ou culturelle est une nécessité sociétale. Toutes les évolutions des
dernières décennies en ces domaines ont contribué à « ghettoïser » les différents éléments de la
société. Le recul de l’école publique en termes de moyens ainsi que les différentes décisions prises
dans ce domaine ont favorisé la balkanisation sociétale et sont responsables du blocage de la bien
connue notion d’ascenceur social. La République française est structurellement construite sur l’idée
de mixité sociale et structurelle. Les refuser constitue un facteur de déstabilisation majeur de la
société. Comment en effet ne pas concevoir, compte tenu des flux migratoires importants et du
nombre de personnes provenant d’horizons culturels de plus en plus éloignés, que seule une mixité
sociale et culturelle peut constituer le cadre préalable permettant une nécessaire compréhension
mutuelle pour une acceptation des différences.
D’une manière générale nous soutenons le principe de la mixité jusque dans l’organisation de
l’espace et du logement. Force est de constater que la France a construit des ghettos (zones de
concentration de populations socialement homogènes) où les mêmes chances ne sont pas données à
l’éducation et où l’environnement en accentue les effets positifs ou négatifs.
2. Faire de la carte scolaire un outil de garantie de cette mixité sociale
En effet, l’assouplissement de la carte scolaire a contribué à fragiliser davantage les établissements
de l’éducation prioritaire, et d’une façon plus générale ceux des quartiers populaires. Ces
établissements ont vu leurs effectifs baisser au profit d’autres établissements.
On assiste alors non
seulement à la dégradation des conditions d’apprentissage et d’enseignement et de manière
corolaire à une augmentation de l’échec scolaire.
Pour autant, en tant que parents d’élèves on ne peut que comprendre les stratégies de
contournement qui visent à obtenir pour son enfant la meilleure éducation possible en lui faisant
quitter l’établissement qu’on juge inapte à remplir sa fonction. Ainsi, l’Ecole, toutes les écoles,
doivent retrouver leurs lettres de noblesse pour que chaque enfant puisse intégrer un
établissement de proximité avec une confiance restaurée.
Les parents doivent également pouvoir bénéficier d’une information accessible et complète sur la
qualité des établissements de leur secteur. En effet, la réputation des établissements est trop
souvent fondée sur la rumeur, plutôt que sur des critères objectifs de qualité des enseignants ou de
cohérence et d’ambition du projet d’établissement. L’absence d’information sur les caractéristiques
des établissements scolaires, dans le cadre de l’assouplissement de la carte scolaire, a ainsi renforcé
les inégalités entre les familles les mieux informées (généralement celles des milieux les plus aisés,
ou à fort capital culturel) et les autres.
La question des critères d’attribution des places disponibles est également déterminante pour que
cette politique de choix scolaire puisse bénéficier effectivement au plus grand nombre d’élèves. Une
harmonisation des pratiques, et une plus grande visibilité sur les critères d’affectation des élèves,
en sont des éléments essentiels. Le système automatisé d’affectation mis en place dans l’académie
de Paris, qui donne notamment un bonus important aux élèves boursiers et permet une régulation
fine des demandes par le rectorat, pourrait être à ce titre pris en exemple et généralisé à l’ensemble
des académies.
Par ailleurs, les stratégies de contournement de la carte scolaire pourraient également être limitées
par l’instauration d’une politique de mutualisation des options entre les lycées d’une même
agglomération. Les élèves suivraient ainsi le tronc commun des études dans leur lycée de secteur, et
changeraient exceptionnellement d’établissement pour suivre les cours non dispensés dans leur
lycée.
3. Favoriser l’innovation pédagogique
Pour la CFE‐CGC, la pédagogie doit être adaptée à l’hétérogénéité des élèves. L’affectation de
professeurs supplémentaires dans les établissements d’éducation prioritaire, et notamment dans les
réseaux « ambition réussite », a permis des évolutions pédagogiques favorables à la réussite des
élèves, à travers notamment le développement du travail collaboratif des enseignants. Les
enseignants doivent en effet pouvoir disposer de temps d’échanges qui leur permettent de
mutualiser les « bonnes pratiques », partager des informations ou des documents, parler des élèves
en difficulté…). Ces moments doivent être prévus dans le corpus d’heures de travail des
enseignants, notamment dans le cadre d’une annualisation du temps de travail.
Néanmoins, les évaluations nationales ont fait apparaître que les écarts de niveau, entre les élèves
scolarisés en RAR et les autres persistent toujours, voire s’aggravent dans l’enseignement secondaire.
Le recentrage sur les compétences du socle commun est une nécessité, et doit avoir lieu dans tous
les établissements scolaires (afin de ne pas favoriser un enseignement à deux vitesses).
Par ailleurs, si les établissements ont mis en oeuvre de nombreux projets innovants, ceux portants sur
les enseignements eux‐mêmes sont encre très largement minoritaires. Pour la CFE‐CGC, l’adaptation
des programmes et des modes d’enseignement au public de l’éducation prioritaire doit être une
priorité. Cela pourrait notamment passer par des méthodes d’enseignement plus interactives, en
particulier via les outils numériques.
4. Ouvrir les établissements sur leur quartier
Les établissements doivent être des lieux ouverts sur le quartier et ses habitants. La CFE‐CGC est
favorable d’une part à toutes les initiatives qui pourraient impliquer les parents d’élèves dans les
projets d’établissements, et dans le suivi de la scolarité de leurs enfants. A ce titre, la généralisation
de la « mallette des parents », initialement expérimentée dans l’académie de Créteil pour les classes
de 6éme et qui a donné des résultats positifs, doit être poursuivie et évaluée.
D’une façon générale,
nous pensons que les initiatives du « terrain » doivent être soutenues et encouragées, car les
personnels en prise quotidienne avec les problématiques éducatives sont les mieux placées pour
innover et évaluer la pertinence des outils mis en place.
D’autre part, la CFE‐CGC souhaite que soient mises en place dans les collèges, pendant les périodes
de vacances scolaires, des activités culturelles, artistiques et sportives. Cela permettrait de
développer un réseau de proximité avec les associations de quartier ou fédérations sportives qui
pourraient réaliser des interventions dans les établissements, de décloisonner ce lieu
d’apprentissage, mais aussi d’occuper de manière constructive des jeunes qui sont souvent livrés à
eux‐mêmes.
L’Ecole doit également participer à la vie du quartier, en particulier dans les zones urbaines sensibles
où il est important que les habitants s’approprient leur espace, en aient une vision plus positive et en
construisent le devenir. Cela passe par le développement des liens avec le milieu économique local
(interventions de chefs d’entreprise ou journées/stages de découverte en entreprise), ou des
démarches de valorisation des identités culturelles des élèves, des familles et donc du quartier
(travaux de dissertation, exposés, ou encore manifestations culturelles au sein de l’établissement).
La CFE‐CGC pense également qu’une réflexion relative à la mise en place d’un dispositif partenarial,
avec des associations, ayant pour objectif une meilleure intégration des parents d’élèves issus de
l’immigration pourrait avantageusement contribuer à un meilleur positionnement des enfants dans
ce formidable processus d’intégration que doit constituer l’Ecole de la République.
Extrait de refondonslecole.gouv.fr du 20.09.12 : http://www.refondonslecole.gouv.fr/...