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Rapport concertation. Le sociologue Choukry Ben Ayed contre un traitement des inégalités scolaires limité aux territoires prioritaires

9 octobre 2012

L’éducation prioritaire et la carte scolaire : les grands oubliés

Ces deux sujets condensent la plus grande surprise du rapport. Si ce dernier souhaite mettre l’accent sur la réduction des inégalités, pourquoi alors reléguer le sujet de l’éducation prioritaire en dernière position ? C’est le cas aussi pour la carte scolaire qui pourtant constituait l’un des symboles de la dérégulation éducative par l’ancien gouvernement.

Ce qui pose problème c’est de cantonner la question du traitement des inégalités les plus vives, ainsi que celle de la sectorisation, aux seuls territoires prioritaires. Il s’agit même d’un contre sens. Ce qui se joue dans ces territoires n’est qu’un révélateur puissant des défaillances d’ensemble de l’école. La concentration des difficultés et les logiques ségrégatives sont le produit de la compétition scolaire généralisée et de l’insuffisance de l’école à assumer la massification scolaire.

Le traitement de ces deux questions appelle des actions d’ensemble et non des approches segmentées et particularistes en allant même jusqu’à proposer d’agir à la seule échelle des établissements. Renoncer à l’idée de zonage territorial fait courir du reste un risque considérable de démobilisation et de déstabilisation des établissements depuis longtemps engagés dans des actions en réseau et d’ouverture sur leur environnement. La priorité est d’éviter que ces établissements ne décrochent davantage et qu’ils ne fassent l’objet d’une stigmatisation renforcée.

Agir contre les inégalités ce n’est pas « triturer » à loisir les zonages prioritaires, c’est aussi poser clairement la question de la politique redistributive en matière d’éducation. A ce titre le rapport aurait été bien inspiré de reprendre à son compte les termes du référé de la Cour des comptes adressé le 11 juillet dernier au Ministre de l’Education nationale et portant sur le traitement des inégalités scolaires. Ce dernier argumentait, en substance, que l’une des causes du renforcement des inégalités de scolarisation est leur absence de prise en compte lors de l’attribution des moyens. C’est donc à un changement radical de paradigme redistributif que le référé appelle de ses vœux.

Il ne s’agit de saupoudrage de moyens supplémentaires au profit de quelques établissements triés sur le volet, mais de s’adresser à tous ceux qui accueillent des élèves en situation objective de désavantage économique, scolaire et culturel. En soulignant le fait que certains territoires scolaires situés dans le haut des hiérarchies concentrent les moyens les plus importants, on peut résumer la préconisation de la Cour par le principe de « donner moins à ceux qui ont plus » et réellement « plus à ceux qui ont moins ». Preuve s’il en est qu’une action volontariste en matière de réduction des inégalités nécessite une vision d’ensemble tant en matière de redistribution des moyens, des postes, que des actions spécifiques à mener, conception bien éloignée donc d’une vision partielle du problème.

Extrait de cafepedagogique.net du 09.10.12 : Concertation sur l’école : le compte n’y est pas !

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