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"Education prioritaire. Cinq principes pour une refondation", un article de Pierre Merle. LE COMMENTAIRE DE L’OZP

25 octobre 2012

Le sociologue Pierre Merle dresse un constat sans fard des inégalités dans le système scolaire français. Pour redonner du sens à l’idéal, aujourd’hui dévoyé, de l’éducation prioritaire pour les publics défavorisés, il propose cinq principes, assortis à des mesures concrètes.

Premier principe : instituer une réelle discrimination positive
Second principe : délabelliser l’éducation prioritaire
Troisième principe : dé-territorialiser l’éducation prioritaire
Quatrième principe : la discrimination positive des personnels
Cinquième principe : choisir entre un système segmenté ou un système intégré

Extrait de laviedesidees.fr du 23.10.12 : Education prioritaire. Cinq principes pour la refondation

 

LA REPONSE DE L’OZP A PIERRE MERLE

REFONDATION VERITABLE OU REFONDATION-LIQUIDATION DE L’EDUCATION PRIORITAIRE ?

Une des réussites de la concertation organisée par le Ministre est que de nombreux participants d’origines très diverses ont appris les uns des autres. Pierre Merle n’a apparemment rien appris : il continue à asséner imperturbablement le même discours.

Par exemple, de nombreux participants à la concertation ont admis que la prime ZEP (100 euros par mois) était un facteur de rigidité empêchant l’évolution de la carte des ZEP. Un accord s’est dessiné pour lui substituer un avantage en termes de conditions de travail et d’heures de travail collectif. Pierre Merle propose, lui, de l’augmenter de 15% et appelle cela « discrimination positive des personnels ».

Le vrai problème est de parvenir, grâce à un pilotage national fort, à affecter des professionnels convaincus sur les postes d’encadrement et sur les fonctions spécifiques (coordonnateurs et professeurs référents). Le seul motif d’indulgence envers cette proposition de 15 euros de plus par mois est que le rapport du comité de pilotage et les premières conclusions du ministre sur ce chapitre-là ne valent peut être pas beaucoup mieux.

Ce texte se situe dans la lignée de ceux pour qui l’éducation prioritaire se résume à « donner plus à ceux qui ont moins ». Alors, refonder l’éducation prioritaire c’est faire que ce plus soit important et qu’il soit réparti équitablement. Pour Pierre Merle comme pour le grand public, ces moyens doivent servir à diminuer le nombre d’élèves par classe. Il s’appuie, comme beaucoup, sur l’étude de Piketty de 2006 (voir notre article Question à Thomas Piketty au sujet de la taille des classes), une étude qui réduit la réflexion sur l’éducation à une approche uniquement économétrique, négligeant de ce fait toutes les questions liées aux pratiques éducatives en relation avec l’environnement social.

Si la diminution de 5 élèves des classes élémentaires (sans inclure les maternelles) et des classes de collège s’appliquait aux 4% des élèves de l’enseignement public de l’Hexagone en RAR, il faudrait 1200 postes de professeurs des écoles et 1550 postes de collèges. Quelle est la légitimité de Pierre Merle pour dire qu’une ressource aussi importante doit être affectée à la diminution du nombre d’élèves par classe ?
Le Ministre a retenu le principe, défendu pour le premier degré par plusieurs syndicats, de « plus de maîtres que de classe » comme support d’une évolution des pratiques pédagogiques. L’OZP partage ce principe et rappelle à ce propos le rôle essentiel joué par les professeurs d’appui implantés en RAR.

La diminution des effectifs par classe améliore les conditions de travail des enseignants mais elle ne suffit pas par elle-même à faire progresser significativement les élèves. La clé de la réussite se situe dans la pédagogie. Deux conditions, occultées par Pierre Merle, sont indispensables : la mise en place de pratiques collectives efficaces et l’accompagnement d’un pilotage attentif et volontariste aux différents niveaux de la hiérarchie, notamment par les corps d’inspection.

Par ailleurs, Pierre Merle reprend ses arguments en faveur de la « délabellisation » et de la « déterriorisation ». L’OZP et d’autres organisations ont déjà répondu à cette vision qui, si elle était par malheur reprise par le ministère, signifierait concrètement la liquidation d’une véritable politique nationale d’éducation prioritaire .

Voir aussi Concertation : Une contribution de l’OZP "Refonder la politique de l’éducation prioritaire

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