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" Il faut mettre les moyens là où ils sont le plus utiles. On a longtemps laissé croire qu’ils étaient concentrés dans les zones d’éducation prioritaire (ZEP). Or ce n’est pas vrai, comme l’a montré la Cour des Comptes. Si l’on prend en considération les salaires des enseignants, les établissements défavorisés ne sont pas mieux lotis que les autres. Et ce système de zones les stigmatise. Nous voulons parvenir à ce que tous les établissements soient financés en fonction de leurs besoins et de ceux des élèves. Et non de l’appartenance à tel ou tel territoire. Dans les collèges difficiles, les enseignants demandent plus de temps pour se concerter, pouvoir accompagner les élèves, rencontrer les familles… Nous devons en tenir compte. Il va falloir aussi revenir sur l’assouplissement de la carte scolaire."
Extrait de nouvelsobs.com du 11.12.12 : Peillon. je veux restaurer l’autorité et la solidarité à l’école
Note du Quotidien des ZEP :
La promesse d’accorder du temps de concertation aux enseignants en éducation prioritaire, comme celle, affirmée récemment, de recruter sur profil certains postes de responsabilité ou d’accompagnement, ne peuvent que satisfaire l’OZP puisque c’est nous mêmes qui avions soufflé ces propositions au cabinet du ministre en juillet 2012.
Par contre, ce qui ressemble à une valse-hésitation ministérielle sur le caractère territorial du dispositif est pour le moins déconcertant. Les déclarations sur la nécessité d’une délabellisation - un peu moins affirmée, il est vrai, au fil du temps - alternent avec celles sur l’élaboration en cours d’une nouvelle carte de l’éducation prioritaire qui s’inspirerait largement de celle de la politique de la Ville.
Les deux stratégies ne sont pas incompatibles et l’OZP soutient depuis longtemps et plus que jamais l’une et l’autre en réclamant à la fois le maintien d’un dispositif national, resserré mais fortement piloté, et l’instauration progressive et partielle d’une distribution des moyens proportionnelle aux difficultés sociales des établissements et écoles.
Mais le ministre, lui, donne l’impression de garder les deux fers au feu comme si les deux démarches s’excluaient. Et si le souci d’éviter les effets de seuil est un argument recevable contre le zonage, celui d’en finir avec la stigmatisation l’est beaucoup moins, tant la situation désastreuse de certains quartiers les place bien au-delà du risque inhérent à un étiquetage, tant aux yeux des parents que des élèves.
Dans l’état actuel des choses, le remplacement du zonage par une "aide personnalisée aux établissements" mettrait à mal la longue construction d’un travail en réseau, laisserait de côté les écoles (comme ce fut le cas lors de la création de CLAIR), démobiliserait tous les acteurs impliqués et ne ralentirait en rien la dégradation accélérée des conditions sociales des quartiers les plus en difficulté.
Elle serait d’ailleurs concrètement incompatible avec l’application des autres mesures favorables à l’éducation prioritaire (scolarisation des deux ans, temps de concertation, recrutement de certains postes sur profil) pour la simple raison qu’il faudrait bien distinguer, avec des critères précis et une autre appellation administrative (assez vite nécessairement "stigmatisante"...), la catégorie des établissements qui en bénéficieraient et la catégorie de ceux qui n’en bénéficieraient pas.
Par ailleurs, si les zones sont si stigmatisantes, on peut se demander pourquoi le ministre de l’Intérieur crée des zones de sécurité et de prévention, le plus souvent dans les mêmes quartiers.
Faut-il voir dans ce constant saut d’un pied sur l’autre la gêne d’un ministre qui a repris trop vite au vol le slogan de suppression des zones - avancé par certains membres du comité de pilotage de la concertation sans tenir aucun compte des souhaits du groupe de travail et de son rapporteur -, gêne accrue jusqu’à l’embarras par le fait que le président de la République a lui-même repris solennellement cette condamnation trois jours après ?
Certes, cette dernière déclaration de Vincent Peillon au "Nouvel Observateur" laisse entendre à mots couverts que le financement de tous les établissements selon leurs besoins n’est qu’un objectif lointain ("nous voulons parvenir à ce que...") mais la référence explicite - qui suit aussitôt après - à l’abandon d’une politique territoriale est encore trop pour les acteurs de terrain qui se demandent de plus en plus si l’éducation prioritaire a encore un avenir.
Doivent-ils vraiment attendre que le ministre de la Ville ait publié sa carte prioritaire pour que le nôtre soit enfin contraint de sortir de cette ambiguïté ?
Voir-ci dessous un florilège de ces déclarations contradictoires d’après les titres récents du site de l’OZP :