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Tantôt "délabelliser" les territoires de l’éducation prioritaire, tantôt "créer un nouveau zonage" calqué sur celui de la Ville : les ambiguïtés du discours ministériel (Note du Quotidien des ZEP)

17 décembre 2012

" Il faut mettre les moyens là où ils sont le plus utiles. On a longtemps laissé croire qu’ils étaient concentrés dans les zones d’éducation prioritaire (ZEP). Or ce n’est pas vrai, comme l’a montré la Cour des Comptes. Si l’on prend en considération les salaires des enseignants, les établissements défavorisés ne sont pas mieux lotis que les autres. Et ce système de zones les stigmatise. Nous voulons parvenir à ce que tous les établissements soient financés en fonction de leurs besoins et de ceux des élèves. Et non de l’appartenance à tel ou tel territoire. Dans les collèges difficiles, les enseignants demandent plus de temps pour se concerter, pouvoir accompagner les élèves, rencontrer les familles… Nous devons en tenir compte. Il va falloir aussi revenir sur l’assouplissement de la carte scolaire."

Extrait de nouvelsobs.com du 11.12.12 : Peillon. je veux restaurer l’autorité et la solidarité à l’école

 

Note du Quotidien des ZEP :
La promesse d’accorder du temps de concertation aux enseignants en éducation prioritaire, comme celle, affirmée récemment, de recruter sur profil certains postes de responsabilité ou d’accompagnement, ne peuvent que satisfaire l’OZP puisque c’est nous mêmes qui avions soufflé ces propositions au cabinet du ministre en juillet 2012.

Par contre, ce qui ressemble à une valse-hésitation ministérielle sur le caractère territorial du dispositif est pour le moins déconcertant. Les déclarations sur la nécessité d’une délabellisation - un peu moins affirmée, il est vrai, au fil du temps - alternent avec celles sur l’élaboration en cours d’une nouvelle carte de l’éducation prioritaire qui s’inspirerait largement de celle de la politique de la Ville.

Les deux stratégies ne sont pas incompatibles et l’OZP soutient depuis longtemps et plus que jamais l’une et l’autre en réclamant à la fois le maintien d’un dispositif national, resserré mais fortement piloté, et l’instauration progressive et partielle d’une distribution des moyens proportionnelle aux difficultés sociales des établissements et écoles.

Mais le ministre, lui, donne l’impression de garder les deux fers au feu comme si les deux démarches s’excluaient. Et si le souci d’éviter les effets de seuil est un argument recevable contre le zonage, celui d’en finir avec la stigmatisation l’est beaucoup moins, tant la situation désastreuse de certains quartiers les place bien au-delà du risque inhérent à un étiquetage, tant aux yeux des parents que des élèves.

Dans l’état actuel des choses, le remplacement du zonage par une "aide personnalisée aux établissements" mettrait à mal la longue construction d’un travail en réseau, laisserait de côté les écoles (comme ce fut le cas lors de la création de CLAIR), démobiliserait tous les acteurs impliqués et ne ralentirait en rien la dégradation accélérée des conditions sociales des quartiers les plus en difficulté.
Elle serait d’ailleurs concrètement incompatible avec l’application des autres mesures favorables à l’éducation prioritaire (scolarisation des deux ans, temps de concertation, recrutement de certains postes sur profil) pour la simple raison qu’il faudrait bien distinguer, avec des critères précis et une autre appellation administrative (assez vite nécessairement "stigmatisante"...), la catégorie des établissements qui en bénéficieraient et la catégorie de ceux qui n’en bénéficieraient pas.

Par ailleurs, si les zones sont si stigmatisantes, on peut se demander pourquoi le ministre de l’Intérieur crée des zones de sécurité et de prévention, le plus souvent dans les mêmes quartiers.

Faut-il voir dans ce constant saut d’un pied sur l’autre la gêne d’un ministre qui a repris trop vite au vol le slogan de suppression des zones - avancé par certains membres du comité de pilotage de la concertation sans tenir aucun compte des souhaits du groupe de travail et de son rapporteur -, gêne accrue jusqu’à l’embarras par le fait que le président de la République a lui-même repris solennellement cette condamnation trois jours après ?

Certes, cette dernière déclaration de Vincent Peillon au "Nouvel Observateur" laisse entendre à mots couverts que le financement de tous les établissements selon leurs besoins n’est qu’un objectif lointain ("nous voulons parvenir à ce que...") mais la référence explicite - qui suit aussitôt après - à l’abandon d’une politique territoriale est encore trop pour les acteurs de terrain qui se demandent de plus en plus si l’éducation prioritaire a encore un avenir.
Doivent-ils vraiment attendre que le ministre de la Ville ait publié sa carte prioritaire pour que le nôtre soit enfin contraint de sortir de cette ambiguïté ?

 

Voir-ci dessous un florilège de ces déclarations contradictoires d’après les titres récents du site de l’OZP :

8 déc. 2012 Dans une lettre ouverte de présentation de la refondation, Vincent Peillon précise son projet pour l’éducation prioritaire

6 nov. 2012 Interrogé sur la délabellisation prônée par le rapport du comité de pilotage, le ministère la qualifie d’"éventuelle" et de "chantier à moyen terme" non concerné par la loi d’orientation

12 oct. 2012 V. Peillon prudent sur l’EP : zonage en concertation avec la Ville, une dotation pluri-annuelle, ne pas arrêter des expériences qui réussissent

11 oct. 2012 Vincent Peillon va engager une nouvelle discussion sur l’éducation prioritaire avec un nouveau zonage calqué sur celui en projet pour la politique de la ville

10 oct. 2012 Le texte intégral du discours de François Hollande sur la refondation de l’école. Les extraits qui concernent les inégalités territoriales et l’éducation prioritaire

10 oct. 2012 Education prioritaire : Une circulaire supprimera le label mais pas de mise en oeuvre à la rentrée 2013. La réponse du MEN à la position de l’OZP

9 oct. 2012 François Hollande officialise la fin des ZEP, remplacées par "une aide personnalisée aux établissements", selon "les spécificités territoriales, scolaires et sociales"

8 oct. 2012 Pré-Assises. Concertation : Le rapport de synthèse de l’atelier "Une école plus juste pour tous les territoires" rédigé par Anne Armand (IGEN) n’a pas grand-chose à voir avec les conclusions qu’en ont tirées les membres du comité de pilotage !

6 oct. 2012Pré-Assises. Le rapport de la concertation propose de remplacer les zones prioritaires par une attribution de moyens en fonction des caractéristiques sociales du public accueilli

3 sept. 2012 V. Peillon sur France Inter : une décharge horaire pour les professeurs en éducation prioritaire est une des pistes que nous explorons dans la concertation

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