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B* Le partenariat recherche - enseignement (et les TICE) comme levier d’apprentissage à l’école ECLAIR Vaillant-Couturier de Bagneux (Hauts-de-Seine)

7 février 2013

Le partenariat recherche - enseignement comme levier d’apprentissage
Action proposée pour les Journées de l’innovation de mars 2013

Ecole primaire Paul Vaillant-Couturier
26 avenue Paul Vaillant-Couturier, 92220 Bagneux
Site : www.ac-versailles.fr/mae
Auteur : CARDIE
Mél : ce.cardie@ac-versailles.fr

18 élèves apprentis-chercheurs utilisent logiciels et TIC pour interroger, analyser, transcrire et diffuser leurs expérimentations scientifiques. Parrainés par deux myrmécologues et un généticien, ils mettent en œuvre des compétences et des tâches apparentées à celles d’un chercheur. Les partenariats avec des pôles d’excellence scientifique sont les garants d’une continuité école-laboratoire et aident les élèves à adopter la démarche d’investigation comme modèle d’apprentissage dans des situations concrètes, originales et mémorables. Le souci éthique et celui de l’intégration sociale ont une dimension forte dans ce projet. Des élèves en réussite et convaincus qu’ils peuvent embrasser des métiers exigeants, notamment scientifiques, est un objectif prioritaire pour une école d’un réseau ECLAIR.

Plus-value de l’action
Pérenniser et étendre cette expérimentation grâce à une action conjointe des enseignants et des centres de recherche, universitaires ou non, pour donner goût à la démarche rationnelle et ouvrir le champ des possibles. En étendant cette démarche à plusieurs niveaux de l’établissement, voire à l’ensemble du réseau ECLAIR, on offrirait la possibilité aux élèves de suivre un parcours continu, notamment dans le cadre de la liaison école-collège du réseau.

Nombre d’élèves et niveau(x) concernés
 Elèves directement concernés : une classe de CM1/CM2 de 18 élèves
 Elèves associés : 4 classes de grande section de maternelle et leurs enseignantes de l’école maternelle [ECLAIR] Paul Vaillant-Couturier, la classe de GS de Mme Servane de Botmiliau de l’école maternelle [RRS] Châteaubriant (Bagneux).

A l’origine
Après plusieurs années d’enseignement dans une école du réseau ECLAIR Henri Barbusse (92), j’observe que les élèves ne s’investissent pas car ils donnent peu ou pas sens à leurs apprentissages. Ceux-ci demeurent morcelés, étrangers à leur identité d’élève et se met alors en place un cercle vicieux où démotivation et échec s’alimentent mutuellement. Prenant toute la mesure des recherches en sciences cognitives et en sciences de l’éducation démontrant que les compétences cognitives à l’œuvre chez les plus jeunes ne sont pas d’une autre nature que celles des chercheurs dans leurs laboratoires, j’ai entrepris d’aider les élèves à prendre conscience qu’ils peuvent être acteurs de leurs propres apprentissages, avec pour objectif une meilleure réussite, dans une posture d’exigence, de questionnement et de confiance.

Pour valider cette hypothèse de travail, j’ai mené plusieurs expériences : en 2009-2010, avec pour partenaire l’Observatoire de Paris et la DSV-CEA (Direction des sciences du vivant du CEA], et en 2010-2011 avec la DSV-CEA. J’ai observé que les élèves devenaient progressivement acteurs, réflexifs et autonomes dans la construction de leur propre savoir. De plus, j’ai relevé le fort investissement et le sentiment d’accomplissement des élèves grâce à la valeur d’exemplarité intellectuelle de leur relation avec les chercheurs partenaires, la diffusion des savoirs acquis et la reconnaissance auprès d’acteurs extérieurs de la « réussite » des projets menés à terme. Les interactions avec des chercheurs de l’Observatoire de Paris et de la DSV-CEA ont ainsi aidé les élèves à prendre conscience que leurs activités d’apprentissage s’inscrivent dans une chaîne du savoir plus large à laquelle ils peuvent prendre part.

Forte de ces constats empiriques, j’ai souhaité poursuivre sur cette voie en instaurant un partenariat fort avec des chercheurs intéressés par cette approche où recherche et apprentissage sont au service de la réussite des élèves. Au vu des exigences de ce projet ambitieux et en s’inspirant des interactions entre chercheurs, l’utilisation des TICE s’est avérée essentielle : d’une part, pour communiquer avec les différents partenaires, entre les élèves eux-mêmes et entre les élèves et l’enseignant ; d’autre part pour répondre aux besoins crées par la dissémination des pratiques de lecture et d’écriture. A cette fin, l’enseignant doit offrir un environnement numérique de communication diversifié au service du questionnement et du partage des observations de manière pertinente et stimulante.

Objectifs poursuivis
 A) Créer et pérenniser des partenariats entre les écoles et les centres de recherche français :
▪ décloisonner le monde de la recherche et celui de l’école grâce à des partenariats institutionnels forts et la mise en œuvre d’une pédagogie ambitieuse des sciences.
▪ développer chez tous, filles et garçons, et dès le plus jeune âge, les compétences nécessaires pour être des acteurs avertis dans une société de la connaissance en rapide et continuelle mutation notamment dans le cadre de l’utilisation des TIC.

 B) La recherche comme modèle d’apprentissage. Des élèves peuvent-ils travailler comme des « apprentis chercheurs » ? S’engager dans la durée sur des projets exigeant d’observer, décrire, formuler des hypothèses, capitaliser des savoirs, échanger des informations, argumenter, valider des résultats ? En proposant aux élèves d’endosser l’identité de l’apprenti-chercheur et de transformer la classe en un mini-laboratoire, je tente d’induire chez eux une posture différente. Il s’agit ainsi de leur faire comprendre que la connaissance est un processus où le questionnement, l’erreur, l’essai, l’itération, le travail collaboratif, l’ouverture de l’école au monde sont autant de leviers des apprentissages. Pour mes élèves, apprendre c’est désormais trouver des réponses aux questions qu’ils se posent.

C) Travailler et communiquer avec les TICE.
▪ Les élèves sont initiés à l’utilisation responsable des réseaux sociaux et familiarisés avec l’écriture numérique. Afin de communiquer avec les différents partenaires et interlocuteurs (chercheurs, enseignants, familles, classes ...) les élèves utilisent : twitter, un compte mail et le site internet de la classe.
▪ Les carnets du chercheur individuels donnent lieu à un carnet collectif et collaboratif de la classe dans son ensemble sous Google Drive.
▪ Pour les besoins du projet, les élèves apprennent à avoir un regard outillé lors du recours à la recherche documentaire sur Internet : renseigner un moteur de recherche, recouper les informations, identifier les sources premières et fiables, ne pas perdre la linéarité d’une présentation ou d’une argumentation au profit des différents liens.

Description
 Travailler en collaboration avec des chercheurs d’horizons différents et s’inspirer de leur outils, méthodes et éthique pour construire un environnement de travail propice aux apprentissages et à l’épanouissement des élèves implique la mise en place de situations d’apprentissage complexes et signifiants pour l’élève. Sous la double tutelle de l’efficacité pédagogique et la pertinence scientifique, l’enseignant crée des dispositifs où les élèves sont fortement étayés dans leurs activités en concertation en amont avec les chercheurs partenaires, Thibaud Monnin (CNRS), Mathieu Mollet (CNRS), François Taddeï (INSERM) et Song Xiahou (INSERM).
 L’expérience scientifique et les restitutions des élèves Les élèves mènent une expérience de recherche avec comme sujet d’appui l’observation des fourmis aphaenogaster senilis. L’objectif est d’étudier les modalités selon lesquelles elles sélectionnent des nouveaux nids ainsi que d’autres questions qui surgissent au fur et à mesure de l’année scolaire.
▪ Les bacs dans lesquels les nids sont installés seront filmés pendant plusieurs types d’expériences, comme par exemple : identifier les pistes de nourriture ou les pistes de migration.
▪ Les images seront exploitées à l’aide de logiciels créés par M. Song Xiaohu, ingénieur de recherche à l’INSERM, et analysées à l’aide de M. T. Monnin (CNRS-UPMC) et M. M. Mollet (MCFà UPMC). Les élèves auront en charge de créer des tableaux et des graphiques quantifiant les mouvements de migration des fourmis et d’en donner une interprétation. Les élèves observent les fourmis et consignent dans le carnet de recherche (individuel papier et collectif numérique) leurs observations, hypothèses et questions. Les sources de documentation sont variées : ressources didactiques, Internet et les échanges écrits et oraux avec les myrmécologues, parrains scientifiques de la classe.
 Communication avec les partenaires Le compte twitter et le compte gmail servent en priorité à communiquer de manière très réactive avec nos partenaires.
▪ Avec Thibaud Monnin et Mathieu Molet nous privilégions le format mail long, propice aux échanges construits autour de travail et la démarche des élèves.
▪ Avec François Taddeï, twitter est à l’honneur dans une perspective de guidage des élèves autour de leur posture de chercheur en herbe.
▪ Twitter est également à l’honneur pour communiquer avec d’autres chercheurs qui s’intéressent à la classe, Lucile Desmoulins (MCF UPEMLV) et notamment Naomi MccLure Griffit (astrophysicienne, CSIRO, Australie). L’intérêt de cet échange en anglais avec une astrophysicienne, donc très loin de la biologie, est d’étayer les élèves dans leur appropriation de la démarche scientifique et dans le transfert de compétences à l’ensemble des champs de savoir qui s’offrent à eux.
▪ Auprès d’autres élèves. Les élèves auront à rédiger un article sur le modèle d’un article de sciences et à préparer un support pour une communication orale sur le modèle des « talks » de conférence. Pendant l’année scolaire, les élèves se constitueront en « experts myrmécologues » auprès des élèves de GS initiant ces derniers à la démarche de questionnement scientifique.
▪ Enfin des restitutions artistiques sont prévues à l’aide de M. J. M. Furgerot, coordonnateur du réseau ECLAIR : chansons et clips écrits et réalisés par les élèves à partir de leurs découvertes scientifiques, jeux et affichages en vue du Forum des Sciences de la 19e circonscription.

Difficultés rencontrées
 La multiplicité des supports écrits.
 La volonté d’avoir recours à un carnet numérique de recherche ralentit considérablement le processus. Par exemple, la simple saisie est très chronophage pour la majorité des élèves. De surcroît, le travail sur écran, faute d’automatismes d’exécution, mobilise une telle énergie attentionnelle que les élèves ne sont plus assez disponibles pour réfléchir. J’observe notamment le contraste avec la production d’écrit sur papier où la familiarité avec le stylo/papier libère les élèves, capables au fil de l’écriture de réfléchir aux contenus et à la forme, aux idées et à la syntaxe. Par conséquence, seuls 5 élèves peuvent profiter pleinement de la malléabilité d’un carnet de recherche numérique. J’espère que cette difficulté sera surmontée au gré des progrès des élèves.
 La faible culture scientifique, la pauvreté du vocabulaire et de la syntaxe des élèves.

Moyens mobilisés
 En premier, bien qu’elles soient éloignées des métiers de production et de transmission des savoirs, les familles des élèves sont très mobilisées et entièrement engagées dans notre projet. Elles participent matériellement (bricolage, aide à la construction de la fourmilière, assistance informatique, festivités) et virtuellement (suivi des différents supports numériques). Les parents sont très favorables à cette démarche et répètent à leurs enfants à l’envie que c’est « une chance » à saisir. - Ensuite, grâce au réseau ECLAIR, un assistant pédagogique peut participer à la mise en place d’ateliers facilitant ainsi le travail en groupes.

Partenariat et contenu du partenariat
 Thibaud Monnin, CNRS, laboratoire écologie et évolution UMR 7625 parrain scientifique de l’expérience sur les fourmis
 Mathieu Mollet, MCF, laboratoire écologie et évolution UMR 7625 parrain scientifique de l’expérience sur les fourmis
 François Taddeï, directeur de recherche (INSERM), parrain de l’expérience de l’enseignement par la recherche
 Song Xiaohu, ingénieur de recherche (laboratoire U1001 - Paris V), créateur du logiciel de traitement d’image grâce auquel les élèves construisent leur dispositif expérimental
 Jean-Marc Furgerot, coordonnateur réseau ECLAIR Henri Barbusse, volet artistique
 Christelle Pauget, photographe et CPE au Lycée professionnel Le Corbusier, site internet et photographie.
 Naomi MccLure Griffit (astrophysicienne, CSIRO, Australie), correspondante scientifique de la classe

Liens éventuels avec la Recherche
Entretiens : Mme Anne-Marie Chartier (chercheure et historienne de l’éducation), M. François Taddeï, M. T. Monnin, M. M. Mollet, Ms Naomi MccLure Griffit, M. C. Hadji (professeur émérite sciences de l’éducation), Mme Lucile Desmoulins (MCF Info-com), Mme Nathalie Nathalie Tingry (doctorante Info-com), M. Eric Vinson (chercheur, Sciences Po, Institut Catholique de Paris), Mme Monique Martineau-Hennebelle (MCF à la retraite, ancienne chercheure à l’INRP, directrice et fondatrice de la revue CinémAction), M. J.F. Léger (Biologie, ENS-Ulm).

Modalités du suivi et de l’évaluation de l’action
Pour l’instant l’évaluation est purement interne, néanmoins, je transmets à l’IEN de ma circonscription (19e) M. Jean-Michel Bois régulièrement un bilan détaillé de l’action, des progrès de la classe, des problèmes rencontrés, des démarches et des rencontres.

Effets constatés
  Sur les acquis des élèves : Les effets constatés le sont de manière parfaitement empirique :
▪ une très nette progression dans la maîtrise de la langue de tous les élèves notamment en production d’écrit et en argumentation à l’oral.
▪ l’intériorisation croissante de la démarche d’examen rationnel, de questionnement, de déduction et d’analyse et de mise en réseau des connaissances acquises.
▪ l’ensemble des élèves, à une unique exception pour l’instant, donnent davantage sens à leurs apprentissages
▪ une meilleure implication des élèves dans les apprentissages
▪ la volonté de se montrer persévérant dans toutes les disciplines
▪ l’acceptation des exigences du travail scolaire
▪ une appétence accrue pour le travail même réputé difficile. Le plaisir de travailler est généré par la fierté et la satisfaction d’accomplir des tâches, de surmonter des difficultés, d’enrichir son savoir, de s’entraider et de se sentir « grandis » par cette démarche.
▪ L’adhésion à l’esprit collaboratif et la volonté de partage
- Sur les pratiques des enseignants : De manière systématique, je mets en place dans ma classe des projets impliquant des acteurs extérieurs à la classe et qui mettent l’élève dans une posture créative. Ayant constaté l’implication des élèves et leur facilité à mémoriser et à utiliser des notions, des informations, des postures, des opérations cognitives difficiles dans le cadre d’une approche par la recherche des sciences, je tente d’appliquer cela à l’ensemble des interactions en classe. J’ai éliminé de ma pratique toute segmentation leçon/exercice d’application. Les élèves sont systématiquement mis dans une posture d’apprentissage où la leçon est une « généralisation », une « recherche de constantes » qui devient ensuite un outil familier. Le « réinvestissement » ne se fait plus d’une leçon à un exercice grâce à une opération extérieure à la situation d’apprentissage. De surcroît, ceci libère des plages horaires pour multiplier et différencier les nécessaires exercices de consolidation et de mémorisation.
- Sur le leadership et les relations professionnelles :
▪ Excellentes relations de collaboration avec M. J. M. Furgerot.
▪ Il y a d’ores et déjà un effet certain d’entraînement dans l’environnement immédiat (maternelle, enseignantes de CE2) et de modèle (les projets longs se mettent en place, cette année un partenariat avec l’Observatoire de Paris en CM1). De surcroît, trois collègues s’engagent désormais pour la rentrée prochaine à étendre cette expérimentation dans leurs classes respectives.
▪ Mise à disposition de tous les collègues qui le souhaitent, ayant ou non manifesté le désir de mener des projets, de tous mes outils de travail et de l’ensemble de mes projets.
- Sur l’école / l’établissement : Je cherche à établir des partenariats entre structures de recherche, et non seulement des individus, et l’école dans la perspective de pérenniser ces partenariats et les étendre à l’ensemble de l’école, voire à l’ensemble du réseau ECLAIR avec le soutien de M. J.M. Furgerot, coordonnateur du réseau ECLAIR Henri Barbusse.
- Plus généralement, sur l’environnement
▪ Pour les élèves : L’école est située dans un quartier très défavorisé et la mixité sociale dans l’école quasi-inexistante, néanmoins les parents se sont impliqués et, fait encore plus étonnant, les pères, d’habitude les plus grands absents, répondent massivement présent. L’intérêt des parents en général, et des pères en particulier notamment lorsqu’ils sont sans emploi, renforce l’engagement des élèves dans leur scolarité et leur sentiment de fierté. Cet effet est renforcé lorsque des acteurs extérieurs à l’école participent. Cette année, il est démultiplié par l’introduction de twitter. Le fait que des « élèves-chercheurs », travaillant avec des « vrais » chercheurs « de Paris » fait un peu le « buzz » dans la « cité ». Le fait marquant pour mes élèves et leur environnement est qu’il ne s’agit pas d’une action ponctuelle ni l’œuvre d’une association mais d’une activité menée dans le cadre scolaire, pour la réussite institutionnelle et sociale des enfants.

Extrait du site Expérithèque : Le partenariat recherche - enseignement comme levier d’apprentissage

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