Pas d’avantages pour les collèges en ZEP (INSEE)

18 septembre 2005

Extrait de « La Voix du Nord » du 17.09.05 : Les ZEP n’ont pas aidé les collégiens

La mise en place des zones d’éducation prioritaire (ZEP) n’a eu « aucun effet significatif » sur la réussite scolaire des collégiens, selon une étude publiée hier par l’INSEE. L’Institut national de la statistique et des études économiques a suivi pendant leur scolarité deux échantillons d’élèves entrés en sixième en 1980 et en 1989.

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« La masse des dépenses supplémentaires engagées dans les établissements classés en ZEP est loin d’être négligeable au niveau global. Cependant, il s’avère qu’elle est composée principalement de primes accordées aux enseignants », déplorent les auteurs de l’étude de l’INSEE, intitulée « Zones d’éducation prioritaires : quels moyens pour quels résultats ? »

Statut stigmatisant

« Les moyens affectés directement aux élèves se réduisent à quelques heures d’enseignement supplémentaires qui n’ont conduit à diminuer le nombre d’élèves par classe qu’assez peu et très lentement. »

Une faiblesse d’autant plus dommageable que le statut de ZEP est stigmatisant. Un collège classé en ZEP voit ses effectifs diminuer, peut-être parce que des parents évitent de scolariser leurs enfants dans un collège perçu comme un établissement en difficulté. Et au sein du corps enseignant, la proportion de professeurs jeunes et moins expérimentés augmente.

« La mise en place des ZEP n’a eu aucun effet significatif sur la réussite des élèves », observent les auteurs de l’étude. Cependant, « ces conclusions négatives constatées au niveau des collèges ne sauraient évidemment être généralisées sans études supplémentaires de la politique des ZEP dans son ensemble ».

Étude embarrassante

Ciblée sur les collèges (400 000 élèves, 15% des collégiens en 1997), l’étude démontre que « s’il y a eu gains dans certaines zones, ils ont été compensés par des détériorations dans d’autres zones ».

L’étude de l’INSEE se révèle embarrassante pour le ministre de l’Éducation nationale. Gilles de Robien, avait affirmé une semaine avant la rentrée : « On ne peut pas dire aujourd’hui que les jeunes ne réussissent pas en ZEP. »
Soulignant toutefois que « ça peut marcher mieux », il avait annoncé son intention de rouvrir le « dossier ZEP » par une « évaluation en 2005 et une relance en 2006 ».

Selon l’étude, en privilégiant « les établissements en extrême difficulté », on aurait pu, « avec le même budget total », abaisser plus nettement le nombre d’élèves par classe, une pratique reconnue comme la plus efficace face aux publics défavorisés.

D’autant que les inégalités sociales se sont accrues au sein des établissements ZEP alors même que la philosophie présidant à leur création en 1982 était précisément de les réduire.

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Voir sur ce sujet l’important article : Faut-il supprimer les ZEP ? L’ancrage territorial des ZEP est-il un échec ?, par François-Régis Guillaume

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