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L’égalité hommes-femmes c’est aussi la lutte contre l’échec scolaire précoce et le décrochage qui frappent massivement les garçons (Jean-Louis Auduc)

17 février 2014

Modifier les ABCD de l’égalité pour les rendre plus efficaces ?

"Il n’est plus possible d’en rester à la situation actuelle tant l’échec scolaire précoce masculin est précoce et pèse sur notre société". Spécialiste des inégalités de genre et particulièrement des difficultés scolaires des garçons, Jean-Louis Auduc propose quelques modifications aux ABCD de l’égalité pour les rendre plus efficaces.

Les ABCD de l’égalité veulent combattre les stéréotypes assignant à résidence dans un certain rôle social les filles et les garçons. C’est une entreprise louable, indispensable , mais pour qu’elle soit efficace, il apparaît indispensable d’y apporter un certain nombre de modifications, et ce dans trois directions, sinon elle risque de ne pas réussir ces objectifs.

Eviter de développer dans les ABCD les stéréotypes [...]

Mettre en avant pour les élèves un horizon leur permettant d’aller le plus loin possible de leurs potentialités [...]

Mener en même temps des actions pour l’égalité femmes-hommes et pour combattre l’échec et le décrochage scolaire frappant massivement les garçons

Construire l’égalité doit aussi passer par le combat contre l’échec scolaire précoce, notamment dans l’apprentissage de la lecture. On continue à parler de 15 à 20 % environ « d’élèves » ne maîtrisant pas les fondamentaux de la lecture au sortir de l’école primaire en oubliant de dire le plus souvent que cela concerne près de 30% des garçons ! Toutes les statistiques montrent que les filles durant leur scolarité lisent plus vite et mieux que les garçons, redoublent beaucoup moins qu’eux à tous les niveaux du système éducatif, échouent moins dans l’obtention de qualifications, ont plus de mentions à tous les examens et diplômes, du second degré comme du supérieur.

Cela devrait incliner à mettre en œuvre des stratégies adaptées, des pédagogies différenciées à l’apprentissage de la lecture pour les uns et pour les autres dans le cadre de classes mixtes.

Car l’échec scolaire, le décrochage scolaire qu’elle peut produire, contribue au développement de comportements violents et empêche le développement d’un vivre ensemble harmonieux. Prendre conscience de l’échec scolaire masculin précoce est un véritable enjeu de société. Faire réussir tous les élèves, quel que soit leur genre, peut permettre de diminuer la violence, de rendre le travail sur les stéréotypes plus efficaces. Nous connaissons en France une non-mixité à postériori qui ne pose de problèmes à personne alors qu’elle est le reflet d’un malaise profond, qui se traduit par une présence massive des garçons dans les dispositifs d’aide aux « élèves en difficulté »

Il ne s’agit pas de prôner des classes non-mixtes, mais de mieux penser la gestion pédagogique de la mixité dans le cadre de classes mixtes, pour toujours plus mettre en place les conditions d’un meilleur vivre ensemble. Il n’est plus possible d’en rester à la situation actuelle tant l’échec scolaire précoce masculin est précoce et pèse sur notre société.

Jean-Louis Auduc

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Extrait de L’Expresso du 11.02.2014 : Modifier les ABCD de l’égalité pour les rendre plus efficaces ?

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