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"Les enseignants doivent reconstruire leur légitimité auprès des familles populaires" (Didier Lapeyronnie devant les députés)

14 février 2014

"Le débat récent délirant sur le genre (…) montre la distance qu’un certain nombre de familles peuvent éprouver vis-à-vis de l’école. Il y a un divorce entre les modes culturels éducatifs dominants portés par les classes moyennes et les modes d’éducation plus populaires et traditionnels." C’est ce qu’affirme Didier Lapeyronnie, sociologue et président du conseil national de l’innovation pour la réussite scolaire, auditionné par la mission d’informations sur les relations entre l’école et les parents, à l’Assemblée nationale ce 13 février. Cependant, estime le sociologue, "c’est à l’école de s’adapter aux parents et pas l’inverse."
Didier Lapeyronnie déclare qu’il faut "ouvrir matériellement, intellectuellement et pédagogiquement le système scolaire vis-à-vis des parents et de la société, ce qui peut passer par la formation des enseignants pour que ces derniers prennent conscience qu’il n’y a pas un seul modèle éducatif." Pour lui, il faut "inclure ces parents dans l’élaboration de la norme et la gestion du système".

Selon le sociologue, les parents de milieux populaires ont le sentiment que "l’école n’est plus leur école et qu’elle a perdu sa légitimité pédagogique et politique. Ce qui complique l’acte d’enseigner. Les enseignants doivent reconstruire leur légitimité auprès de ces familles." Les parents de milieux populaires ont, en outre, l’impression de manquer de légitimité à l’intérieur de l’espace scolaire qui se serait fermé socialement et pédagogiquement. Or, "développer des formes éducatives qui prennent en compte l’ouverture de l’école aux parents favorise la réussite scolaire. En France, l’école s’est construite en grande partie sans les parents et parfois contre eux."

Informer les parents et les aider à s’approprier les codes
"Les parents sont souvent mis gentiment à l’écart de l’école. Ils ne sont sollicités que chaque trimestre pour venir chercher le bulletin scolaire ou alors à propos de l’orientation de l’enfant", déclare Steven Nassiri, porte-parole de la FIDL, fédération indépendante et démocratique lycéenne. "Dans le lycée que je fréquente dans le 93, les parents viennent pour les conseils de discipline et ne se déplacent plus pour les conseils de classe. Ils ne sont quasiment pas présents dans les instances. Le seul lien entre l’école et les parents reste le carnet de liaison qui a quelque chose de disciplinaire", témoigne le lycéen. Il pointe un problème d’implication des parents dans les institutions lycéennes.
"Dans certaines zones, notamment en ZEP, les parents ne sont pas intégrés à la société et certains ne parlent pas français. Il y a un énorme travail à faire avec les associations locales qui aident ces parents." Steven Nassiri estime que "les parents manquent d’informations de la part de l’Education nationale sur le rôle qu’ils ont à jouer au sein de l’institution". Le lycéen propose la distribution d’une plaquette sur les droits des parents au sein de l’école.

Vincent Roux, secrétaire général du syndicat CFTC de l’éducation, de la recherche et de l’action culturelle, pense pour sa part qu’il faut "permettre des moments de rencontre et d’échanges informels dans d’autres contextes que ceux de l’apprentissage. Mais aussi mieux former les enseignants à l’écoute et à la communication avec les parents". Il estime qu’il faut aider les parents à s’approprier "le jargon et codes de l’école".

Extrait du site de ToutEduc du 13.02.2014 : "C’est à l’école de s’adapter aux parents et pas l’inverse" ( le sociologue Didier Lapeyronnie devant les députés)

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