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Jeunes issus de l’immigration

L’école, le sexisme et le communautarisme... L’université de "Ni putes ni soumises", par François-Régis-Guillaume

6 octobre 2005

J’ai participé samedi dernier à l’Université de l’association « Ni Putes Ni Soumises" (NPNS) à l’atelier « Education et formation : un enjeu pour la jeunesse » et je voudrais vous communiquer quelques réflexions après coup.

D’abord une remarque sur l’organisation : j’ai compté 105 personnes présentes, c’est trop pour un « atelier » où tous les participants doivent pouvoir travailler et s’exprimer ; il aurait fallu scinder le groupe au moins en trois. De plus, la majorité des participants venaient, me semble-t-il, pour dire ce qu’ils ont fait ou pour entendre ce que d’autres avaient fait. Il serait plus efficace d’afficher comme objet de ces ateliers l’échange d’expériences et de publier ensuite ces témoignages.

Quant au sujet de l’atelier, invité comme représentant de l’observatoire des zones prioritaires (OZP), je suis venu avec l’intention de répondre à la question : « Qu’est-ce qu’une organisation comme NPNS peut revendiquer, avec réalisme, de l’éducation nationale ? » Cette question, je l’avais formulée après des discussions avec des militantes de NPNS pour qui il était évident que, si l’école ne combattait pas le sexisme, le communautarisme, etc., qui le ferait ? Comme cette évidence n’est pas partagée par tous, les militants de NPNS sont le plus souvent invités par des professeurs sympathisants dans leur classe. Que faire pour qu’ils interviennent très officiellement et non par la petite porte ?

Les interventions d’une proviseure (M.-F. Santoni) et de deux enseignants (Boris Séguin et J.-M. Zakhartchouk) ont fait entendre le meilleur, et même l’exceptionnel, de l’Education Nationale, des personnes capables dans leur action quotidienne de faire face aux fléaux que veut combattre NPNS. Si tout le monde était à ce niveau, il n’y aurait pas de problème.
Il me semble donc utile d’une part d’expliquer en quoi plusieurs objectifs de NPNS font partie des missions de l’école et comment ils peuvent s’insèrer dans son fonctionnement, et d’autre part de formuler des revendications qui pourraient rejoindre celles des mouvements pédagogiques.

Les missions de l’école

De l’école on voit surtout le meilleur - ce qui a été montré à l’université de NPNS - ou le pire - ce qui fait la une des médias -, plus rarement l’ordinaire. L’ordinaire de l’école, c’est une vie scolaire qui s’organise hors de la présence des adultes, selon les rapports de force entre adolescents. Le comportement n’est pas nécessairement violent, il est plus souvent passif et conformiste. Lorsque le contexte est défavorable, c’est là que s’enracinent la soumission aux plus forts, le machisme, le repli communautaire. L’école peut-elle se désintéresser de ce qui se passe hors de la classe, en récréation, à la cantine, à la sortie ?

Dans la vie au collège et au Lycée, quoi de plus important pour les garçons que les filles et pour les filles que les garçons ? L’espace public, la télé, les magazines sont saturés de sollicitations sur la compétition entre garçons et entre filles. M.-F. Santoni a eu raison d’affirmer que les rapports entre garçons et filles posent plus de problèmes que la violence dont on parle trop. L’école ne peut-elle en parler qu’à l’occasion de la prévention du sida ?

La position la plus fréquente est qu’il faut laisser les enfants et les jeunes développer leur personnalité, s’affirmer, ne pas les protéger, car dans la vie personne ne les protégera. La réponse n’est pas facile, si on ne veut pas laisser les seuls rapports de force s’imposer. Le débat doit au moins être ouvert. Entre protection excessive et laisser-faire, il doit bien y avoir une solution.

Plus les élèves sont d’un milieu éloigné du monde scolaire, plus ils ont besoin d’établir à l’école un rapport fort avec un adulte ; or, pour beaucoup ce rapport disparaît à l’entrée au collège. M.-F. Santoni a parlé du besoin légitime d’être écouté et regardé. Les réussites de jeunes de milieu dominé font toujours apparaître l’existence d’un passeur, d’une main tendue. Rendre cela possible partout ne devrait pas être soumis au hasard des bonnes volontés.

Quelles revendications ?

Pour que ces missions ne dépendent pas seulement d’actes militants exceptionnels et deviennent normales, deux revendications des mouvements pédagogiques pourraient être soutenues par NPNS :

 Créer dans les lycées et collèges des temps et des lieux de parole pour des échanges régulés entre jeunes, sur des thèmes choisis par eux et en collaboration avec des adultes.

 Que le tutorat puisse être inscrit dans le service d’enseignants volontaires pour garantir aux jeunes les plus éloignés du monde de l’école une relation forte avec un adulte.

Les ressources nécessaires devraient être budgétées d’abord en ZEP et en ZUS.

François-Régis Guillaume

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