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"Affirmative action, discrimination positive, ou égalité des chances" dans les entreprises

"Affirmative action, discrimination positive, ou égalité des chances" dans les entreprises (colloque Sarkozy : suites)

28 octobre 2005

Extrait du « Figaro » du 27.10.05 : La promotion sociale au menu Place Beauvau

Dans la salle des fêtes du ministère de l’Intérieur, où il a reçu la veille les parlementaires pour leur expliquer son choix en faveur du vote des immigrés aux élections locales, Nicolas Sarkozy s’est adressé hier aux élèves de la gendarmerie et de la police, officiers, proviseurs, chefs d’établissement, sur le thème de la discrimination positive « à la française ». Il avait déjà eu l’occasion d’en parler la veille, lors de son déjeuner avec Dominique de Villepin. Puisque le premier ministre ne démord pas de l’expression « d’égalité de chances », Nicolas Sarkozy a semblé prêt à remiser la notion de « discrimination positive » : « Appelez ça comme vous voudrez : mobilisation positive, volontarisme républicain. Je propose même un autre terme, celui d’égalité réelle. »

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« Querelles théologiques »

Les participants au débat sont tous tombés d’accord pour dire que la bataille autour de la discrimination positive ressemblait aux « vieilles querelles théologiques ». « Nous avons le chic de nous déchirer sur des concepts qui sont indéchiffrables pour le commun des mortels », s’est exclamé Roger Fauroux, ancien ministre, devant le parterre des policiers. « Nos bourses ciblent des populations qui sont dans des ZEP (NDLR : zones d’éducation prioritaires). Or ce qui est ciblé est discriminatoire. Faisons-nous de la discrimination positive ? Je n’en sais rien et je m’en fous », a renchéri Serge Weinberg, l’ancien président de Pinault-Printemps-Redoute, qui a monté, avec la Fondation Télémaque, un système de bourse pour aider les bons élèves nés dans les quartiers difficiles.

« Affirmative action, discrimination positive, ou égalité des chances, dans les entreprises on préfère agir que de nous battre sur les mots », confirme Claude Bébéar. Le directeur de l’Institut d’études politiques de Paris, Richard Descoing, a tordu le cou à l’idée controversée des « quotas ethniques ». La voie d’entrée, hors concours, pour les meilleurs élèves de certains lycées situés en ZEP « ne se fait pas sur la base de quotas ethniques, et au détriment des autres élèves ».

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Charles Jaigu

Information parallèle : extrait de « TF1.fr » du 26.10.05 : Sarkozy vante la "discrimination positive à la française"

Lors d’un colloque au ministère de l’Intérieur, le président de l’UMP s’est expliqué mercredi sur sa stratégie pour réduire les inégalités en termes de mobilité sociale. A l’appui de son discours, des exemples notamment dans les grandes entreprises françaises.

Discrimination positive ? Communautarisme ? Franchement, je ne pense pas que dans la rue, les Français sachent de quoi l’on parle. Ce qui compte, ce ne sont pas les débats philosophiques, ce sont les résultats". Claude Bébéar, l’ancien PDG d’Axa, donne le ton d’une des tables rondes réunies par Nicolas Sarkozy mardi après-midi. Autour de la table, trois hommes d’entreprise, le directeur de Science-Po Paris, Richard Descoings, et un ancien ministre de l’Education nationale.

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Durant toute la discussion, la référence à la pratique américaine revient souvent, mais pour mieux s’y opposer : " toutes les expériences menées en France n’ont rien à voir avec ce qu’on appelle là-bas " l’affirmative action ", ce qui a faussé le débat chez nous, explique Luc Ferry ". Même mise au point de Claude Bébéar : "il ne sera jamais question de mettre en place des quotas de blacks, blancs ou beurs dans les entreprises ou les universités. Cela consisterait à considérer la couleur de peau comme un handicap. Il s’agit seulement d’aider plus certains au moment où ils se lancent dans la vie ". Un propos repris un peu plus tard par Nicolas Sarkozy dans son discours : " la politique, c’est choisir d’aider plus tel ville pauvre plutôt que Neuilly, tel enfant immigré de la Courneuve, plutôt que tel élève du 7ème arrondissement (...) On peut toujours dire que ces enfants ont le droit à la même école publique et universelle mais certains n’ont même pas une table pour ouvrir un cahier. "

Le colloque organisée par le ministre de l’Intérieur lui sert aussi à corriger ce qu’il qualifie de " rumeur absurde" : " je ne suis pas un partisan du communautarisme et des quotas ethniques et je cherche encore moins à américaniser notre société ". Son ambition : " transformer les égalités virtuelles en égalités réelles ", au risque de bousculer les habitudes et les traditions. " Il faut être prudent quand on agit contre l’histoire de son pays ", admet Luc Ferry.

Mais la discussion donne le sentiment d’un excès de prudence depuis des décennies dans la classe politique française, prudence qui contraste avec l’attitude de la société civile et de certaines grandes entreprises. " La France a décidé le regroupement familial en 1974, ce qui était une idée généreuse. Mais une idée généreuse qui ne s’accompagne pas d’une réelle stratégie de lutte contre les discriminations est vouée à l’échec. Nous payons aujourd’hui les conséquences de cette erreur de l’Etat." résume Claude Bébéar

Autre information parallèle :

Extrait du "Monde" du 28.10.05 :
M. Sarkozy veut promouvoir l’égalité des chances par la loi

u lendemain de deux heures d’échauffourées à Argenteuil (Val-d’Oise) avec des jeunes qu’il traitait ce soir-là de "gangrène" et de "racaille" , Nicolas Sarkozy s’est expliqué, mercredi 26 octobre, sur la signification et la portée qu’il veut assigner à la "discrimination positive à la française" , devant un parterre d’élèves de la gendarmerie et de la police, d’officiers, de préfets et de hauts fonctionnaires. Les jeunes d’Argenteuil n’avaient alors, pour le ministre de l’intérieur, toujours "pas raison, mais n’avaient pas que des torts".

Brocardant "ceux qui se concentrent sur la mise à l’index d’expressions dérangeantes" , Nicolas Sarkozy a défendu son idée de la "justice" et de "l’égalité réelle" des chances. "Pour moi, le vrai modèle, c’est celui qui favorise une société juste où "liberté" rime avec "équité", a-t-il lancé. Soit on se contente de défendre l’égalité devant la loi, soit, au contraire, on veut promouvoir l’égalité par la loi." Et d’insister : "La politique, c’est choisir ; choisir entre les territoires et les individus ceux qui doivent être aidés et ceux qui n’ont pas besoin d’une intervention supplémentaire de l’Etat. L’honneur de la politique c’est de hiérarchiser les priorités, de faire des choix."

Le ministre de l’intérieur s’est toutefois défendu d’être un "partisan du communautarisme et des quotas ethniques" , de vouloir "provoquer" et "américaniser" la société française. Une façon de répondre au premier ministre, qui, mardi 25 octobre, dans un entretien au Parisien, le mettait en garde. "Sur le fond, nous sommes tous d’accord pour lutter contre les formes de discrimination et pour l’égalité des chances . - Mais - le gouvernement dans son ensemble refuse la discrimination positive en fonction de la race ou de la religion, car ce type de politiqu e ne pourra que faire le jeu du communautarisme" , avait souligné Dominique de Villepin.

Enonçant plusieurs initiatives qui doivent permettre de "passer de l’affirmation de droits virtuels à la pratique de droits réels" , Nicolas Sarkozy a pris soin de citer l’action de son prédécesseur Place Beauvau, Dominique de Villepin, en faveur des "cadets de la République".

A compter de 2006, a-t-il annoncé, ce dispositif déjà mis en place pour la formation en alternance de 1 000 jeunes de 18 à 25 ans dans le réseau de la police nationale sera étendu à un autre millier de jeunes de 16 à 18 ans qui pourront se préparer au CAP ou au BEP des métiers de la sécurité. Afin de susciter des vocations de fonctionnaires, les préfectures et services déconcentrés de l’Etat sont invités à proposer des stages aux élèves de troisième des collèges de ZEP. Deux cycles préparatoires à l’Ecole nationale supérieure de la police (ENSP) et à l’Ecole nationale supérieure des officiers de police (Ensop) seront créés. Et une mission pour l’égalité des chances sera mise en place au sein du ministère éponyme.

Nicolas Sarkozy veut montrer que son ministère "s’engage" . Une fois encore, cependant, il a paru faire cavalier seul au sein du gouvernement. Azouz Begag, ministre délégué à l’égalité des chances, s’est ainsi étonné de ne pas avoir été invité.

Laetitia Van Eeckhout
Article paru dans l’édition du 28.10.05

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