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"Une école de la réussite pour tous" : l’avis du CESE et les vidéos des auditions. Le dossier du Café pédagogique

13 mai 2015

Une école pour la réussite de tous

(avec les vidéos des auditions)

Avis présenté par Mme Marie-Aleth Grard au nom de la section de l’éducation, de la culture et de la communication, présidée par M. Philippe Da Costa

Le rapport du CESE de septembre 2011 sur les « Inégalités à l’école » le dénonçait déjà, l’école française n’arrive pas à atténuer les inégalités dues à l’origine sociale ou culturelle. La loi de refondation de l’École de la République du 8 juillet 2013 insiste sur le caractère inclusif de l’école ; il est essentiel de se préoccuper de la réussite de tous. Permettre à tous les enfants, à tous les jeunes de devenir un jour des citoyens dans une démocratie, pleinement insérés dans la société, tel est le défi que l’école doit relever.

Nous ne pouvions aborder cette question des inégalités dues aux origines sociales et culturelles sans entendre d’abord la parole des parents socialement les plus exclus. Ils ont beaucoup à dire sur l’école et sur l’orientation de leurs enfants. C’est à partir des progrès des enfants des familles les plus défavorisées que nous pourrons mesurer la capacité de l’école à les faire réussir tous.

L’éducation prioritaire est l’une des réponses apportées pour lutter contre les inégalités scolaires. Elle ne peut pas être la seule et elle ne garantit pas une école ouverte et compréhensible par tous. Il faut également suivre d’autres pistes.

L’école porte en elle ses propres forces. Ce sont toutes ces personnes, ces équipes pédagogiques, ces établissements scolaires qui cherchent, créent, innovent dans le but de ne laisser aucun élève au bord de la route. Ils sont nombreux, peu connus. Ils ouvrent des voies qui devraient permettre de surmonter cet obstacle du déterminisme social auquel se heurte l’école.

Dans le cadre de la scolarité obligatoire (école primaire et collège), de nombreuses auditions ont permis d’entendre l’expérience d’acteurs de l’école travaillant à la réussite de tous. Ces acteurs n’ont pas développé des théories. Ils ont raconté ce qu’ils vivent avec les élèves. Les uns se réfèrent à des pédagogies connues depuis de longues années (Freinet, Montessori, pédagogie institutionnelle,…). D’autres puisent dans ces pédagogies et les adaptent à la réalité de leur établissement. Certains font appel à des expériences pédagogiques nées dans d’autres pays et dont les fruits sont avérés. Tous cherchent et s’adaptent aux besoins de leurs élèves pour tenter de faire de l’école un lieu du plaisir d’apprendre, sans abandonner l’exigence du savoir.

L’école n’étant pas le seul lieu d’éducation des enfants et des jeunes, il était important d’entendre comment des projets en partenariat avec les quartiers peuvent naître et ce qu’ils apportent à l’enfant, dans un tissu de relations où ses parents ont une place privilégiée.

De l’audition de toutes ces vies de classes, d’écoles, de collèges et de quartiers émergent des voies encore peu explorées dans l’école française. Elles se révèlent bénéfiques pour les élèves de tout niveau scolaire, même si elles restent évidemment perfectibles.

L’avis est adopté. Résultats du vote : 129 pour, 4 contre, 5 abstentions

Marie-Aleth Grard est photographe et vice-présidente de ATD Quart Monde. Elle est également membre du Conseil Supérieur des Programmes. Elle siège au CESE à la section de l’éducation, de la culture et de la communication où elle représente le groupe des personnalités qualifiées

Le rapport

Extrait de lecese.fr du 12.05.15 : Le cese va rendre ses préconisations pour une école de la réussite pour tous

 

MARDI 12 MAI 2015 : LE CESE A VOTE SON AVIS « UNE ECOLE DE LA REUSSITE POUR TOUS »

L’école française n’arrive pas à diminuer les inégalités dues à l’origine sociale et culturelle. Déjà en 2011 le CESE lançait un cri d’alarme dans son avis sur Les inégalités à l’école. Pour cet avis « Une école de la réussite pour tous », le CESE a mené des travaux originaux.

La rapporteure, Marie-Aleth Grard (vice-présidente d’ATD Quart Monde) a mené plus de 200 auditions au CESE et dans 8 académies. La plateforme lancée par le CESE : reussitedetous.lecese.fr a rencontré un vif succès. Tous les acteurs de l’école ont été invités à y contribuer. Travail original car pour la première fois une section du CESE a travaillé en « Croisement des savoirs » avec des parents qui vivent au quotidien dans la grande pauvreté. Ensemble ils ont cherché à partir du foisonnement des auditions ce qui semble nécessaire pour qu’enfin l’école française soit une école de la réussite pour tous.

Travail original enfin puisque les auditions et l’avis ont été réalisés en étroite collaboration avec Jean-Paul Delahaye, Inspecteur général, chargé par Madame la Ministre de l’Education Nationale d’une mission « Grande pauvreté, réussite scolaire ». Ces deux travaux sont complémentaires ; sur les 59 préconisations de l’avis plus d’une vingtaine sont en commun avec Jean-Paul Delahaye.

Cet avis a été présenté le 12 mai par sa rapporteure, il a ensuite été soumis au vote de l’Assemblée Plénière du Conseil économique, social et environnemental et adopté avec 129 votes pour, 4 contre et 35 abstentions.

 

L’avis du CESE « Une école de la réussite pour tous » appuie ses préconisations sur 3 fondements :
Une école inclusive
Une école où la mixité sociale et scolaire est une situation normale
Une école pour laquelle la politique publique soutient et évalue les initiatives

Pour le CESE, il est important de prévenir les difficultés scolaires dès la maternelle. Les inégalités dans l’orientation scolaire sont grandes, le CESE préconise ainsi de supprimer le volet social dans l’affection des élèves vers les filières spécialisées ou du handicap.
Multiplier les échanges entre écoles / collèges « éducation prioritaire » et tous les autres facilitera la réussite de tous. Le CESE recommande d’avoir une attention particulière pour les territoires ultramarins où les conditions ne sont pas du tout réunies pour la réussite de tous les élèves.

Faciliter la découverte, la compréhension du milieu et du territoire où ils enseignent permettra aux professeurs de mettre en place des projets avec les acteurs du territoire. Ces projets communs, entre classes, avec des acteurs du territoire, sont bien souvent la porte ouverte à la réussite de tous.

Le CESE encourage à renforcer les liens entre l’école et les parents, en permettant à tous les parents, sans oublier ceux qui en sont très éloignés, de venir à l’école au collège pour des moments formels et informels. L’école, « lieu social », doit s’ouvrir davantage à tous les acteurs.
Toutes les pratiques pédagogiques ne se valent pas et le CESE incite à développer celles qui sont au service de la réussite de tous : le CESE recommande le développement des pédagogies coopératives qui permettent une réelle participation de tous les élèves. L’évaluation qui encourage, qui donne des repères communs permettra à tous les élèves d’avancer.

La formation, initiale et continue, des enseignants doit être renforcée, en particulier pour la compréhension

des différents milieux auxquels les enseignants sont confrontés. Pour le CESE, institutionnaliser l’analyse de pratiques entre professionnels est essentiel et permettra aux enseignants d’être plus à l’aise avec les nouveaux programmes par cycle.

Former les personnels d’encadrement à l’animation d’une équipe et au travail collectif favorisera l’essaimage des pratiques pour une école de la réussite de tous.

Pour le CESE il est urgent de développer des programmes de recherches-actions en établissement, ainsi le
CESE préconise qu’un appel à projet national de recherche pour la réussite de tous les élèves soit lancé.

« Une école de la réussite pour tous est une école qui permet à chaque jeune de s’insérer pleinement dans la société, d’être acteur, chercheur, responsable, autonome, de se former à devenir citoyen dans une démocratie » précise la rapporteure de l’avis, Marie-Aleth Grard.

Extrait de zonebourse.com du 12.05.15 : Le CESE a voté son avis : Une école de la réussite pour tous

 

Des parents pauvres à la tribune du CESE ? Remis le 12 mai au CESE, le rapport de Marie Aleth Grard tranche avec les rapport habituels. La vice présidente d’ATD Quart Monde a invité les parents avec lesquels elle a travaillé à venir en tribune exprimer leur vision des relations avec l’Ecole. Un moment fort qui conclut une étude poussée qui s’appuie sur une connaissance du terrain.
Le rapport Grard a été adopté le 12 mai par 129 voix pour et 4 contre. Les représentants des entreprises se sont abstenus. Le rapport dénonce la relégation sociale dans l’orientation des enfants venus de la grande pauvreté. Dès la maternelle, ils sont dirigés dans des filières liées au handicap sur la vue d’un dossier social dont le rapport demande la suppression.

Le rapport invite à faciliter la découverte, la compréhension du milieu et du territoire où ils enseignent par les enseignants. Il demande qu’ils développent des projets avec les acteurs du territoire. "Ces projets communs, entre classes, avec des acteurs du territoire, sont bien souvent la porte ouverte à la réussite de tous".

Le CESE encourage à renforcer les liens entre l’école et les parents, en permettant à tous les parents, sans oublier ceux qui en sont très éloignés, de venir à l’école au collège pour des moments formels et informels. L’école, « lieu social », doit s’ouvrir davantage à tous les acteurs.

Toutes les pratiques pédagogiques ne se valent pas et le CESE incite à développer celles qui sont au service de la réussite de tous : le CESE recommande le développement des pédagogies coopératives qui permettent une réelle participation de tous les élèves. L’évaluation qui encourage, qui donne des repères communs permettra à tous les élèves d’avancer.

Extrait de cafepedagogique.net du 13.05.15 : Grande Pauvreté : Le rapport Grard

 

"Des effets de système aboutissent à ce qu’à travers des formes de tri et d’exclusions successives sont dégagées des élites socialement homogènes tandis que plus de 20 % des élèves sortent du système scolaire sans maitriser les éléments du socle commun de connaissances, de compétences." Ce constat est bien connu. L’originalité du rapport de Marie-Aleth Grard, vice présidente d’ATD Quart Monde, c’est de le donner à voir tel qu’il est vécu par les familles pauvres. En ce sens, le rapport complète celui de JP Delahaye. Il a été adopté par le CESE le 12 mai.

Le rapport préconise une école inclusive. Pour cela il recommande la scolarisation des moins de 3 ans et des moyens pour les rased et le dispositif "plus de maitres que de classes". Mais l’apport le plus important concerne l’orientation. MA Grard montre comment dès la maternelle les enfants des familles pauvres sont orientés, au vue d eleur dossier social, vers les filières du handicap. Des filières dont ils ne peuvent sortir. L’orientation en segpa est particulièrement désignée, le rapport demandant que l’orientation soit revue en fin de 6ème et que des cours communs aient lieu avec le collège. Le rapport demande aussi une place à l’école pour les parents et le statut de délégué parent.

Le rapport fait également des recommandations pédagogiques. On retrouve, comme dans le rapport Delahaye, avec qui MA Grard a travaillé, la volonté de diffuser le référentiel de l’éducation prioritaire. MA Grard recommande les pédagogies coopératives, une évaluation positive, des temps de parole pour les élèves. Beaucoup plus original, le rapport traite l’école comme une structure de formation et a repéré le problème de la formation des cadres. Le rapport demande que les cadres (inspection, direction) soient formés à l’animation d’équipe et au travail collectif. Une proposition à même de faire évoluer l’Ecole.

Extrait de cafepedagogique.net du 15.05.15 : Grande pauvreté : Le rapport Grard dénonce une orientation injuste

 
Un encadrement bienveillant, des élèves des différentes classes sociales qui apprennent ensemble. Des enseignants formés à comprendre tous leurs élèves. Le rapport de Marie Aleth Grard, vice présidente d’ATD Quart Monde, sur l’école et la grande pauvreté mise sur la capacité des hommes à se comprendre et à travailler ensemble. Un sacré défi.

Votre rapport dénonce des orientations injustes en Segpa. Qu’avez vous constaté ?

On pointe du doigt un lieu où 70% des jeunes sont issus d’un milieu défavorisé au terme d’une orientation faite sur critère social. En fait cette sélection sociale commence dès la maternelle avec des envois en classe d’adaptation CLAD. Une fois qu’on est orienté en CLAD on va directement en SEGPA. On demande que l’orientation en SEGPA soit réévaluée chaque année et qu’on puisse en sortir.

Votre rapport s’appuie sur de nombreux comptes rendus de visites d’établissements. Et il en tire des conclusions pédagogiques. Mais ces exemples sont-ils vraiment généralisables ?

A l’exception de quelques uns, comme le collège Clisthène, les établissements que nous avons visités ne sont pas des cas spécifiques. Ce sont des écoles ordinaires. Prenez les écoles Bel Air à Torcy ou celle de la rue d’Oran à Paris : ce sont des écoles tout à fait normales. Ce ne sont pas des écoles où enseignent de super militants. On demande à faire essaimer leurs pratiques. Ce ne sont pas des choses énormes. Juste des pratiques qui permettent la réussite de tous les enfants.

Le rapport pose comme fondamentale la relation entre les parents et l’école. Pourquoi ?

C’est fondamental à plusieurs égards. Les parents les plus défavorisés ont un grand espoir dans l’école et en même temps une grande peur des enseignants. Or un enfant n’arrive pas à apprendre s’il sent un conflit entre ses parents et l’école. De leur coté, les enseignants souvent ne peuvent comprendre ce que vivent leurs élèves des milieux les plus défavorisés. Il est nécessaire qu’ils soient formés à cela.

Voilà une préconisation intéressante. Il y a dans le rapport un modèle pédagogique proposé. Mais pourquoi tout d’un coup l’Education nationale changerait-elle ?

Je ne préconise pas un modèle pédagogique mais il faut reconnaitre que toutes les pédagogies ne se valent pas. Il faut que l’Education nationale soutienne les enseignants qui cherchent ce qui convient à tous leurs élèves. La pédagogie coopérative ne va pas sauver le monde mais elle marche mieux que d’autres. C’est pareil pour l’évaluation positive.

Ce qui peut faire changer l’école c’est si le gouvernement s’y met en accord avec les acteurs de l’école. Quand les IPR, par exemple, ont une gouvernance bienveillante et agissent en soutien des enseignants, les choses peuvent s’améliorer. Quand les enseignants travaillent ensemble ça change aussi les choses. Dans ce rapport je mise sur l’encadrement et le développement de la formation.

Aujourd’hui dans les zones défavorisées on manque souvent d’enseignants et les élèves restent sans professeurs ou face à des remplaçants non formés. La priorité ce n’est pas d’abord demander des moyens ?

C’est évidemment déplorable. Mais ce sont des situations qui ne peuvent pas s’améliorer du jour au lendemain.

Faire réussir les enfants des familles pauvres n’est ce pas contradictoire avec les intérêts des plus favorisés ?

L’école de la réussite de tous formera une élite bien formée au contact des différentes classes sociales de notre pays. Ce seront des personnes qui auront appris à penser avec les autres enfants, une élite ayant une intelligence humaine. C’est un point très important. Il faut que les parents entendent cela. L’enfant qui réussit le mieux aura tout à gagner à apprendre de celui qui a le plus de mal à apprendre. Il est aussi important que l’enfant qui a des difficultés puisse être soutenu par celui qui n’en a pas. Pour faire un pays il faut que les classes sociales se connaissent. Regardez ce que le lycée Le Corbusier d’Aubervilliers fait pour le développement de compétences sociales et émotionnelles. Et ils ont 95% de reçus au bac.

Propos recueillis par François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 15.05.15 : Marie-Aleth Grard : Développer l’intelligence humaine

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