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Les réponses de l’OZP aux projets de Gilles de Robien sur les ZEP (Journée des adhérents du 15 novembre 2005)

15 novembre 2005

OZP
Complément au communiqué du 14.11.05

Une nouvelle politique d’éducation prioritaire ?

Les réponses de l’OZP aux projets de Gilles de Robien sur les ZEP

Le ministre de l’Education nationale a manifesté, avant le déclenchement des événements de ces derniers jours, une volonté de reprendre le dossier des ZEP. Il a publié le 26 août 2005 une circulaire (n° 2005-124) invitant les équipes éducatives de ZEP à déposer des projets d’expérimentation. Il a exprimé à plusieurs reprises en septembre 2005 son intention de revivifier le dispositif d’éducation prioritaire. L’heure est donc à la concertation pour une recherche des voies justes et efficaces qui mettront fin à l’abandon de certains quartiers et de leurs écoles.

Réunis le 11 novembre 2005, les adhérents de l’Observatoire des zones prioritaires (OZP) ont examiné, en rapport avec les propositions de l’association, la politique esquissée par le ministre dans son discours deux jours avant à Sevran

  1. Le ministre annonce une révision de la carte des ZEP.
Une distinction fondamentale doit être opérée entre l’école des quartiers populaires, dont relèvent la plupart des ZEP ou REP actuels, et les territoires cumulant un échec scolaire massif, une « fuite » des personnels et des élèves et un développement de l’exclusion sociale. Dans ces territoires, que nous proposons d’appeler Sites Urbains Prioritaires en Education (SUPE), l’OZP demande des mesures beaucoup plus radicales que les ZEP actuelles. Ces territoires sont peu nombreux : l’OZP estime qu’ils concernent entre 3 et 5 % des élèves des écoles et collèges publics. Les mesures que nous demandons pour ces territoires ne doivent pas être diluées dans une politique envers l’ensemble des quartiers populaires ni même envers les ZEP-REP actuels.
Dans les autres ZEP, il est important que celles qui se sont mobilisées autour d’un projet continuent à bénéficier des quelques moyens supplémentaires qui leur ont été accordés. Elles pourront aussi bien sûr être parties prenantes des expérimentations et innovations menées par ailleurs.

  2. Le ministre pose la question : qui nommer en ZEP ?
Il faut nommer les meilleurs enseignants en ZEP, et surtout en SUPE, mais les meilleurs ne sont pas nécessairement ceux qui réussissent dans les établissements les plus favorisés. Ce sont les équipes capables de réussir dans des conditions difficiles. La nomination de jeunes enseignants, y compris les débutants, est souvent un apport très positif pour les ZEP, pourvu qu’ils soient volontaires. Ils ont aussi besoin plus que d’autres d’un accompagnement dense.
Dans les ZEP qui ont réussi, les déterminants de la réussite ont été bien identifiés. D’abord l’existence d’une équipe mobilisée autour d’un projet. Pour l’OZP, la ressource rare, encore plus nécessaire que les postes et les crédits, ce sont ces équipes capables de réussir dans des conditions difficiles. Dans les territoires en déshérence, dans les SUPE, c’est la présence de telles équipes qui doit être assurée, en renforçant et en renouvelant les personnels en place
Les nouvelles équipes seraient formées sur la base de l’adhésion à une définition du métier d’enseignant associant le travail en équipe, dans le cadre d’un projet, la recherche de pratiques enseignantes susceptibles de mener les élèves à la réussite et l’acceptation d’un rôle d’éducateur. Le choix d’équipes de direction renforcées est stratégique, ainsi que le soutien et le pilotage de la hiérarchie de l’Education nationale pour assurer la pérennité du dispositif.
La gestion des ressources humaines est donc au centre de la politique d’éducation prioritaire.

  3. Le ministre demande : comment former les enseignants ?
Pour la formation initiale en IUFM, l’OZP demande le développement des modules de formation transversale (pédagogie différenciée, publics en difficulté, etc.), une meilleure articulation entre le travail sur le terrain et la formation à l’IUFM, enfin, un décloisonnement des formations des différentes catégories de personnels (par exemple liaison CM2/6ème et 3ème/seconde).
Mais le plus important est d’assurer à l’éducation prioritaire des moyens de formation continue répondant à ses besoins. L’apprentissage de nouvelles pratiques et leur mise en œuvre ne va pas de soi. Les enseignants débutants doivent pouvoir utiliser la ressource de formateurs et d’enseignants plus expérimentés. C’est l’ensemble des personnels des sites urbains prioritaires pour l’éducation (SUPE) qui doit bénéficier d’un accompagnement dense.
A titre d’exemple, cet accompagnement pourrait être organisé selon le dispositif suivant : en SUPE, des enseignants à raison d’un pour quinze ou vingt seraient déchargés à tiers temps pour écouter leurs collègues, organiser des formations, animer un travail collectif sur les pratiques d’enseignement et l’élaboration de projets.
L’OZP tient à ce que le dispositif soit implanté dans la zone pour trois raisons : Les services académiques ont trop de difficultés à organiser des formations transversales et encore plus des stages interdegrés. La présence des formateurs sur le site permet de mieux identifier les besoins et d’assurer un suivi après le stage. Enfin, il s’agit d’éviter que la formation des personnels ne soit sacrifiée, comme, l’expérience le montre, chaque fois que le ministère doit procéder à des restrictions budgétaires.

  4. Le soutien scolaire dans les ZEP - les assistants pédagogiques - Le doublement des équipes de réussite éducative (ERE).
Dans le dispositif concentré des SUPE, des moyens importants sont nécessaires, mais d’abord pour y donner aux enseignants le moyen d’enseigner autrement : le service enseignant intégrerait, dans ces territoires, le travail en équipe, le tutorat pour assurer aux élèves des collèges des relations fortes avec un adulte et la formation continue.
Le ministre avait envisagé un système de gratifications et le ministre de l’Intérieur avait proposé des avantages financiers pour les enseignants chevronnés qui aceteraient d’aller en ZEP. Rappelons que les enseignants de ZEP les plus engagés dans la réussite de leurs élèves demandent d’abord cette nouvelle définition de leur service, qui leur donnerait du temps.

Dans les ZUS et les ZEP, le soutien des Equipes de Réussite Educative sera utile si elles peuvent travailler en liaison étroite avec les écoles et collèges, en étant parties prenantes des projets de zones. L’Education nationale doit se donner la capacité de travailler en partenariat et de fédérer les efforts de l’ensemble des services publics et des collectivités locales dans la lutte contre l’échec et l’exclusion scolaire. Car c’est d’abord à l’école que l’échec se joue. L’Education nationale devra accepter d’être interpellée et de rendre des comptes à ses partenaires. Réciproquement sa contribution à la lutte contre l’exclusion l’amènera à élargir ses objectifs éducatifs et à y affecter des ressources.
Les ERE ont un support juridique et financier (caisse des écoles, GIP ou établissements). Ce serait un progrès que les SUPE et les ZEP bénéficient aussi de ce support qui devrait être situé dans un établissement, de sorte qu’un gestionnaire de collège puisse gérer des moyens destinés aux écoles. L’existence de ces zones et leur autonomie d’action pourraient aussi être renforcées, par la possibilité d’affecter des personnels à la zone plutôt qu’à une école ou un établissement.

  5. Bourses au mérite, accès à l’enseignement supérieur, internats de réussite éducative.
Ces mesures sont positives. L’OZP souhaite cependant que des initiatives tendant à faciliter la promotion individuelle, parmi les jeunes issus de milieux défavorisés, de ceux qui sont les mieux armés pour réussir ne s’accompagnent pas d’un affaiblissement des politiques territoriales.

  6. La construction de nouvelles formes d’apprentissage.
Les problèmes des élèves décrocheurs (15 000 par an, dit-on) peuvent trouver une solution dans le cadre des formations en alternance sans que l’obligation - pour l’école - de scolariser tous les jeunes jusqu’à 16 ans soit remise en cause.

 7. Le programme d’expérimentation en collèges de ZEP .
Le ministre avait, fin août, lancé un appel à la participation de collèges de ZEP à des expérimentations pédagogiques à compter de la prochaine rentrée. L’OZP avait demandé, sans être entendu, que « quelques recteurs repèrent quelques zones en très graves difficulté et prennent l’initiative de susciter la création d’équipes qui concevront des projets à mettre en œuvre à la rentrée 2006, d’y préparer un accompagnement dense des personnels et un travail en partenariat avec le milieu environnant ».
Nous renouvelons notre demande car il existe des territoires où l’Education nationale ne parvient pas à remplir ses missions premières et où aucun projet expérimental ne pourra être élaboré sans une aide massive préalable des rectorats ou inspections académiques.

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D’autres propositions ont déjà été faites par l’OZP, que l’on trouvera sur notre site

Relevons en particulier les textes suivants :
 Les SUPE
 La gestion des ressources humaines
 L’éducation prioritaire dans le débat sur l’école

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