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Marie Duru-Bellat, le collège unique et les options (longue interview dans Télérama)

2 juin 2015

[...] Vous êtes donc contre les filières d’apprentissage précoce ?

Les Allemands ont compris que les élèves orientés très tôt arrivent à l’apprentissage avec un niveau de formation générale insuffisant pour de nombreux métiers. La droite française a tenté, sous Nicolas Sarkozy, d’instaurer un « apprentissage junior ». On autorisait les élèves à sortir plus tôt de la scolarité obligatoire pour entrer en apprentissage. Cela a été un échec absolu. Les employeurs voyaient bien que ces gamins avaient du mal à lire, à compter, et ils n’en voulaient pas ! Aujourd’hui, pour tous les métiers, on a besoin d’une formation générale correcte.

En même temps, le collège en France a-t-il un jour été vraiment unique ?
La France est dans une situation intermédiaire entre les vraies écoles uniques, celles des pays nordiques, et les systèmes à filières séparées, qui subsistent essentiellement en Allemagne. On est entre les deux. Les collèges français ont du mal à gérer l’hétérogénéité des élèves, donc ils regroupent les bons par le biais des options, celles des langues classiques et modernes, puisque les classes de niveau sont interdites. En outre, l’assouplissement de la carte scolaire, surtout dans la région parisienne, a accentué l’homogénéité sociale des établissements. Donc on a une double ségrégation, qui limite la mixité sociale prônée par la réforme Haby...

Pourquoi l’hétérogénéité des classes pose-t-elle problème en France ?
Parce que les enseignants ne sont pas formés à la pédagogie ! Ce modèle où l’on acquiert une formation académique, puis un petit vernis pédagogique, c’est encore une exception française. Un lourd héritage. En France, les pédagogues, c’étaient les instituteurs. Des textes méprisants ont été écrits sur le primaire. Le secondaire était au-dessus de tout ça. On n’imagine même pas, au collège, pouvoir gérer des groupes hétérogènes. Et comme on a lu Bourdieu, ou la vulgate bourdieusienne, selon laquelle l’héritage socioculturel est indépassable, on est fataliste.

Extrait de telerama.fr du 01.06.15 : Le collège, un chantier prometteur

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