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Bentolila : Transférer les moyens des ZEP à l’amélioration de l’environnement de l’enfant

17 novembre 2005

Extrait du « Monde » du 17.11.05 : « Notre école a failli »

Depuis plus de trente ans, nous avons accepté - et parfois aveuglément encouragé - le regroupement, dans des lieux enclavés, de populations qui avaient en commun d’être pauvres et pour la plupart de venir d’un ailleurs estompé et confus. Ces gens se sont assemblés, sur ces territoires de plus en plus isolés, non pas pour ce qu’ils partageaient en termes d’héritage explicite et d’histoire transmise, mais au contraire parce que, année après année, ils savaient de moins en moins qui ils étaient, d’où ils venaient et où ils allaient.

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Et la solution n’est certainement pas dans la distribution parcimonieuse de primes à l’enfermement. Car ces primes, chichement octroyées et mal utilisées, ne pourront rien changer au destin scolaire et social des élèves confinés. C’est ce confinement même - cette idée intolérable selon laquelle "qui se ressemble s’assemble" - qui doit être refusé et combattu. L’impuissance à apporter des solutions sérieuses à l’enfermement économique et social a entraîné la même impuissance à entrouvrir les portes des ghettos scolaires.

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Lutter contre la ghettoïsation scolaire, c’est introduire, pas à pas, dose après dose, des éléments de mixité culturelle et sociale : faire de la différence un principe positif de la politique éducative ; faire en sorte que l’école ne soit pas un lieu où l’on annihile ces différences, mais où on les rend audibles les unes aux autres. Cela signifie que la "mobilité positive" devra remplacer l’hypocrite discrimination positive. Il faudra, par exemple, que l’établissement des cartes scolaires manifeste clairement la volonté de ne plus accepter complaisamment l’existence "d’écoles poubelles". De même qu’il conviendra d’orienter les aides particulières que l’on destine aujourd’hui aux "zones prioritaires" vers l’amélioration de l’environnement de l’enfant au lieu de privilégier, sans résultat réel, les seules conditions d’enseignement.

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Alain Bentolila

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