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"Plus de maîtres que de classes" et le "sac d’histoires" multilingue : 2 reportages dans des écoles REP+ et REP (Fenêtres sur cours, 28 août 2015)

3 septembre 2015

Fenêtres sur Cours n° 414
28 août 2015

Extraits

- Dossier : Pour que l’équipe décolle
Alençon - Avec du temps... p. 13

Dans l’Orne, un réseau d’éducation prioritaire a bénéficié dès cette année de
moyens supplémentaires qui ont aidé l’équipe à mieux travailler collectivement.

« On n’a jamais autant parlé de pédagogie dans l’école que cette année ». Après y avoir exercé comme adjointe, Lydie intervient aujourd’hui à mi-temps comme « plus de maîtres que de classes » (PMQC) à l’école [REP+] Jules Verne d’Alençon. L’autre partie de son travail consiste à coordonner le réseau d’éducation prioritaire qui comprend le collège Louise Michel ainsi que les 3 écoles primaires qui y sont rattachées.
Ce réseau dit « préfigurateur » a bénéficié dès septembre 2014 d’un demi-poste et demi de PMQC et de 18 journées annuelles de remplacement par enseignant du primaire. Une situation qui peut apparaître privilégiée mais largement justifiée par le profil des élèves accueillis dans les établissements de ce quartier sensible d’Alençon dont la population scolaire se caractérise part une extrême précarité sociale et des difficultés scolaires importantes.

Le PMQC au centre
À l’aide des moyens nouveaux accordés et sur la base du référentiel de l’éducation prioritaire, l’équipe de pilotage du réseau a bâti un projet sur trois ans pour « combler les déficits imputables à l’origine sociale des élèves ». À l’école Jules Verne, le projet s’est décliné sous diverses formes : intervention du PMQC dans les classes autour du dire-lireécrire, de la numération, du sens des apprentissages.
Les actions ont été accompagnées de temps de formation pour les enseignants du réseau avec l’intervention de chercheurs comme Elisabeth Bautier. Pour Lydie, « les temps de pondération dégagés sur le temps de classe pour se former, pour préparer les interventions du PMQC, pour effectuer des bilans et des projets à chaque période ont été précieux. C’est impressionnant le nombre de choses qui se sont mises en place avec une évolution des comportements de chacun vers plus de réflexion et d’explicitation ». Emilie, enseignante en CP-CE1 à Jules Verne confirme ce constat « Travailler à deux dans la classe m’a permis d’être plus proche de ceux qui en avaient besoin mais aussi de bénéficier du regard différent de l’autre personne sur les enfants. ». Emilie parle du bénéfice de la co-intervention sur l’ambiance de classe, sur l’attitude des élèves mais aussi de son regain d’intérêt personnel pour « ce qui fait le coeur du métier, la pédagogie ».

Du temps et du travail
Mais si pour Lydie travailler ensemble permet à chacun de « gagner en professionnalité », elle évoque aussi certains collègues pour lesquels « ça peut être
coûteux et pour qui il faudra un travail dans la durée. » Emilie, dans son enthousiasme, n’oublie pas que « ça demande quand même beaucoup d’investissement et de temps ». Pour l’an prochain, elle parie sur le fait que certaines habitudes de travail seront déjà installées mais elle s’interroge sur la latitude qui sera laissée aux équipes pour décider du contenu des temps de pondération.

- Relation école -famille

L’école [RRS] Buisson Rond a plus d’un tour dans son sac
p. 22

C’est l’histoire d’un sac ! L’histoire d’un sac d’histoires qui circule dans les familles des
élèves de l’école Buisson-Rond de Villefontaine en Isère. Dans ce sac, « La brouille »,
le livre jeunesse de Claude Boujon mais aussi sa traduction écrite et orale dans toutes les langues parlées ici dans les familles : russe, anglais, arabe, turc, créole, italien. Les parents ont traduit et enregistré les textes sur un CD mais ils ont aussi cousu les sacs à la maison de quartier voisine et fabriqué des petites marionnettes des lapins de l’histoire, une surprise que les enfants garderont quand le sac passera chez eux. C’est un premier succès car les parents se rencontrent et agissent ensemble au sein et autour de l’école. L’enjeu, ensuite, c’est que les sacs circulent, que les histoires se racontent, que parents et enfants les entendent dans leur langue
maternelle mais aussi dans la langue de l’école, qu’ils jouent ensemble au jeu construit en classe par les élèves de toute l’école.

Le multilinguisme, un atout.
C’est Magalie Bruant l’enseignante de l’UP E2A, l’unité qui accueille les élèves allophones, qui a proposé ce projet importé de Suisse. Convaincue que « les langues maternelles ne sont pas un obstacle à l’apprentissage du français, mais au contraire un atout » elle n’a pas eu de peine à rallier tous les enseignants de cette école de 11 classes et leurs partenaires. Dans ce quartier classé en éducation prioritaire où de nombreuses communautés se côtoient et où plus de la moitié des élèves ne parlent pas français à la maison, il est important de faire entrer les parents à l’école et de valoriser les compétences des familles. Pour Hélène Billard qui remplace actuellement la directrice Nelcie Molmeret, le projet demande du travail et de l’investissement mais cette attention portée à la langue et à la culture d’origine a un impact réel sur le climat scolaire. « Les parents sont plus à l’aise entre eux et avec nous, dit-elle, et les échanges culturels et linguistiques ont enrichi les travaux des classes. »
Après deux ans de travail sur ce projet, l’équipe veut le faire évoluer sur le même principe vers à « un sac à chansons ». Vu son succès, le sac à histoires, lui, va sans doute tisser des liens dans d’autres écoles.

Extrait de snuipp.fr du 28.08.2015 : Fenêtres sur Cours n° 414

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