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Additif du 25.09.15 :
15Education, Enquêtes
Alliances éducatives : ne pas attendre de l’école qu’elle résolve tous les maux de la société
Mercredi 23 septembre 2015 s’est déroulée la 8ème édition de la Journée nationale du Refus de l’Échec Scolaire (JRES) organisée par l’Afev, en partenariat avec le cabinet d’études Trajectoires-Reflex et une vingtaine d’organisations. Najat VALLAUD-BELKACEM, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, était présente pour introduire le débat et procéder à la signature d’une nouvelle convention avec l’Afev : “Ambassadeurs de la Réserve Citoyenne”.
20150923_144012_LabÉric DEBARBIEUX, président de l’Observatoire européen de la violence à l’École et Thierry MARX, chef cuisinier étoilé, lauréat de La France s’engage pour
son projet “Cuisine / Boulangerie Mode d’Emploi(s)” parrains de cette 8ème édition ont réagi tout au long du débat.
« Pour l’éducation, le changement c’est lentement : alors soit on se lamente, soit on agit », a déclaré en ouverture Christophe PARIS, directeur général de l’Afev. Les alliances éducatives sont parfois complexes à mettre en place mais les intervenants au débat parisien ont montré qu’elles étaient déjà à l’œuvre au local et les bienfaits qu’elles produisaient sur les enfants concernés.
Une enquête qui donne la parole aux collégiens
Les 653 collégiens en zone prioritaire interrogés dans l’enquête réalisée par Trajectoires-Reflex appellent d’ailleurs de leurs vœux l’intervention d’intervenants extérieurs : clubs de sport (71 %) mais aussi entreprises (30 %), intervenants artistiques (27 %), ou associations d’accompagnement à la scolarité (24 %).
L’enquête dessine en creux un portrait nuancé des collégiens, bien plus « Charlie » que le tableau dressé à chaud : un tiers s’est senti en colère contre les terroristes, 29 % tristes. Même s’il y a un noyau dur de 17 % indifférents et 13 % en colère contre les caricaturistes.
Les collégiens ont plutôt une perception positive du collège comme lieu d’apprentissage (c’est avec les professeurs que les trois quarts d’entre eux ont le sentiment d’apprendre les choses les plus utiles) et de socialisation.
En revanche l’apprentissage de la citoyenneté se fait plus facilement pour ces jeunes, au sein de la sphère privée, plutôt qu’à l’école.
55 % des collégiens ont l’impression que la citoyenneté, telle qu’elle est abordée par les professeurs, ne correspond pas à leurs préoccupations.
C’est avec la famille (90 %) ou les amis (90 %) que les collégiens expriment leurs idées le plus facilement et non au collège (51 %).
À l’aune de ces résultats, il parait particulièrement important de compléter le travail mené au sein des établissements (l’Enseignement civique et moral par exemple) par des temps d’échanges plus informels où la parole se libère autrement. C’est ce dont a témoigné au cours du débat la jeune Marie LARCHE, volontaire « en résidence » dans un lycée professionnel près de Caen l’an passé, qui a permis à des jeunes, sur un travail au long cours, de faire émerger leur parole et de s’écouter mutuellement.
Extrait de lab-afev.org du 25.09.15 : Alliances éducatives. Ne pas attendre de l’école qu’elle résolve tous les maux de la société
"L’Ecole ne peut pas tout. Les alliances éducatives sont une orientation essentielle". N Vallaud Belkacem a signé le 23 septembre, lors de la 8ème Journée du refus de l’échec scolaire organisée par l’Afev, une convention qui invite les membres de l’association *à intervenir dans le cadre de la "réserve citoyenne" dans les établissements. Elle a reconnu son rôle et celui de la société civile dans la lutte contre l’échec scolaire.
L’Afev intervient depuis 1992 dans les quartiers populaires. Près de 7000 étudiants donnent bénévolement 2 heures par semaine pour aider un jeune dans son travail scolaire. L’association implique aussi plusieurs centaines de jeunes en service civique dans les quartiers ou, maintenant, les établissements scolaires. L’association symbolise parfaitement l’importance de cet effort de la société pour l’Ecole que défend l’idée de l’alliance éducative.
Des alliances éducatives essentielles
Eric Debarbieux, ancien délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, et le cuisinier Thierry Marx étaient les deux parrains de la Journée du refis de l’échec scolaire organisée par l’Afev le 23 septembre. Pour Eric Debarbieux, le coeur de l’alliance c’est " l’alliance avec les familles, avec les jeunes eux-mêmes et avec les professionnels locaux. Je dirais avec les habitants". Pour lui le climat scolaire "n’est pas une notion qui enferme l’établissement sur lui-même. Le climat scolaire ce sont aussi les liens avec l’environnement, les habitants, les parents.. L’école n’est pas dans un contexte qu’elle subirait. Elle est une partie du contexte.. L’école quand elle se vit comme une forteresse qu’il s’agit de sanctuariser... est une école qui se prive de ses alliés".
"On a besoin de liens dans les établissements et c’est le sens de l’autonomie dans la réforme du collège, de liens dans la scolarité et c’est le sens de la refonte des programmes. De liens avec les parents et les familles... De liens avec les territoires", a expliqué N Vallaud-Belkacem. "L’Ecole ne peut pas tout. Les alliances éducatives sont une orientation essentielle".
Sur le terrain
Les alliances éducatives sont aussi dans la salle. Ce sont ces liens que Geneviève Aubert, coordinatrice Rep à Paris, est venue observer. "Tous les projets sont intéressants. On essaie de repérer les meilleurs", nous dit-elle. Elle apprécie le travail de l’Afev sur son secteur même si les places sont limitées et que, parfois, l’alchimie ne prend pas entre l’étudiant et son élève. Camille Duchossoir travaille à Montreuil dans le cadre du dispositif Acte qui accueille les collégiens exclus. Elle aussi travaille avec l’Afev et est venue pour connaitre d’autres projets.
François Jarraud
Extrait de cafepedagogique.net du 24.09.15 : Echec scolaire : L’AFEV pousse les alliances éducatives
Editorial de François Jarraud
Peut-on encore débattre dans les familles ? La charte de la laïcité doit-elle clore toute discussion ? On peut s’interroger après les dérapages produits par l’Afev puis par la ministre de l’éducation nationale lors de la 8ème Journée du refus de l’échec scolaire.
[...] Il apparait surtout que ces élèves de 6ème et 5ème n’ont pas de compréhension claire de ce qu’est la citoyenneté et souvent des questions posées. L’enquête indique des risques de stigmatisation de ces jeunes.. Mais il n’est pas impossible qu’elle l’alimente..
[...] La ministre poursuit : "il est indispensable que tous les adultes qui entourent un élève portent le même discours et la même définition de la laïcité dans notre pays. Si les sons de cloche diffèrent entre les cours d’EMC et ce qu’on va dire à la maison sur la laïcité, ça crée des tensions. D’où l’importance que les parents prennent connaissance de la charte de la laïcité en début d’année ".
Cet objectif est-il réaliste ? Toutes les familles de France ont-elles la même conception de la laïcité et de la place du sacré ? S’il est normal que les règlements scolaires s’exercent dans l’école, celle-ci doit-elle imposer ses idées à la table familiale ? Les discussions familiales et les débats sont -ils encore possibles quand il s’agit de laïcité ou la Charte est-elle devenue un credo ?
Extrait de cafepedagogique.net du 24.09.15 : Laïcité : Dérapages en cascade à la JRES