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Au sommaire de Fenêtres sur cours, 3 oct. 2015 : - L’enquête de l’AFEV (interview) - Une résidence d’artistes à l’école REP Pierre Budin (Paris 18e) - Témoignage : Enseigner en REP+ après 15 ans dans le tourisme

5 octobre 2015

Fenêtres sur Cours n° 416
3 octobre 2015

Eunice Mangado-Lunetta, directrice déléguée de l’AFEV (Association de la fondation étudiante pour la ville) (page 6)
« Beaucoup de choses se jouent en dehors de l’école »

Que dit votre récente enquête* auprès des collégiens des quartiers populaires ?
Elle porte sur les questions de citoyenneté à la suite des événements de janvier. Les résultats tracent un portrait nuancé. 2/3 d’entre eux se sont sentis en colère ou tristes après les attentats. Quant aux 17 % d’indifférents et 13 % en colère contre les caricaturistes, leur positionnement reste à interroger.
L’autre élément marquant est que le collège reste vécu comme un lieu d’apprentissage dont 3/4 des élèves sont fiers. On assiste malgré tout à une dégradation de la vie
scolaire et la moitié des élèves considèrent que le collège ne répond pas aux problèmes relatifs à la citoyenneté.

Quelles conclusions en tirez-vous ?
Beaucoup de choses se jouent en dehors de l’école : dans la famille, auprès des copains et des copines mais aussi sur Internet. Ils sont 1/3 des élèves de sixième à utiliser les réseaux sociaux et les 2/3 en fin de collège. L’école ne doit donc
pas être la seule à assumer des responsabilités éducatives. Tous les acteurs éducatifs doivent se questionner. L’un de nos intervenants lors des journées de refus de l’échec scolaire que nous venons d’organiser parlait de la communauté éducative comme
l’ensemble des adultes qu’un enfant va croiser dans sa journée. Cela valide nos projets comme celui des volontaires en résidence, des jeunes en service civique qui
interviennent au sein d’établissements scolaires prioritaires dans le cadre de projets concrets et utiles définis avec les équipes éducatives.

Où en est votre action d’accompagnement individualisé auprès des élèves de primaire ?
Nous la poursuivons en essayant de faire le lien entre les bénévoles et les possibilités offertes par les jeunes du service civique. A Lyon, par exemple, nous avons un gros programme d’intervention dans les quartiers autour des livres et des BCD qui articule des interventions sur les temps scolaire et péri-scolaire : lecture aux élèves, animations dans les bibliothèques, soutien scolaire...

 

Résidence d’artistes à l’école. Le goût del’art à la Goutte d’Or (page 25)
"J’ai peur ». Le néon rouge qui orne le frontispice de l’école élémentaire Pierre Budin [REP] intrigue.
Pas autant que la casserole chantante qui salue d’une phrase musicale en ouvrant
son couvercle le visiteur qui emprunte le couloir de l’entrée. Dans la montée d’escalier, des productions d’élèves encadrées se mêlent à des lithographies originales de
Niki de Saint-Phalle. À l’étage, un centre de ressources d’art contemporain à destination des enseignants de la circonscription côtoie une salle de créations plastiques pour les élèves aux murs recouverts de fresques monumentales.

École d’application, école modèle ? Pas du tout. Un simple établissement parisien
situé dans le quartier de la goutte d’or, à Paris dans le 18ème qui sous l’impulsion
initiale de son directeur Pierre Perrin, passionné d’art contemporain, accueille
chaque année depuis 2009 une résidence d’artistes. Une expérience rendue possible
grâce au concours de l’institution qui apporte un financement du type classes APAC mais aussi à la contribution de nombreux partenaires publics et privés
(DRAC, mairie du 18e, Agnès B...)

Chanter comme des casseroles Le projet va bien au-delà de la création d’une
école musée ou d’un simple supplément d’âme.
Pour la jeune équipe d’enseignants vite contaminée par l’enthousiasme du directeur et la créativité des artistes invités, il s’agit d’impliquer les élèves dans le processus par des ateliers de création, de faire venir les parents dans l’école, de s’ouvrir aux pratiques artistiques par des sorties, des visites et par là-même de changer
l’image négative de l’école et de mettre fin aux stratégies d’évitement scolaire de certaines familles. Les artistes invités, tous des références ans le domaine artistique, ne se contentent pas de travailler dans l’école et d’y exposer leurs œuvres. Ils en font un véritable support de création, donnant aux élèves , à leur sensibilité, à leur expression, une part centrale.
Ainsi, le plasticien Claude Levêque utilise le graphisme des enfants pour le fameux néon rouge mais aussi pour l’éclair lumineux qui traverse la pyramide du Louvre. Malachi Farell, lui, fait chanter les enfants et les casseroles : une œuvre originale* présentée dans le cadre des Nuits Blanches 2014. Cette année, c’est le chorégraphe Daniel Larrieu qui investit l’école avec en projet la réalisation d’une boîte à danser remplie de contenus sonores élaborés par les enfants également chargés de sa décoration graphique.

 

Stéphanie Leduc : T1 sur 3 REP+ (page 26)
Après 15 années de travail dans le secteur du tourisme, Stéphanie Leduc a choisi la voie de l’enseignement. Cette année, elle a fait sa rentrée de T1, un poste réparti sur 3 écoles en REP+ des Bouches-du-Rhône. Des débuts pas évidents

Il y a quelques années à peine, c’est sous les portiques sécurisés des ministères à Paris que passait Stéphanie Leduc.
Aujourd’hui, ce sont les portes d’écoles classées en Rep+ à Marseille et
à Vitrolles dans les Bouches-du-Rhône, que cette T1 venue habiter dans la cité phocéenne pour des raisons familiales, franchit tous les matins. Cette ancienne responsable de « grand compte » chez un tour opérateur, a d’abord enseigné pendant trois ans en tant que contractuelle ce qu’elle connaissait le mieux, le tourisme, en BTS et en licence. Mais confie-t-elle, « J’avais vraiment envie d’enseigner depuis longtemps et j’ai décidé de passer le CRPE pour entrer dans l’éducation nationale ».
C’est donc à Marseille qu’elle passera le concours. Cette nouvelle orientation professionnelle s’est accompagnée d’une perte de revenus, un choix assumé : « si j’avais été motivée pour des raisons financières, c’est sûr que je n’aurais pas fait le bon choix ».
Cette rentrée en T1 l’a mise dans une tout autre situation que celle qu’elle avait connue lors de son stage en maternelle. Elle se retrouve sur trois classes élémentaires en éducation prioritaire, « un gros changement » auquel elle ne se sentait pas du tout préparée.

Travaillant à 80 %, c’est sur ses 20% et une partie de ses weekends, qu’elle puise pour préparer ses cours. « La préparation avec des livres, ça ne vaut qu’en même pas ne serait-ce que deux heures d’observation dans une classe, à regarder les gestes professionnels de l’enseignant, ça m’aurait fait gagner des jours et des jours l’autoformation » poursuit-elle.

Aujourd’hui, Stéphanie ne se sent guère épaulée, si ce n’est par « les collègues »
. Elle a toutefois reçu la visite de la conseillère pédagogique qui lui a donné
des pistes, sans savoir pour autant de quel suivi elle bénéficiera. Une visite qu’elle juge un peu tardive, « il y a des tas de petites choses que j’aurais pu mettre en place dès la rentrée ». Mais quoi qu’il en soit, c’est dans le grand bain qu’elle a plongé à la rentrée.

Le numéro (26 pages)

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