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"Le dernier mot laissé aux parents pour l’orientation en fin de troisième". Après l’étude de la DEPP de décembre 2015, un nouveau rapport d’inspection générale met fortement en doute l’efficacité du dispositif

11 janvier 2016

ADDITIF du 21.01.16

Un « leurre », estiment, au sein de la communauté éducative, les enseignants les plus rétifs à cette expérimentation. Une « mesure d’affichage », un « dispositif périphérique », lâchent ceux qui se disent pourtant convaincus de l’urgence à réformer l’orientation. Les deux camps se rejoignent pour regretter la « maladresse » de l’appellation donnée à l’expérience lancée par la gauche il y a un peu plus de deux ans, dans une centaine de collèges : « Le dernier mot aux parents », et non aux conseils de classe, en matière d’orientation en fin de 3e. L’inspection générale de l’éducation nationale elle-même livre un regard sans complaisance sur la mesure, dans un rapport rendu public le 10 janvier.

Extrait de lemonde.fr du 16.01.16 : Orientation : qui doit décider en fin de collège ?

 

Laisser les parents libres de décider de l’orientation de leur enfant à la fin de la troisième est-il une bonne chose ? Après un premier rapport d’étape déjà fort critique en décembre 2014, le rapport de suivi de l’Inspection générale, dirigé par Aziz Jellab, publié le 10 janvier tranche négativement.
"Le libre choix sans accompagnement et sans évolution dans les pratiques, notamment pour ce qui est de la liaison collège - lycée, risque de porter préjudice aux élèves moyens ou fragiles scolairement et de créer de la déception chez les parents". Un bilan sans appel qui va peser sur la survie de l’expérimentation. Et qui interroge globalement les réformes...

Extrait de cafepedagogique.net du 11.01.15 : Orientation : Le "libre choix des parents" porte préjudice aux élèves

Le précédent rapport d’inspection générale

 

"Force est de souligner que les objectifs visés initialement (par l’expérimentation de la décision d’orientation revenant aux parents en fin de 3ème) n’ont pas été atteints" alors qu’elle entre dans sa troisième année de mise en œuvre. Le bilan qu’en dresse l’IGEN dans un rapport qui vient d’être publié par le ministère n’est pas entièrement négatif : "Si l’expérimentation n’a pas fondamentalement bouleversé les pratiques d’aide à l’orientation (...), elle a mis au jour l’importance des enjeux liés au choix et amené les acteurs de terrain à renforcer les liens avec les familles". L’inspection générale évoque aussi de nouvelles pratiques. C’est ainsi que "certains collèges et lycées situés dans une même cité scolaire ont opté pour des services partagés 3ème / 2nde, ce qui permet de favoriser un suivi pédagogique des enseignements et des apprentissages." Dans un collège de la Creuse, "le principal, ayant constaté que certains professeurs notaient très sévèrement a pris l’initiative de tenir un conseil de classe commun aux cinq classes de 3ème et se tenant en présence de tous les professeurs , ce qui a favorisé une prise de conscience des différences en matière d’évaluation et de notation."

Mais c’est l’exception. Dans l’ensemble, "le fonctionnement du conseil de classe reste assez formel". Et pourtant, "la prise en compte de compétences autres que scolaires" peut s’avérer nécessaire, comme le souligne un professeur de lycée professionnel s’adressant à ses collègues de collège : "Vous nous envoyez des élèves en seconde pro ASSP (accompagnement, soins et services à la personne), mais il faut qu’ils aient des compétences de savoir-être, qu’ils aient le souci de l’autre, une manière d’être qui combine écoute et disponibilité." Et l’IGEN d’ajouter : "On perçoit ainsi combien le conseil de classe et les modalités de préparation de l’orientation sont bien éloignés de l’enjeu que constituerait la prise en compte des compétences non strictement scolaires pour préparer l’affectation des élèves."

Un révélateur du fonctionnement de l’orientation
L’expérimentation devait permettre "une meilleure reconnaissance de la place des parents", "une revalorisation de la voie professionnelle", "une évolution des pratiques d’évaluation" et "la prise en compte des compétences autres que strictement scolaires". Mais, à voir ses effets, elle "vaut davantage par ce qu’elle révèle sur le fonctionnement de l’orientation en fin de collège et sur les progrès qui restent à accomplir".

En ce qui concerne les effets quantitatifs, "on observe une légère augmentation du nombre d’élèves entrant en seconde générale et technologique contre l’avis du conseil de classe", mais sans qu’on puisse réellement l’imputer à l’expérimentation plutôt qu’à des politiques académiques et à des discours contradictoires, puisque les collèges sont invités simultanément à favoriser le passage en seconde générale et technologique... et à valoriser la voie professionnelle ! Et même si les inspecteurs prennent beaucoup de précautions pour évoquer le bilan "décevant" de l’année scolaire en seconde GT pour les élèves auxquels le conseil de classe avait proposé une orientation vers la voie professionnelle ou un redoublement", ils considèrent que "c’est le sens même de l’expérimentation, du conseil et du suivi approfondi qu’elle génère qui ne va plus de soi". Au total, les évolutions dans le fonctionnement des collèges sont "très ténues" , même si le dialogue avec les parents et les élèves s’est amélioré, sans que cela influe sur la liaison collège ‐ lycée, sauf exceptions.

Des parents qui restent démunis
Quant aux parents, ils sont souvent "démunis", "en attente d’un accompagnement", ne serait-ce que pour distinguer "décision d’orientation et affectation". Conclusion : "la reconnaissance de la place des parents dans la préparation à l’orientation peine à être effective" et le principe de co-éducation est "à repenser", tout comme doivent être améliorés la liaison entre les équipes éducatives de collège et celles de lycée et le suivi des élèves entrant en LEGT, tandis que "l’offre de places en cas de réorientation en classe de seconde GT doit être mieux garantie".

Les inspecteurs recommandent la mise en place, au sein des collèges, d’une "véritable politique d’accueil, d’information et d’accompagnement des parents en vue de préparer l’orientation", de "repenser" l’information qui leur est apportée, d’ "associer les parents aux différentes manifestations visant à faire découvrir aux élèves des métiers et des activités professionnelles", de "repenser les pratiques d’évaluation en tenant compte d’autres compétences que celles strictement scolaires", de "repenser le fonctionnement du conseil de classe" et de prévoir un compte-rendu pour les parents, de "mieux définir les missions et la fonction des professeurs principaux et (de) leur proposer des stages de formation continue"... Ils ne préconisent pas d’abandonner l’expérimentation, mais pas non plus son extension.

Le "Rapport sur le suivi de l’expérimentation du choix donné à la famille dans la décision d’orientation au collège (IGEN)"->http://www.education.gouv.fr/cid97017/rapport-sur-le-suivi-de-l-experimentation-du-choix-donne-a-la-famille-dans-la-decision-d-orientation-au-college-igen.html]

Extrait de touteduc.fr du 10.01.15 : "Dernier mot aux parents" pour l’orientation en fin de 3ème : bilan "mitigé" de l’expérimentation (rapport)

 

Voir aussi
L’expérimentation du "dernier mot laissé aux parents" sur 107 collèges n’a pas vraiment modifié les choix d’orientation en fin de troisième (DEPP)

B* Moblisation interdisciplinaire et interdegrés du réseau ECLAIR Le Ronceray du Mans autour du thème du Jardin et du développement durable

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