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L’OZP A ETE RECU par Florence Robine, directrice générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) : le compte rendu détaillé de l’ENTREVUE

27 janvier 2016

ENTREVUE DE L’OZP AVEC FLORENCE ROBINE,
directrice générale de l’enseignement scolaire (DGESCO),
le mardi 26 janvier 2016

Une délégation du bureau de l’OZP a été reçue à sa demande au Ministère par Florence Robine, Directrice générale de l’Enseignement scolaire (DGESCO).

Etaient présents pour le Ministère : Florence Robine ; Françoise Pétreault, sous-directrice chargée de la direction D3 qui comprend le bureau de l’Education prioritaire et Marc Bablet, chef de ce bureau.
L’entretien a duré plus d’une heure et a permis des échanges cordiaux et utiles.

En introduction, Marc Douaire a souligné les nombreux points de la refondation de l’éducation prioritaire que l’OZP juge positifs :
- le référentiel, qui se pose comme une ressource et non comme la pensée pédagogique officielle et qui est très utilisé comme sur le terrain ;
- la nouvelle carte resserrée de l’éducation prioritaire, une question sensible qui est maintenant derrière nous, en dehors de quelques problèmes d’écoles isolées ;
- le recentrage sur la pédagogie, essentiel pour l’OZP ;
- le dispositif « Plus de maîtres que de classes », qui a été relevé comme emblématique de l’éducation prioritaire par Véronique Soulé dans sa chronique du Café pédagogique sur le colloque du SNU-ipp ;
- la reconnaissance par la circulaire du rôle des coordonnateurs ;
- la création des formateurs académiques REP+.

Toutes ces avancées, a souligné Marc Douaire, sont des acquis qu’il importe de valoriser. Les médias ne parlent plus guère de l’éducation prioritaire mais l’OZP estime que c’est un élément rassurant.

Marc Douaire, appuyé dans son intervention par les autres membres du bureau, évoque ensuite des propositions et revendications qui méritent d’être prises en compte pour mieux assurer la pérennité du dispositif. Florence Robine commente certaines d’entre elles.

Le pilotage académique
- L’éducation prioritaire doit partout être traitée comme prioritaire, et principalement au niveau académique, où ce n’est pas toujours le cas ;.
La stabilité des dotations, notamment en postes, doit être assurée ;
 L’existence auprès du recteur d’un responsable académique de l’éducation prioritaire proche du recteur et qui puisse s’imposer aux Dasen est une condition essentielle de l’efficacité du pilotage académique. L’OZP constate en effet que, dans certains départements, le comité de pilotage du réseau ne s’est pas encore réuni depuis la rentrée ou que les pilotes ne se sont pas encore rencontrés. Il faut absolument veiller au choix des pilotes académiques.

Pour l’animation des territoires, Florence Robine souligne que la DGESCO est très aidée par les correspondants académiques. Elle les réunit souvent et se déplace beaucoup. Certaines idées essaiment d’une académie à l’autre et Florence Robine croit beaucoup au rôle de laboratoire pédagogique des réseaux [l’OZP aussi, qui a développé une importante base d’actions innovantes en éducation prioritaire et qui vient de lancer un travail d’analyse des éventuels apports du dispositif à l’ensemble du système éducatif, NDLR]

Marc Bablet précise que ces correspondants ont un statut hétérogène : IA-IPR, IA-adjoints… et que certains travaillent à plein temps sur l’éducation prioritaire, dans les académies d’Aix-Marseille, Créteil, Lille, Rouen, Versailles. Leur efficacité dépend aussi de leur positionnement personnel par rapport au recteur.
Florence Robine rappelle que, lorsqu’elle était rectrice de l’académie de Créteil, elle avait demandé une carte des IPR, et d’abord de ceux en charge de l’éducation prioritaire, pour mieux guider leur travail.

Les pilotes et les fonctions spécifiques à l’éducation prioritaire : le cas des référents
Marc Douaire insiste sur cette question qui depuis longtemps tient à cœur à l’OZP.
La nomination sur postes à profil pour les postes spécifiques doit être développée, avec généralisation pour ces postes d’une lettre de mission, qui pourra permettre une valorisation de la carrière.
L’OZP avance souvent le terme de « collectif professionnel » pour désigner ce que doit être le fonctionnement d’un véritable réseau.
Nous avons publié récemment un communiqué réclamant une autonomie pédagogique des réseaux afin d’éviter que certaines ressources comme les professeurs référents ne soient pas absorbées par la réforme du collège, comme nous l’avions appris lors d’une rencontre OZP récente.

Pour l’OZP, la création des professeurs référents était l’amorce d’une transformation du métier d’enseignant : liaison interdegrés, accompagnement des enseignants, ébauche d’une direction pédagogique dans les établissements et d’une nouvelle hiérarchie intermédiaire.
Quand le ministre Chatel a voulu supprimer les RAR, l’OZP a rencontré son cabinet et a défendu à plusieurs reprises les fonctions spécifiques, en particulier celle des référents. Ceux-ci au départ ont été mal acceptés, notamment par les collègues de leur discipline. Mais ensuite, la cohérence de leur action a été comprise et a permis de prendre un peu de distance avec les corporatistes.
Remettre en cause cette fonction serait non seulement une grave injustice pour des personnels qui se sont beaucoup investis mais aussi un signal pour tous les conservatismes professionnels qui auraient beau jeu de mettre en avant aux yeux des intéressés l’inutilité de cet investissement dans l’innovation.
Un membre du bureau souligne que ces fonctions spécifiques ne sont pas figées et ont un caractère évolutif qui leur permet de s’adapter aux situations locales. Cela a été dit aux recteurs lors de la réunion de janvier, précise Marc Bablet, qui confirme par ailleurs la réalité de la suppression des postes de référents dans le département de la Seine-Saint-Denis.
Françoise Petreault, sous-directrice à la DGESCO, regrette que la mutation d’un principal puisse menacer la dynamique d’un réseau mais souligne elle aussi le caractère évolutif de ces missions. Le référentiel peut faciliter ces adaptations.

Marc Douaire insiste sur la fragilité des réseaux et sur celle des missions spécifiques. Heureusement les coordonnateurs sont à nouveau reconnus, alors que l’OZP a été le seul à les soutenir pendant de longues années, et les IEN sont redevenus officiellement des pilotes.
Il demande également que les personnels concernés puissent faire valoir leurs activités passées pour l’évolution de leurs carrières. Mais Marc Bablet rappelle à ce sujet que l’attribution de points pour l’avancement a été retoquée par le Conseil d’Etat.
La directrice générale fait remarquer que les missions des référents décrites par Marc Douaire recouvraient plutôt celles des préfets des études. Elle est très attentive aux arguments développés mais souligne que nous touchons là un problème beaucoup plus général qui est celui du rôle de l’Etat et de la décentralisation, entre pilotage national et autonomie.

Florence Robine fait un bilan de l’éducation prioritaire
Florence Robine précise ensuite que le 12 janvier 2016, lors d’une réunion de tous les recteurs, Dasen et secrétaires généraux, elle a dressé un bilan de l’état actuel de l’éducation prioritaire et fait le point sur ses différents dispositifs :
- La scolarisation des moins de trois ans a des résultats relativement satisfaisants : des sommes importantes ont été investies dans ce dispositif mais on atteint maintenant un taux de 22,5% de scolarisation pour cette catégorie d’âge.
- Il ne faut pas "faiblir" sur la formation des acteurs de l’éducation prioritaire, malgré la concurrence de plusieurs autres programmes de formation : réforme du collège, numérique, programmes de l’élémentaire, accompagnement continu en 6ème…
- La délivrance de lettres de mission en éducation prioritaire doit être respectée.
- La question des professeurs référents est complexe ; cette fonction n’existait que dans les anciens RAR. Dans l’académie de Créteil, qu’elle dirigeait, les situations sur ce point étaient très diverses. Par ailleurs, il y avait surabondance de personnels ayant des missions spécifiques avec des statuts différents.
- Le travail de rationalisation de la carte de l’éducation prioritaire a permis une véritable réflexion, notamment sur la liaison école-collège.
- La place des parents est une question essentielle et plusieurs dispositifs, anciens ou plus récents, ont été mis en place : mallette des parents, ouvrir l’école aux parents, alliance éducative, création d’espaces parents…
- Les internats de la réussite sont en développement, principalement en collège, grâce aux crédits des « investissements d’avenir ». Mais la situation reste encore « balbutiante » et hétérogène.
- Enfin la ministre a lancé très récemment le programme des « parcours d’excellence » pour les élèves de REP+ volontaires, qui vise à prolonger les cordées de la réussite pour faciliter l’accès au supérieur et aux grandes écoles.

Formation et recherche : le rôle des ESPE et des universités
Marc Douaire s’interroge sur le niveau d’intérêt des ESPE et des présidents d’université pour l’éducation prioritaire. Florence Robine considère que la situation est très variable selon les académies. Les directeurs des ESPE, dont elle connaît bien les problèmes, ont des difficultés dans leurs relations avec les universités et avec les rectorats. Certains directeurs ont compris que la formation des enseignants était pour eux le moyen d’assurer leur survie mais d’autres lui font valoir que l’essentiel pour eux est que leurs étudiants réussissent leur concours.
Une des approches possibles selon Florence Robine serait de modifier le contenu des concours.

Sur la recherche, Florence Robine estime que les universités aussi doivent faire un effort pour s’adapter aux demandes des enseignants. Elle rappelle que la DGESCO a cofinancé des recherches comme celles de Roland Goigoux sur la lecture.
Sa mission à la DGESCO inclut aussi la gestion des formations et pas seulement en éducation prioritaire. Elle réfléchit à l’hypothèse d’une formation des enseignants réellement certifiée, allant éventuellement jusqu’à la mastérisation. (Interrogée ultérieurement par ToutEduc, la directrice générale de l’enseignement scolaire précise qu’elle aimerait voir des parcours de formation continue davantage cohérents, notamment pour les enseignants qui n’ont pas un M2, NDLR).

Des assises de l’éducation prioritaire ?
Marc Douaire réitère cette proposition déjà faite après de responsables nationaux. Des assises de l’éducation prioritaire sur le modèle de celles de Rouen en 1997 permettraient de conforter le dispositif auprès des médias et du public et de lancer un message fort aux acteurs.
Nos interlocuteurs soulignent l’énorme difficulté de réunir au moins 6 responsables par réseau, soit un total de près de 2 000 personnes.
Florence Robine promet d’y réfléchir, peut-être sous une autre forme.

Compte rendu rédigé par Jean-Paul Tauvel, membre du bureau

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